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Washington courtise Alger

samedi 15 mai 2004, par Hassiba

“Nos relations bilatérales n’ont jamais été aussi bonnes et nous voulons qu’elles s’améliorent davantage dans l’avenir”, s’est félicité William Burns au cours d’une conférence de presse, tenue à l’aéroport d’Alger, peu avant son départ pour le Maroc.

Dans une déclaration liminaire, l’envoyé de George W. Bush a inscrit son escale algérienne dans un double objectif. Il est venu d’une part “transmettre les chaleureuses félicitations du président Bush” à son homologue algérien à l’occasion de sa réélection et, d’autre part, “apporter l’appui” de l’administration américaine aux réformes politiques et économiques conduites par les autorités algériennes. “Cette élection a constitué un jalon très important et très positif dans la voie vers la démocratie pour le peuple algérien”, a souligné William Burns.

Son appréciation - très élogieuse - du déroulement du scrutin présidentiel d’avril confirme “le verdict” prononcé par la Maison-Blanche, au lendemain de la publication des résultats et ressasse les compliments de son locataire, adressés, lundi dernier, à Bouteflika. Jamais auparavant, les USA n’ont montré un tel enthousiasme. Leur empressement à saluer les résultats de l’opération électorale et leurs congratulations au vainqueur sont inédits dans les annales de leurs relations avec l’Algérie. Plus question de sermons sur la promotion des droits de l’Homme et des libertés. Au cours de sa rencontre avec les journalistes, l’adjoint de Colin Powell n’y a fait aucune allusion. Perçu comme un nouvel allié stratégique, l’Algérie bénéficie désormais de la bienveillance de l’Oncle Sam. Ce n’est plus un mauvais exemple, mais le bon. À plus d’un titre, il constitue un modèle. Sa conformité avec le modèle américain de démocratie “convenable”, réfléchi dans le cadre du projet du Grand Moyen-Orient, sa lutte sans merci contre le terrorisme, son ouverture économique... font de d’elle un partenaire de choix.

Sur la question du terrorisme, le sous-secrétaire d’État américain a loué les “efforts constants” de notre pays dans la lutte contre ce phénomène. Il a exprimé “la reconnaissance des États-Unis à l’Algérie” dans ce domaine. Comme preuve du soutien de Washington au travail mené intra-muros, l’émissaire américain a parlé “d’une coopération élargie au cours de l’année écoulée aux domaines de la formation et de l’instruction militaire”. “Nous allons très certainement envisager d’autres moyens de renforcer cette coopération de sorte qu’elle se fasse pour le plus grand bénéfice des deux pays”, a suggéré Burns.

Pour autant, il s’est abstenu de dire si le concours des États-Unis englobe la vente d’armes à l’Algérie.
Dans le secteur économique, l’hôte de Bouteflika a survolé la question de l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). À ce propos, il a déclaré avoir discuté avec le chef de l’État de “la nature des appuis techniques américains”. Quel est le contenu de cette aide ? Burns ne le dit pas.

Le ballet diplomatique suffit amplement, à ses yeux, pour témoigner de la sollicitude de son pays. Une visite de Bush est-elle inscrite dans cette perspective ? Sur cette question aussi, Monsieur Proche-Orient est resté sans réponse. En revanche, il s’est épanché sur quelques dossiers internationaux qui intéressent Alger et Washington. Le premier est en rapport avec le conflit du Sahara occidental. “Les États-Unis ne cherchent pas à imposer une quelconque solution aux parties. Le président Bush a encouragé les dirigeants algériens et marocains à se mettre d’accord et à travailler de concert avec l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, M. Baker, afin de rechercher une solution politique qui va dans l’intérêt de tous”, a précisé Burns.

Une autre question et non de moindre importance pour Washington était également au menu de son entrevue avec le locataire du Palais d’El-Mouradia. Il s’agit de ce fameux projet du Grand Moyen-Orient (GMO) si cher à Bush. Fatiguée par des alliances encombrantes avec des régimes stigmatisés, tels que l’Égypte et l’Arabie saoudite, la Maison-Blanche veut redessiner la carte politique de la région en s’appuyant sur des gouvernements plus légitimes et qui ne constituent pas des terreaux pour l’intégrisme, une sorte d’entité conforme au desiderata de l’Oncle Sam.
Tentant d’édulcorer les ambitions de son pays, le sous-secrétaire d’État a parlé du “vœu des États-Unis d’appuyer les réformes qui sont lancées par les pays de la région” et non pas de les imposer. En contrepartie, les pays disposés à faire le grand pas peuvent compter sur l’aide de Washington. “Nous pouvons, par exemple, élargir nos relations commerciales avec eux”, a préconisé Burns.

Sur le plan militaire, la coopération au sein de l’Alliance Nord-Atlantique (OTAN) doit déboucher, selon lui, sur des résultats probants. “Il existe des opportunités”, a-t-il soutenu. Ainsi, l’Amérique propose et donne des leçons. Pourtant, en matière de démocratie, elle n’est pas irréprochable. Les sévices infligés par son armée aux détenus irakiens ont levé le voile sur les graves “imperfections” du modèle anglo-saxon. “Nous agissons énergiquement pour punir les responsables. Nous allons entreprendre ce processus de manière ouverte et transparente afin que le monde entier puisse voir comment nous traitons d’une façon tout à fait sérieuse ces sévices, et combien nous sommes déterminés à les combattre”, a promis Burns à Bouteflika.

Par Samia Lokmane, liberte-algerie.com