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Stations de dessalement de l’eau de mer : Un investissement pour rien !
lundi 5 avril 2004, par
Lancé en catastrophe durant l’année 1982, le projet de réalisation de la station de dessalement de l’eau de mer n’arrive pas jusqu’à présent à répondre aux besoins pour lesquels il avait été initié.
Les responsables n’avaient jamais été confrontés à une sécheresse aussi catastrophique et dont la persistance avait entraîné l’assèchement des barrages de Guénitra et de Zardezas ainsi que des nappes phréatiques.
Il devenait donc difficile de répondre aux besoins des populations qui ont manifesté leur mécontentement en barricadant les routes pour exiger une alimentation en eau. Pour couronner le tout, une épidémie de typhoïde avait, on s’en souvient, sévi particulièrement au chef-lieu de wilaya.
Par ailleurs, jamais la plate-forme pétrochimique n’a été soumise à une pareille tension née de la raréfaction de l’alimentation en eau. Ces problèmes ont démontré combien la ville s’est fragilisée, soumise aux aléas climatiques. L’urgence du moment était donc de lancer des programmes d’urgence par la réalisation d’une série de forages destinés à atténuer les tensions avec, en parallèle, des stations de dessalement de l’eau de mer. C’est dans ce contexte qu’ont été lancés les travaux de réalisation dans la partie est de la ville, de 4 stations de dessalement. Le fonctionnement, assure-t-on, repose sur le principe de l’osmose inverse, tout ce qu’il y a de plus moderne.
Cependant, les installation sont conçues pour fonctionner avec une alimentation en énergie électrique stable et en continu, condition loin d’être réunie et c’est justement là où réside tout le problème du retard dans la livraison des stations de dessalement.
Actuellement, la station ne délivre qu’un débit compris entre 2 000 et 3 000 mètres cubes par jour, soit moins du tiers des capacités prévues.
À souligner néanmoins que les conditions climatiques ont concouru également à retarder l’achèvement des travaux confiés à Hydro Traitement, une tempête ayant endommagé les forages en mer destinés à l’alimentation de la station. C’est pour cette raison qu’il faudrait encore attendre la réalisation d’autres forages dont l’achèvement devrait intervenir bientôt.
Cette station devrait alimenter les agglomérations de Oued K’sob et de Ben M’hidi par le truchement de l’Epidemia “qui ne déboursera pas un centime durant une année entière”, selon les termes du contrat signé par Hydro Traitement.
Des défaillances sont apparues au niveau des forages réalisés pour suppléer au grave problème de manque d’eau.
Le ministre a alloué dernièrement une enveloppe de 10 milliards pour la réhabilitation de ces forages et 17 milliards pour l’achèvement de la station de traitement.
En d’autres termes, s’il n’y avait pas eu juste après une très bonne pluviométrie, la situation aurait très certainement dégénéré.
Z. Réda
Tigzirt
Des équipements à l’abandon
L’ouverture de la station de Tigzirt est synonyme de la fin de toutes les pénuries en matière d’alimentation en eau potable. L’espoir suscité par le lancement de ce projet, considéré à juste titre comme une bouffée d’oxygène, tend de plus en plus à s’évaporer. En effet, plusieurs fois annoncée pour imminente, l’inauguration de la station de dessalement de l’eau de mer de Tigzirt risque encore d’être retardée. Pourtant, un équipement flambant neuf a été réceptionné dès le début de l’été et, aujourd’hui, toutes les machines ont été installées. Que s’est-il donc passé pour que son lancement accuse de nouveau un tel retard qui, aux yeux du simple citoyen, ne trouve pas d’explication logique ? De nombreuses entraves viennent, en effet, de voir le jour pour remettre à “plus tard” son inauguration. Plusieurs organismes devront d’abord s’acquitter de leurs tâches respectives et dans les plus brefs délais. Parmi celles-ci, citons celles inhérentes aux services de l’hydraulique et de l’APC, qui devront réaliser la conduite vers le réservoir principal situé sur les hauteurs de la ville. Ajoutez-y la pose d’un transformateur par Sonelgaz, qui tarde à voir le jour. Ce qui risque encore de renvoyer le projet aux calendes grecques est sans conteste le forage des puits. Le groupe hydrotraitement doit réaliser un certain nombre de puits, après les trois forés au niveau de la plage.
Une sorte de “différend” surgit alors entre les techniciens de cette entreprise et ceux de l’Algérienne des eaux, qui auront à gérer cette station. Ces deniers ont exigé de leurs collègues d’hydrotraitement que les puits soient forés à l’intérieur des terres et non pas sur la plage, et ce, pour protéger les machines.
