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Aidan White : “On a utilisé des journalistes pour régler des conflits”

jeudi 2 septembre 2004, par Hassiba

Liberté : Comment avez-vous réagi à la prise en otages en Irak des deux journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot ?

Aidan White : Nous avons appelé à un large mouvement de solidarité à travers le monde pour protester contre cette outrageuse atteinte. Par ailleurs, nous avons fait des déclarations, conjointement avec la Fédération des journalistes arabes, dans lesquelles nous avons condamné cet enlèvement ainsi que le terrorisme politique qu’il induit.

Comment réagissez-vous aux risques qu’encourent les journalistes dans leurs couvertures des évènements en période de guerre ?

Les menaces posées par cet incident sont énormes. Premièrement, il apparaît que c’est une tentative d’utiliser la vie des journalistes pour régler des différends d’ordre politique. Cela n’a rien à voir avec la guerre en Irak. Cela représente une menace pour tous les journalistes, où qu’ils soient. N’importe quel groupe qui pense qu’il peut se faire de la publicité pour sa cause, quelques futiles ou inadmissibles que puissent être ses revendications, pourrait menacer la vie des journalistes pour avoir son nom en première page. Cela pose une grande menace à la démocratie et à la vie de tous les journalistes et médias qui sont sur le terrain.

Comment pensez-vous que les journalistes devraient couvrir les conflits dans le monde ?

Les journalistes se doivent de couvrir les conflits. Ils ne peuvent pas ignorer l’Histoire. Cependant, des incidents comme ceux-ci devraient les pousser à faire attention. Ils doivent être préparés pour ce genre d’attaques et ont besoin de plus de protection. Nous sommes en train de mener des discussions avec les Nations unies ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge sur la façon de leur procurer plus de sécurité.

Existe-t-il, selon vous, de nouveaux mécanismes de protection des journalistes couvrant les conflits dans le monde ?

Nous sommes en train de réfléchir à de nouvelles dispositions pour protéger les journalistes. Peut-être aurions-nous besoin de changer les lois internationales ; peut-être aurions-nous besoin d’un nouveau corps international destiné spécialement à prévenir les attaques contre les médias. Dans deux semaines, nous allons tenir une conférence à Genève au cours de laquelle il sera justement question de trouver des solutions à ces problèmes.

Existe-t-il, selon vous, une perception erronée dans l’esprit de certains de ce qu’est réellement un journaliste ?

Je pense que le public comprend que le journaliste se doit d’être impartial pour être crédible. Mais, en même temps, les gens savent que les journalistes subissent une pression terrible, parfois politique et parfois, comme c’est le cas dans cette affaire, de la part de violents combattants.
Quand cela vient à arriver, les journalistes sont comme n’importe quels autres civils ; comme des gens ordinaires pris au milieu d’un conflit dont ils ne sont pas responsables. Quand un journaliste a la possibilité de travailler librement, en conformité avec les grands standards de notre profession, l’humanité sera bien servie. En revanche, quand des journalistes sont humiliés, torturés ou menacés comme cela arrive aujourd’hui à nos collègues en Irak, à ce moment-là, nous souffrons tous et l’humanité elle-même est violée.

Par Nadia Mellal, liberte-algerie.com