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Tunisie : les avocats se rebiffent contre Ben Ali

samedi 9 avril 2005, par nassim

Manifestation des avocats en Tunisie pour la libération de l’un des leurs, accusé par le pouvoir de Ben Ali d’« incitation à la rébellion ».

Colère noire chez les robes noires. Le barreau tunisien est sens dessus dessous depuis l’incarcération, le 1er mars, de Me Mohamed Abbou, dernier « martyr » en date des droits de l’homme en Tunisie. Après la presse, les syndicats, les partis, etc., le pouvoir tunisien cherche en effet à mettre définitivement au pas la justice.

Depuis mardi, des avocats tunisiens sont en sit-in permanent à la maison des avocats, face au palais de justice de Tunis, pour obtenir la libération de leur collègue et « défendre la profession, la liberté et la démocratie » en Tunisie. Ils ont décidé cette action après s’être vu refuser le droit de visiter leur confrère emprisonné au Kef, à 170 km de Tunis, où il est soumis à un régime d’isolement total.

Officiellement, Mohamed Abbou est accusé de « violences » à l’encontre d’une avocate qui a porté plainte contre lui et d’« incitation à la rébellion ». En fait, l’interpellation de Me Abbou est intervenue alors que le pouvoir faisait face à de virulentes manifestations de rue provoquées par l’invitation lancée, pour l’automne prochain, par le président Ben Ali au Premier ministre israélien, Ariel Sharon. Abbou, qui s’était déjà fait remarquer en publiant un texte comparant la torture dans les prisons tunisiennes à Abou Ghraib, venait de commettre un nouveau crime de lèse-président en comparant Ben Ali à Sharon dans un texte publié sur l’Internet le 28 février.

La réaction du pouvoir n’a pas tardé. Mohamed Abbou a été « kidnappé » dans la nuit du 1er au 2 mars. Le juge d’instruction, aux ordres, a régularisé a posteriori la procédure. Le 2 mars, des dizaines d’avocats avaient tenté d’assister leur confrère convoqué dans le bureau du juge. Ils avaient été évacués sans ménagement par la police qui avait investi le tribunal. Trois jours plus tard, ils organisaient une première journée de grève nationale.

Par Christophe AYAD, liberation.fr