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L’Irak toujours en panne de gouvernement

samedi 23 avril 2005, par nassim

Malgré la détérioration de la situation en Irak, les tractations pour la formation d’un gouvernement stagnent.

Assassinats, attentats, enlèvements... la situation sécuritaire a beau être mauvaise en Irak, le nouveau gouvernement est toujours introuvable. Il ne manque d’ailleurs pas de hauts responsables pour le déplorer. « Plus le processus traîne en longueur, plus nous verrons d’instabilité et d’attaques terroristes. Le pays est inquiet », déclarait, il y a plusieurs jours, Hoshyar Zebari, ministre (kurde) sortant des Affaires étrangères qui participe aux négociations sur la composition du prochain cabinet. Le même jour, un influent député chiite, Houmam Hamoudi, jugeait « nécessaire de résoudre cette question (du gouvernement), parce que la situation de la sécurité et de l’économie, qui se détériorent, ne le supporte pas ».

Annoncée pour jeudi par le nouveau président irakien, Jalal Talabani, sa formation n’était toujours pas intervenue vendredi. Le 7 avril, le Conseil présidentiel, la plus haute autorité de l’Etat, avait nommé Ibrahim al-Jaafari, un chiite, Premier ministre ; on indiquait alors la composition du gouvernement comme quasiment arrêtée. Depuis, les tractations n’ont pas abouti. Elles buttent notamment sur l’attribution des trois grands ministères : Défense, Intérieur et Pétrole. Le premier est convoité par les sunnites comme condition de leur participation, mais les chiites de l’Alliance unifiée irakienne (AUI) rechignent à le leur laisser. Au Parlement, l’AUI compte 146 sièges sur 275 alors qu’il n’y a que 16 députés sunnites éparpillés sur plusieurs listes. Le ministère de l’Intérieur devrait aussi revenir à un responsable chiite, comme celui du Pétrole, que les Kurdes convoitaient et auquel ils ont fini par renoncer.

Un autre problème est posé par la liste « laïque » d’Iyad Allaoui, arrivée en troisième position aux élections du 30 janvier. Les chiites hésitent à l’intégrer au gouvernement, reprochant au Premier ministre sortant d’avoir trop recruté dans les rangs baasistes de l’ancien régime. « Les Kurdes, eux, sont plutôt favorables à la fois à avoir un gouvernement d’union nationale et à mieux contrôler les gens d’Allaoui. De même, ils souhaitent voir les sunnites entrer au gouvernement, n’étant pas favorable à un tête-à-tête avec les seuls chiites », souligne Kendal Nezan, président de l’Institut kurde de Paris.

Le ministère de la Défense pourrait dès lors revenir à un sunnite faisant partie de la formation d’Allaoui. De surcroît, le marchandage entre communautés se double d’un autre marchandage, celui-là au sein de la liste unifiée chiite, d’une composition très hétéroclite. « Al-Jaffari a bien du mal à gérer les contradictions de sa liste », ajoute Kendal Nezan. Las d’attendre le nouveau gouvernement, les Kurdes, eux, réuniront en grande pompe, le 30 avril, leur Parlement autonome dont le président sera Massoud Barzani du Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Cette fois, plus de problèmes entre les deux principales formations kurdes longtemps rivales.

Par Jean-Pierre PERRIN, liberation.fr