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Yasser Arafat au bout de son combat

samedi 6 novembre 2004, par nassim

La journée d’hier a été marquée par des annonces contradictoires autour du décès de Yasser Arafat.

Déjà mort ou mourant ? Le suspense sur l’état de santé du leader palestinien Yasser Arafat, 75 ans, continuait hier soir, alors que des dizaines de sympathisants et d’élus affluaient devant l’hôpital militaire Percy de Clamart (Hauts-de-Seine). En fin de soirée, des médecins français l’ont déclaré en état de mort cérébrale, ajoutant qu’il était maintenu en vie grâce à des machines, un processus qui peut durer « des jours, voire des semaines ».

Il reviendra à la famille, comme toujours en pareil cas de coma irréversible, ainsi qu’aux dirigeants politiques palestiniens, de prendre la décision de débrancher ces appareils. Dans les milieux proches d’Arafat à Paris, on estimait qu’il pourrait s’agir « d’heures et non de jours ». La question du transfert du corps est une des raisons qui retarde ce processus. Selon les règles de l’islam, l’enterrement doit avoir lieu le plus vite possible après l’annonce de la mort. Alors que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, s’oppose publiquement à son retour à Jérusalem, des tractations, dans lesquelles la France ne joue aucun rôle, sont en cours (voir ci-dessous). Les dirigeants palestiniens tentent de convaincre Israël qu’un refus de recevoir sa dépouille mortelle pourrait être plus dommageable que bénéfique à l’Etat hébreu. Si les Israéliens devaient s’entêter dans leur refus, on ne peut pas exclure que Yasser Arafat soit transporté pour mourir en Palestine dans cet état de coma irréversible mais toujours respirant, les Palestiniens jouant alors sur l’engagement qu’avait pris Israël lors de son départ en France à le laisser revenir.

Les rumeurs contradictoires sur l’état de santé du vieux raïs, hospitalisé depuis vendredi dernier à l’hôpital militaire Percy à Clamart, ont circulé toute la journée d’hier, de Paris à Jérusalem, via Bruxelles et même Washington où, à peine réélu, George W. Bush, a souhaité « paix à son âme » à la nouvelle du trépas d’Arafat. Hier matin déjà, les nouvelles de la dégradation de l’état d’Arafat laissaient entrevoir le pire. Admis dans un service de soins intensifs, le président palestinien se trouvait « au plus mal », affirmaient dès le matin des sources médicales françaises.

Yasser Arafat se plaignait depuis trois semaines de douleurs à l’estomac, de diarrhées et de vomissements. Il était traité pour une « anomalie sanguine » qui se manifeste par une destruction des globules blancs. Un premier bulletin de santé diffusé mardi par le ministère français de la Défense avait exclu le diagnostic de leucémie. La rumeur d’un empoisonnement, que rien ne corrobore pourtant, a alors couru dans les milieux palestiniens.

Les événements se sont précipités après qu’on eut appris qu’un électroencéphalogramme, signe médical d’extrême gravité, avait été pratiqué sur lui et que, pour la première fois, des représentants palestiniens admettaient qu’il était dans un « état critique ».

A 16 h 25, la deuxième chaîne de télévision israélienne et la radio militaire israélienne annonçaient la mort d’Arafat. A 16 h 40, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, déclarait en arrivant au sommet européen de Bruxelles que Yasser Arafat était « mort il y a quinze minutes ». Une heure plus tard, il retirait cette déclaration. Entre-temps, il avait rencontré le président Jacques Chirac, qui s’était rendu deux heures plus tôt au chevet du président palestinien, et l’aurait vu vivant,et même lui souriant, selon un collaborateur d’Arafat. La présidence française s’était contentée, pour sa part, d’annoncer que Jacques Chirac avait effectivement « vu » Yasser Arafat, sans préciser dans quel état.

Par Hélène DESPIC-POPOVIC, www.liberation.fr