Accueil > INTERNATIONAL > Amnesty International accuse Ariel Sharon de crimes de guerre

Amnesty International accuse Ariel Sharon de crimes de guerre

mercredi 19 mai 2004, par Hassiba

Amnesty International appelle Ariel Sharon à stopper sa politique de démolition de maisons palestiniennes à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza.

« Dans les territoires occupés, les démolitions sont souvent menées comme une punition collective suite à des attaques palestiniennes ou pour faciliter l’expansion de colonies illégales », écrit Amnesty International dans un rapport rendu public hier.

« Ces pratiques sont contraires au droit international, et certains de ces actes sont des crimes de guerre », affirme l’organisation non gouvernementale. « Les évictions et les démolitions de maisons sont généralement menées sans qu’il soit donné de temps ou très peu de temps aux familles de quitter leur maison et sauver leurs biens », indique le rapport.

Selon l’organisation non gouvernementale, plus de 3 000 maisons ont été démolies par l’armée israélienne depuis le début de l’Intifadha, en septembre 2000. Cet appel risque de rester sans écho. L’armée israélienne, qui vient de recevoir le feu vert de la Cour suprême, annonce qu’elle s’apprête à détruire des centaines d’autres dans la bande de Ghaza. Comme argument, elle avance que celles-ci sont « vides » et doivent être démolies pour empêcher qu’elles ne servent d’abris à des tireurs palestiniens. Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Moshe Yaalon, laisse entendre que l’opération
« durera le temps qu’il faudra ». Amnesty ne dénonce pas seulement les destructions de maisons. Elle coince aussi Israël sur la situation des droits humains en Israël et dans les territoires occupés. Depuis 2000, écrit l’organisation internationale, la violence et les atteintes aux droits humains ont atteint un niveau sans précédent. L’armée israélienne a tué plus de 2 500 Palestiniens, dont quelque 450 enfants, procédé à la destruction massive d’habitations, de terres et d’autres biens palestiniens, et imposé des restrictions de plus en plus sévères à la liberté de mouvement des Palestiniens dans les territoires occupés.

Arafat en appelle au monde

L’armée israélienne continue à Rafah, dans le sud de Ghaza, son opération « Arc-en-ciel », qualifiée par les palestiniens comme « une guerre d’extermination ». 19 Palestiniens, en majorité des membres de Hamas, du Djihad islamique ou des Brigades des martyrs d’Al Aqsa ont été tués. Depuis la mort mercredi dernier de 5 soldats israéliens, au moins 29 Palestiniens ont été tués, des dizaines de maisons détruites et plus d’un millier de personnes, selon l’ONU, sont sans abri. Nabil Abou Roudeïna, principal conseiller du dirigeant palestinien Yasser Arafat, dénonce cette opération israélienne et appelle la communauté internationale à « intervenir d’urgence pour y mettre fin ». « Ce qu’Israël est en train de faire à Rafah est une guerre d’extermination et une catastrophe humanitaire », dit-il. Il appelle la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l’ONU « à intervenir d’urgence pour mettre fin aux massacres et aux destructions auxquels se livre Israël ». Le ministre palestinien chargé des négociations, Saeb Erakat, exhorte, quant à lui, l’administration américaine et le quartet à amener Israël à mettre fin à ces destructions que le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, qualifie d’« inacceptables ». Sharon restera-t-il sourd à tous les appels ? Comme pour ne pas changer, les pays arabes annoncent qu’ils ont présenté au Conseil de sécurité de l’Onu un projet de résolution demandant une « protection internationale » aux Palestiniens.

George W. Bush, qui est éclaboussé par les images de prisonniers irakiens, juge, c’est une première, « inquiétant » le regain de la violence dans la bande de Ghaza. Il appelle israéliens et palestiniens à renoncer à la violence et à dénoncer le terrorisme. Tout en rappelant la détermination des Etats-Unis à « aider les Palestiniens à créer leur propre Etat », le président américain justifie la « politique » répressive d’Ariel Sharon. A en croire Bush, Israël, qui « est une démocratie et un ami qui a tous les droits de se défendre contre le terrorisme », souffrirait d’un manque de « partenaire fiable ». Les « palestiniens méritent des dirigeants démocrates », dit-il, sans prendre le soin, cette fois, d’être plus « prolixe » sur les réformes politiques et institutionnelles qu’il attend d’eux. Le roi Abdallah II de Jordanie l’explique dans une interview au New York Times. Le souverain hachémite appelle Yasser Arafat à « se regarder dans une glace » et à envisager de se retirer dans l’intérêt de son peuple.

Djamel Boukrine, Le Matin