C’est là que réside la plus grande entrave, car les terrains en question sont du domaine privé et les moyens financiers pour indemniser les propriétaires n’existent pas. La ville côtière de Tigzirt, ville touristique par excellence, est ainsi appelée à attendre encore pour voir enfin cette eau tant réclamée couler des robinets. La mise en service de la station de dessalement mettra fin à une pénurie sans précédent, aggravée depuis le sabotage, en 1996, de la chaîne d’alimentation de Benchoud.
Dalila I.
Arzew
Un montage financier complexe
Le projet de station de dessalement d’eau de mer, qui remonte à 2002 et qui est implanté dans la zone industrielle d’Arzew, accuse un retard considérable.
Alors que la première mise en service était prévue pour juin 2004, les travaux de réalisation ont démarré il y a tout juste trois mois. Le directeur général de la SPA Kahrama, M. Najer Robinson, avait expliqué ce retard par les difficultés rencontrées dans la mise en place du montage technique, financier, ainsi que des contrats dits “package” qui avaient soulevé des particularités juridiques complexes. En effet, il faut rappeler que ce projet de 410 millions de dollars est à l’origine d’une association entre Black and Veatch, une société sud-africaine majoritaire dans la Spa à hauteur de 70%. Les autres partenaires sont la Sonatrach et la Sonelgaz qui, pour ce faire, ont créé une société dénommée Algerian Company, qui détient pour sa part 20%. L’importance du projet a rendu nécessaire l’implication de l’Opic, de la Coface et de la Coparco, qui devaient assurer un financement de 200 millions de dollars, selon des informations qui avaient été données par M. Robinson, en début d’année.
Quant au projet en lui-même et qui, au demeurant, avait été fortement critiqué sur deux points essentiels, à savoir le coût du mètre cube, lors de la production d’eau potable, et l’impact environnemental sur le milieu marin, il prévoit à terme une capacité de production de 86 880 m3/j dont 20 000 pour les besoins de la ZI d’Arzew, mais également la production de 320 MW, puisque le projet sera couplé avec 5 turbines pour produire de l’énergie électrique.
Alors que tout le monde attend la mise en service de cette future station, la polémique sur l’opportunité de ce projet pour la population de la wilaya fait toujours rage.
En effet, la satisfaction des besoins en eau potable s’est nettement améliorée depuis la mise en service du barrage de Gargar, en 2003, qui assurait un apport de 110 000 m3/j pour les Oranais et les perspectives que représente la déminéralisation de l’eau de Bredeha, soit encore 35 000 m3/j. Car ce qui inquiète ici, c’est de savoir que l’eau produite par la station aura un coût des plus importants puisqu’il est question jusqu’ici de la revendre à 70 DA le m3. Un prix que l’ADE ne peut pratiquer et que les citoyens refuseront de payer en dépit des discours du ministre des Finances qui ne rate jamais une occasion de parler des prix réels. Ce qui fait dire aux citoyens : “que l’on nous donne également des salaires réels !”
F. Boumedienne
Corso
C’est pour bientôt !
Entamés en août 2002, les travaux de réalisation d’une station de dessalement de l’eau de mer dans la commune de Corso sont pratiquement achevés. D’une capacité de production de 5 000 m3 d’eau/jour, cette station a été réalisée par l’entreprise hydro-traitement. Selon M. Saheb, ingénieur en traitement des eaux au sein de cette entreprise, l’eau produite sera d’une “excellente qualité”.
En effet, le procédé de fonctionnement - beaucoup plus physique que chimique - prévoit d’abord un prétraitement au cours duquel l’eau subira une désinfection. “L’eau pompée de la mer subira, en premier lieu, une désinfection à l’aide de l’eau de javel ; elle passera ensuite dans les filtrassabes pour l’élimination des particules en suspension de l’ordre de 20 micro-mètres, puis dans les bissulfutes pour l’élimination du chlore avant d’être entraînée dans les micro-filtres synthétiques pour l’élimination des particules de l’ordre de 5 micro-mètres”, explique M. Saheb. La deuxième phase de traitement consiste à faire passer l’eau dans les membranes. “Suivant la pression exercée sur l’eau, il y aura formation de deux couches, l’une concentrée et l’autre pure. La première sera recyclée et injectée à la mer et la seconde sera retenue pour la production et ira à la cuve d’équilibre cosmétique”. Conçue pour palier, un tant soit peu, le manque d’eau auquel est confrontée la région, cette station alimentera, après sa mise en service, les communes de Corso et de Boumerdès.
“Nous distribuons actuellement 80 000 m3 d’eau par jour pour l’ensemble de la wilaya et je pense que cette station d’une capacité de 5 000 m3/j nous sera d’un apport non négligeable”, nous dira M. Haouchine, directeur de l’unité locale de l’ADE, qui confirme que sa mise en service “interviendrait très bientôt, d’autant plus qu’il ne reste que quelques retouches techniques à régler”.
Par Mohamed B., Liberté