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Silvio Berlusconi démissionne

jeudi 21 avril 2005, par nassim

Désavoué par les électeurs, sous la pression de ses alliés centristes, Silvio Berlusconi a remis hier soir sa démission au chef de l’Etat, Carlo Azeglio Ciampi.

Après une brève allocution devant les sénateurs et une dernière réunion du Conseil des ministres, le chef du gouvernement est monté au Quirinal pour signer l’acte de décès de son cabinet. Quatre ans après son triomphe aux élections de 2001, le Cavaliere a ainsi été contraint de renoncer à son aspiration d’être le premier président du Conseil dans l’histoire de l’Italie à rester en place, sans changer d’équipe ministérielle, jusqu’à la fin de la législature.

Au-delà, la crise politique en cours scelle la faillite de l’expérience gouvernementale de Silvio Berlusconi. Depuis 2001, la coalition de la Maison des libertés n’a cessé d’encaisser les défaites électorales. Début avril, la droite a ainsi perdu six des huit conseils régionaux qu’elle détenait. En cinq ans, Forza Italia est tombé de 25 % à 18 % des suffrages, et la gauche, malgré ses divisions et son terne leader, Romano Prodi, est désormais majoritaire dans le pays. L’extraterrestre de la politique, celui qui se proposait, il y a quatre ans, d’être « l’entrepreneur de l’Italie » est au bord du dépôt de bilan. Chaque jour amène son lot de défections dans son camp.

Revers électoraux. Fort de son statut d’homme le plus riche du pays et de magnat de la communication, Berlusconi apparaissait jusqu’à présent comme le seul en mesure de rassembler une coalition hétérogène, allant de la Ligue du Nord à l’UDC (Union des démocrates chrétiens et du centre) et aux postfascistes d’Alliance nationale, et de la porter au pouvoir. Mais la succession de revers électoraux a avivé les tensions au sein de la majorité.

Pour les centristes, la déroute des régionales a résonné comme un ultime signal d’alarme et certains d’entre eux estiment qu’il faut désormais préparer l’après-Berlusconi. Et ce alors que les jeunes, les femmes et les électeurs urbains, qui avaient voulu croire au miracle économique et aux promesses de modernisation du pays, préférant fermer les yeux sur le conflit d’intérêts du Cavaliere et ses ennuis judiciaires, ont tourné le dos au leader de Forza Italia. L’an passé, la prospérité promise s’est traduite par un maigre taux de croissance de 1 %, le plus faible de l’UE. Même le patronat, qui en 2001 lui avait donné un blanc-seing, ne se satisfait plus de l’optimisme forcé du Premier ministre et du « choc du 11 septembre » comme explication au marasme économique actuel.

Majorité. Il y a quelques jours, le nouveau président du patronat, Luca Cordero di Montezemolo, a frappé du poing sur la table : « Il faut un gouvernement qui gouverne. Dans le cas contraire, il vaut mieux des élections » anticipées. En principe, Carlo Azeglio Ciampi devrait charger dans les prochains jours Berlusconi de former le nouveau cabinet vu qu’il dispose encore de la majorité au Parlement. L’UDC, dont les quatre ministres ont démissionné vendredi, s’est engagée à ne pas passer dans les rangs de l’opposition. « Je suis sûr que nous écrirons encore beaucoup de pages ensemble », a lancé hier Berlusconi à l’adresse de ses alliés. Le patron de Forza Italia espère être de nouveau en selle « d’ici à la fin de la semaine » avec un pacte de gouvernement rénové. Mais le Cavaliere n’est pas à l’abri d’une embuscade mortelle au Parlement.

Par Eric JOZSEF, liberation.fr