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Algérie-France : traité d’amitié en question

lundi 9 janvier 2006, par Rédaction

Le traité d’amitié entre l’Algérie et la France étant encore à l’état de projet, semble subir le poids du passé algérien de l’Hexagone.

Jacques Chirac invite Abdelaziz Bouteflika pour reprendre les discussions en vue de relancer le projet de traité d’amitié entre l’Algérie et la France.

Lors de la cérémonie traditionnelle de voeux à la presse, Jacques Chirac -qui avait, quelques semaines auparavant, réuni d’une manière exceptionnelle les responsables des médias français pour les inviter à une meilleure représentation de la diversité française -est revenu sur le texte de la décriée loi du 23 février 2005 pour relever qu’« il divise les Français et doit être réécrit ».

L’absence remarquable, à tous égards, de Nicolas Sarkozy de la controverse sur cette loi qui aura finalement occupé l’espace politico-médiatique depuis son adoption est rien moins que fortuite, tout comme d’ailleurs, sur un autre registre, l’endossement de la loi par le gouvernement français qui avait publiquement récusé l’amendement socialiste ou la promulgation du texte par un président français en principe attaché à mettre en place les éléments pertinents d’une refondation des rapports avec l’Algérie. La thèse récurrente d’élus français soucieux de complaire à un élément de « rapatriés », pour être aussi l’une des dimensions du débat n’en épuise pas nécessairement le poids des non-dits et des enjeux.

Dans la longue histoire impériale française, il existe une double exception algérienne qui tient, au-delà de la proximité géographique, d’une part, à la durable implantation d’une importante colonie de peuplement et, d’autre part, au fait que la rupture du lien colonial a été accomplie au prix d’une insoutenable violence encore largement occultée dans l’espace public français. C’est un des plus importants personnages de l’Etat français qui faisait le constat, en marge des manifestations de l’Année de l’Algérie en France, qu’au moins dix millions de Français -toutes origines confondues- avaient un lien significatif avec l’Algérie et est-ce bien dans le traitement de ce qui confère à un « syndrome algérien » qu’il convient de replacer les différentes initiatives françaises de ces dernières années et dont la loi de février 2005 apparaît moins comme un lapsus que comme un achèvement.

De la loi d’amnistie des actes liés à la « guerre d’Algérie » à la reconnaissance légale de cette guerre par le Parlement français -dont l’objectif était plus de rendre justice à d’anciens combattants non reconnus qu’à la mémoire algérienne- en passant par la loi de décembre 1982 réintégrant dans la carrière les anciens officiers supérieurs impliqués dans des crimes d’Etat et jusqu’aux plus récentes initiatives portant institution d’un « mémorial des soldats d’Afrique du Nord » ou faisant du 21 septembre une journée officielle consacrée aux souvenir des harkis, force est de relever qu’au mieux l’intention demeure d’oeuvrer à un apaisement franco-français dont le prix paraît encore être assez explicitement le refus d’assumer les choix et les conséquences de la colonisation. La ridicule condamnation du général tortionnaire français -protégé comme tous les bourreaux français par la loi française- revendiquant sa responsabilité dans des actes condamnés et poursuivis par ailleurs comme imprescriptibles, illustre à l’envie la profondeur des blocages français vis-à-vis de son passé algérien.

Synthèse de Mourad
D’après la Tribune