Accueil > INTERNATIONAL > L’Europe a besoin d’une France qui sait dire non

L’Europe a besoin d’une France qui sait dire non

vendredi 8 avril 2005, par nassim

La France est sous la pression. Droite et direction du PS ont, au coude-à-coude, décidé de lui faire dire « oui » à la constitution européenne de Valéry Giscard d’Estaing.

« D’accord, entend-t-on du côté de la direction du Parti socialiste, ce projet est inspiré par le libéralisme, mais c’est quand même une bonne chose et on ne saurait s’y opposer. » « La France a besoin de l’Europe », clame l’UMP qui n’a pas besoin d’en rajouter. « Celles et ceux qui diront "non" voteront contre la France et l’Europe », menace Ségolène Royal sur Europe 1.

Mais pourquoi faudrait-il accepter, comme une évidence incontournable, l’idée que la construction européenne doit nécessairement passer par ce projet rongé par des règles qui ont surtout montré leurs capacités à aggraver tous les problèmes ?

L’histoire est remplie d’exemples où la France a su dire « non » et résister à ce genre de pressions, avec raison, pour le bien de tous.

Aujourd’hui, le projet de constitution apportera-t-il des réponses positives à celles et ceux qui sont ces jours-ci dans la rue contre les effets désastreux de la politique libérale ? Est-il une avancée dans la

coopération, la solidarité souhaitée entre les peuples ? Ce sont là, à mon avis, les vraies questions !

Or, comment ce projet pourrait-il apaiser ces inquiétudes ?

La voie dans laquelle il nous enfonce ne nous est pas inconnue. C’est précisément celle que nous expérimentons depuis la mise en oeuvre du traité de Maastricht. C’est celle de la justification des licenciements boursiers massifs, de la casse du Code du travail, la destruction de la France sociale ; celle des délocalisations sauvages et des reculs salariaux ; celle de la mise en concurrence déloyale des travailleurs européens.

Cette politique-là n’a rien à voir avec une avancée sociale et une coopération des peuples dans une Europe forte, prospère et indépendante.

Le projet de constitution de Valérie Giscard d’Estaing n’est ni plus ni moins que le dispositif politique qui légalisera cette politique et qui fonde toute sa cohérence sur le tout-profit et la compétitivité financière.

Alors oui il faut dire « non » à ce projet et combattre ses règles car il n’y a aucune chance dans cette direction pour que les peuples, et d’abord notre peuple, en tirent bénéfice.

L’expérience est là. Le libéralisme, qui prétend se poser en société d’avenir, tire en arrière toute notre société et handicape de façon durable la construction d’une Europe sociale et solidaire.

Celles et ceux qui se sont lancés dans une véritable

compétition à qui sera le meilleur pour faire voter « oui et on verra ensuite », portent une lourde responsabilité pour l’avenir.

De tels enjeux ne peuvent pas être posés, ni en jouant la dramatisation en regard d’objectifs politiciens pour des élections à venir, ni en les réduisant à des questions partisanes.

Est-ce que pour construire l’Europe sociale et préparer une alternative à gauche en France, il ne faudrait pas commencer par dire « non » à toutes ces formes de domination de l’ultralibéralisme érigées en loi dans le projet de constitution, et réfléchir à d’autres idées pour faire autrement ?

Par Lucien Bossu, humanite.presse.fr