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Tony Blair élu par Rupert Murdoch

vendredi 22 avril 2005, par Hassiba

A deux semaines des élections législatives, le Labour, le parti de Tony Blair, est confirmé dans sa position de favori du scrutin.

Fumée blanche pour Benoît XVI, mardi, à Rome. Fumée rouge pour Tony III, mercredi, à la une du Sun, à Londres. On a le pape qu’on peut. Le quotidien populiste aux 3,2 millions d’exemplaires vendus chaque jour, possède une manière bien à lui, entre goguenardise et suffisance, d’illustrer sa propre importance dans le jeu politique du Royaume-Uni. Peut-être pas faiseur de pontife. Mais, en désignant, hier, Tony Blair comme le plus apte à gérer le Royaume-Uni durant les cinq prochaines années, le journal à la requête de Rupert Murdoch, son propriétaire australo-américain, se pose en grand électeur de premier ministre. Certes, Tony Blair n’a pas tenu toutes ses promesses faites en 1997 et 2001, relève le quotidien. Mais, son grand mérite est dans l’appui inconditionnel aux Etats Unis dans la guerre contre Saddam Hussein. Un « courage » qui vaut bien la bénédiction élective du Sun au sermonnaire inspiré de l’intervention en Irak et à l’atlantiste résolu.

Tony Blair, qui entretient les meilleures relations avec le Sun et son propriétaire, n’est pas un ingrat. Hier matin, il exprimait publiquement sa « reconnaissance pour le soutien » en provenance de ce quartier de la presse, le premier à s’être prononcé. Pourtant, il n’y avait pas grand mérite à prendre, ainsi, parti. En dépit d’une impopularité liée à l’engagement irakien de Tony Blair, le Labour fait la course en tête. Hier, encore, un sondage pour The Guardian confirmait une avance de six points du Labour sur le parti conservateur, de 39% à 33% des intentions de vote.

L’affaire est entendue, assurent les commentateurs politiques. Pour autant, les Britanniques qui sont appelés aux urnes le 5 mai, ne renoncent pas à se faire entendre dans les réunions publiques. Sur l’Irak, bien entendu, mais aussi sur des sujets strictement domestiques : services publics, retraites, immigration. Avocat de formation, Tony Blair plaide ardemment les vertus de l’action gouvernementale. Le déclin des services publics est endigué. L’avenir des retraites sera assuré. Quant à l’immigration, la situation est aujourd’hui mieux maîtrisée que sous les gouvernements conservateurs, dit-il.

Une débauche d’énergie propulse le premier ministre du nord au sud, de l’est à l’ouest, apportant, là, le soutien à un candidat travailliste exposé, révélant, ici, un aspect du programme gouvernemental à venir. Il enchaîne interviews, poignées de main dans les rues, conférences de presse, entretiens avec des groupes d’électeurs critiques et répond à toutes les critiques avec la conviction de celui qui a la certitude de toujours prendre « la bonne décision » au bon moment.

Ses principaux adversaires, Michael Howard, chef de file des conservateurs et Charles Kennedy leader des démocrates, ne sont pas en reste. Rien d’étonnant si, à mi-parcours, la campagne électorale vibrionne et brasille de mille éclats polémiques. Le spectacle, parfois, n’est pas ragoûtant. Comme dans l’est londonien, cette semaine, où des islamistes ont menacé d’une mort infâme Oona King, candidate du Labour et George Galloway, celui du parti Respect qui briguent le siège de Bethnal Green and Bow.

Toute campagne est fertile en serments. Celle-ci frissonne d’abondance. Pour la seule journée d’hier, Tony Blair a promis de réduire la criminalité de 15% à l’horizon 2008 alors que les statistiques publiées le même jour indiquent une progression de 10% de la violence lors du dernier trimestre 2004. Michael Howard s’est engagé, lui, à faciliter l’accession à la propriété avec des allégements fiscaux de l’ordre de 5 milliards de livres. Et Charles Kennedy a offert aux seniors des aides à hauteur de 7 milliards d’euros. Heureux électeurs à qui s’offre un pays de Cocagne.

Par Jacques Duplouich, lefigaro.fr