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L’Amérique conspuée à Bagdad

samedi 9 avril 2005, par nassim

A l’occasion du deuxième anniversaire de la chute du régime de Saddam Hussein, des dizaines de milliers de manifestants ont conspué aujourd’hui l’Amérique à Bagdad, alors que 27 Irakiens, dont 15 soldats, ont été tués dans des attaques rebelles.

La foule s’est rassemblée place Ferdous, où le 9 avril 2003 des Irakiens aidés par des soldats américains, ont jeté à terre une statue de l’ancien dictateur, signifiant la fin de son emprise sur l’Irak.

La manifestation, à

L’Amérique conspuée à Bagdad

l’appel du chef radical chiite Moqtada Sadr, a réuni également des sunnites, qui ont vu leur influence décliner en Irak, avec la chute de l’ancien régime et le triomphe électoral des chiites majoritaires. Pendant la manifestation, la plus importante jamais organisée à Bagdad en deux ans, la foule a scandé : « Non, non à l’Amérique, non, non à l’occupation ». Pour éviter tout débordement, la police a bloqué les principales rues du centre de Bagdad et fermé deux des ponts sur le Tigre.

Des manifestants ont déployé des portraits du président américain George W. Bush et du Premier ministre britannique Tony Blair avec les dents ensanglantées et les mots : « Terroristes internationaux ».

« Notre unité fait taire ceux qui répètent que la fin de l’occupation conduira à la guerre civile », a dit Moqtada Sadr, dans son discours lu par l’un de ses adjoints Nasser al-Saaidi.

Il faisait allusion à l’appel lancé vendredi par des imams radicaux sunnites à participer à cette marche et à la présence de certains d’entre eux.

« Dieu, brise-leur la nuque comme ils brisent les nôtres et nous terrorisent », a-t-il ajouté, affirmant qu’« il n’y aura ni paix, ni sécurité en Irak avant la fin de l’occupation ».

Moqtada Sadr a vivement interpellé le président Bush : « Vous avez dit que l’Amérique est devenue plus sûre (...) Peut-être (...) mais le reste du monde est devenu plus dangereux », a-t-il dit.

« Pourquoi prenez-vous les armes de la résistance et laissez Israël garder son arsenal nucléaire ? » a lancé le chef radical, poursuivant : « Pourquoi les Etats-unis veulent-ils contraindre la Syrie à quitter le Liban frère, alors que l’agresseur américain reste en Irak ».

Un autre de ses adjoints, Moayad al-Khazraji, a énoncé plusieurs demandes de son mouvement dont, en premier lieu, « l’ouverture d’un procès transparent contre Saddam Hussein ».

« Nous voulons le retrait des forces d’occupation et ne plus entendre comme prétexte que nos forces de sécurité ne sont pas prêtes », a-t-il déclaré dans une critique directe au nouvel exécutif irakien.

« Nous souhaitons que le gouvernement libère immédiatement tous les prisonniers », a insisté le cheikh, en référence aux 6.504 détenus dont seulement 2.573 ont été jugés.

Il a aussi réclamé que « la résistance ne soit pas mise à l’écart du processus politique et qu’on différencie la résistance du terrorisme » et la foule a accueilli chaque requête en scandant : « Nous le voulons ».

ARamadi, capitale de la province sunnite rebelle d’Al-Anbar, à 100 km à l’ouest de Bagdad, des centaines d’étudiants ont également manifesté à l’appel de leurs religieux, demandant de « mettre fin à l’occupation et de chasser les forces étrangères ».

La violence, attribuée à la rébellion sunnite, a connu un regain en ce jour anniversaire, faisant 27 tués en quelques heures.

Vingt-cinq Irakiens, dont quinze soldats, sont morts dans une série d’attaques dans la zone rebelle du sud de Bagdad, appelée « triangle » de la mort, selon des sources de sécurité.

AMossoul, grande ville du nord de l’Irak, Un civil et un policier ont été tués et quatorze autres personnes, dont onze policiers, blessées dans un attentat suicide.

Source : lefigaro.fr