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Sonatrach dans la cour des grands

lundi 24 janvier 2005, par Hassiba

Dans un pays où la rente provient exclusivement de la rente pétrolière, la société pétrolière Sonatrach, qui vient de confirmer sa position de leader en Afrique, réalise des avancées fort remarquables.

Avec un chiffre d’affaires d’environ 26,7 milliards de dollars (mds), Sonatrach est classée 11ème parmi les compagnies pétrolières mondiales, 2ème exportateur de GNL et de GPL et 3ème exportateur de gaz naturel. Avec une production globale de près de 202 millions de TEP, ses activités constituent environ 30% du PNB de l’Algérie et emploie 120 000 personnes dans l’ensemble du Groupe, selon les chiffres avancés par la société nationale.

Face à l’envolée des prix du pétrole, et le rôle prépondérant que jouent désormais les groupes pétroliers dans le monde, Sonatrach orientera de plus en plus sa production hors des frontières de l’Algérie. A en croire le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, elle escompte atteindre près du tiers de sa production à l’étranger. A ce titre, il y a lieu de rappeler qu’au cours de l’année 2001 le Groupe Sonatrach a mis en place un système de réorganisation de ses activités internationales par le regroupement des compagnies filiales à l’étranger autour d’un holding international. Les filiales et holdings initialement rattachées à Sonatrach sont passées sous la coupe de Sonatrach International Corporation (S.I.H.C) créé en juillet 1999. Le holding opère actuellement dans différents pays tels que le Yémen, le Pérou, le Venezuela et l’Espagne. Selon le ministre, Sonatrach compte élargir ses activités d’exploration dans le domaine du pétrole et du gaz au Niger et en Mauritanie, et développer ses activités dans la liquéfaction et la commercialisation du gaz en Asie. Le ministre fera savoir que la production globale du Groupe devra atteindre les 2 millions de barils/jour à l’horizon 2015 grâce à sa production à l’étranger, augmentant ainsi ses capacités malgré la multiplication des contrats de partage de production signés avec ses partenaires en Algérie.Ayant une expérience certaine dans le domaine de la liquéfaction et de la commercialisation du gaz, Sonatrach a conclu des contrats avec des sociétés étrangères.

Le gouvernement péruvien a sélectionné Sonatrach en qualité de partenaire dans le consortium au projet « CAMISEA ». Un projet consistant en la construction en Boot, avec une concession de 33 ans, de deux canalisations d’une longueur de 540 km et 714 km, respectivement pour les liquides et le gaz. Le montant de l’engagement total de Sonatrach se situe dans une fourchette de 90 à 110 millions de dollars. De même que la signature d’un accord gazier avec British Petroleum (BP) pour l’exportation du gaz vers le Royaume-Uni, ainsi que le gros contrat conclu avec le groupement espagnol de Repsol-Gas Natural, pour l’exploration et l’exploitation des gisements de Gassi Touil en sont la preuve d’un dynamisme certain.A en croire les chiffres donnés par le journal électronique du Groupe, Sonatrach a signé plus de 60 conventions de joint-venture avec des compagnies étrangères d’hydrocarbures dans ses activités en amont et ce, depuis 1986, et quelque 10 milliards de tonnes furent ajoutées aux réserves de Sonatrach depuis cette date. En outre, 10 contrats en exploration avec des partenaires importants ont été signés et quelque 25 millions de tonnes furent produites.

Considéré comme le plus grand projet de gaz naturel en Algérie, le développement de Sonatrach sur le champ gazier d’In Salah avec la compagnie BP s’élève à 2,5 milliards de dollars US. Un autre projet avec BP est le projet In Amenas, où les réserves de gaz naturel et condensât de quatre champs gaziers différents sont développés dans le bassin d’Illizi. La production prévue sera de 9 milliards de m3 par an, dont 50 000 barils de condensât et GPL. Les premières quantités attendues sont planifiées pour cette année. Sonatrach est aussi en partenariat avec Gaz de France à travers quatre contrats achats/ventes sur la base d’un volume global de 10,24 milliards de m3/an. Ceci représente à peu près 18% du gaz naturel (gaz et GNL) exporté par le Groupe, le gaz algérien représentant quelque 25% des fournitures de gaz de Gaz de France.Constituée en 2001, il a lieu de signaler « MEDGAZ », une compagnie constituée entre les principaux acteurs du marché méditerranéen de gaz naturel, à savoir Sonatrach et Cepsa 2% chacune et GDF, BP, Endesa, ENI, TotalFinaElf ayant 12% chacune, en vue d’entreprendre des études de faisabilité d’un gazoduc sous-marin reliant directement l’Algérie à l’Espagne. D’autre part, « BSP » est une société d’économie mixte entre BASF, Sonatrach et Propanchen, créée pour la construction et l’exploitation d’une unité de propylène à Tarragone en Espagne, d’une capacité maximale de 350 000 tonnes/an.

Cette liste non exhaustive des accords passés par Sonatrach ces dernières années explique les affirmations données récemment par le journal Financial Times, qui estime les investissements drainés annuellement par Sonatrach en Algérie à 3 milliards de dollars. Selon la même source, l’Algérie nécessitera au cours de la prochaine décennie près de 70 milliards de dollars pour augmenter les réserves pétrolières à 11,3 billions de barils et les réserves de gaz à 160 milliards de m3.

Par Mahmoud Mamart, La Tribune