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Ces soldats américains qui dénoncent la torture en Irak

samedi 22 mai 2004, par Hassiba

« Je suis un soldat. Je pense que si j’étais prisonnier, je voudrais un traitement honorable », a déclaré Samuel Provance du 302e bataillon des renseignements militaires. Ce jeune soldat américain, assigné aux services informatiques de la prison d’Abou Ghraïb, a choisi de parler parce qu’il pense que les renseignements militaires tentent d’étouffer le scandale.

« Je sais que ce sont les renseignements militaires qui étaient responsables de l’opération » et que « la seule responsabilité de la police militaire était de garder les prisonniers. » Selon lui, les sévices et autres humiliations infligés aux détenus irakiens « n’étaient pas discutés parce que cela était considéré comme normal.
Personne n’en parlait vraiment. Il s’agissait de l’ennemi, pourquoi avoir de la compassion pour lui ? ».

Samuel Provance, qui a été convoqué hier au sujet de ses précédentes déclarations, a donc décidé de collaborer avec les enquêteurs afin que toute la lumière soit faite. Second militaire à témoigner, le soldat Jason Kenner qui a raconté au Los Angeles Times que le détenu irakien décédé, devant qui posait la soldate Sabrina Harman, était arrivé « en bonne santé à la prison » et qu’il est mort des suites des sévices qui lui ont été infligées.

Avant eux, il y a eu Joseph Darby, de la 372e compagnie de la police militaire. C’est lui qui, le 13 janvier dernier, a fait éclater le scandale de la prison d’Abou Ghraïb. L’un des tortionnaires lui avait confié un CD-ROM que Joseph Darby a visionné sur son propre ordinateur. Horrifié par les images de militaires américains posant devant des détenus irakiens nus, il a alors décidé d’alerter ses supérieurs non sans transmettre une copie aux médias américains. Sa mère, à qui il s’était confiée avant de passer à l’acte, s’en était inquiétée et avait demandé que son fils soit rapatrié aux Etats-Unis, par crainte de représailles de la part d’autres soldats.

Témoin à charge, même s’il n’a pas été appelé à témoigner lors du procès du soldat Jeremy Sivits, condamné à un an de prison ferme, Joseph Darby a finalement été mis à l’abri. Il n’est plus en poste à Abou Ghraïb. D’autres militaires, rentrés depuis aux Etats-Unis, ont confirmé à la presse américaine qu’il y a bien eu sévices et tortures. Eux également sont prêts à témoigner. Ces militaires, partis « libérer » l’Irak de la dictature de Saddam, se sont rendu compte finalement qu’ils ont été « blousés » par la propagande de l’Administration Bush.

Par Hassane Zerrouky, Le Matin