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Shimon Pérès : « Nous devons aider Mahmoud Abbas »

mardi 19 avril 2005, par Stanislas

En visite à Paris, l’ex-chef de file des travaillistes s’est, hier, entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier. Ce dernier a une nouvelle fois proposé la tenue, « avant la fin de l’année », d’une conférence internationale sur la question israélo-palestinienne.

Après l’élection de Mahmoud Abbas à la présidence palestinienne,

Shimon Pérès.

vous avez parlé d’une nouvelle occasion de faire la paix avec les Palestiniens. Est-elle déjà gâchée ?

SHIMON PÉRÈS. - L’occasion existe toujours. Mahmoud Abbas fait du bon travail, mais il n’a pas vaincu la terreur. Il met l’avenir en danger, en refusant de désarmer les militants. Un Etat ne peut pas avoir plus de deux armées. L’horizon politique, c’est la feuille de route. Mais avant de commencer à l’appliquer pleinement, on doit régler le problème de la terreur.

L’administration Bush juge qu’Israël doit davantage aider Mahmoud Abbas. Que pouvez-vous faire ?

Je crois que nous devons aider Mahmoud Abbas davantage et nous allons le faire. Nous devons améliorer le passage aux barrages routiers pour que les personnes et les biens puissent circuler plus rapidement et plus librement. Nous allons investir 140 millions de dollars pour moderniser les barrages. Nous devons transférer le contrôle des cinq villes de Cisjordanie, comme nous l’avions annoncé lors de la conférence de Charm el-Cheikh, puis ouvrir les routes. Enfin, nous devons fournir des emplois et faire en sorte que l’infrastructure économique aux mains des colons dans la bande de Gaza soit remise, intacte, aux Palestiniens.

Le temps presse pour Mahmoud Abbas. Les élections législatives sont programmées le 17 juillet et chaque jour sans résultat, le Hamas progresse...

Si le Hamas gagne ce sera la fin du processus de paix. Le Hamas aura le pouvoir de neutraliser le gouvernement. Alors que le Fatah (NDLR : le parti d’Abbas) recherche une solution politique au conflit, le Hamas recherche une solution religieuse. Tous ceux qui sont intéressés à la paix doivent aider Abbas. Tant que le Hamas portera des armes, il sera hors de question pour nous de négocier avec lui.

Le premier ministre Ariel Sharon a expliqué à son parti, le Likoud, que le retrait de Gaza n’était qu’un moyen de renforcer la mainmise sur les implantations israéliennes en Cisjordanie. Etes-vous d’accord avec lui ?

La politique du gouvernement consiste à ne pas construire de nouvelles colonies. Il faudra néanmoins conserver la possibilité de procéder à des échanges territoriaux (en cas d’accord avec les Palestiniens) afin de pouvoir conserver en Israël les blocs de colonies les plus importants. Et ce, par la négociation. Il existe aussi un phénomène de croissance naturelle de la population, qui entraîne l’expansion de certaines colonies. Le premier ministre s’est engagé à démanteler les colonies illégales et il respectera cet engagement.

Par Patrick Saint-Paul, lefigaro.fr