Accueil > ALGERIE > Rapport national 2004 sur la santé des Algériens
Rapport national 2004 sur la santé des Algériens
lundi 14 février 2005, par
Les résultats du rapport national sur la santé des Algériens, pour l’année 2004, font état d’une situation alarmante, notamment dans le domaine de la santé mentale.
La mise en place de 188 centres intermédiaires de santé mentale dans 46 wilayas a permis à 25 parmi elles de dresser un bilan de cette activité pour les années 2003 et 2004 au cours desquelles 70 911 malades mentaux ont bénéficié d’une prise en charge en postcure, 63 661 de médicaments, 3225 de séances de réhabilitation, 4130 toxicomanes d’une prise en charge, 4881 victimes d’une thérapie, 1277 personnes suicidaires d’une prise en charge et 8002 enfants souffrant de troubles mentaux d’une prise en charge.
En 2003, 38 wilayas ont fait état de la prise en charge des malades mentaux errants. Parmi ces derniers, 3910 ont été acheminés vers un service de santé mentale, 312 acheminés vers le service de l’action sociale et 428 autres vers le même service, mais dans le cadre d’une postcure, alors que 649 ont été réinsérés dans leurs milieux familiaux.
En 2002, le bilan de santé mentale, dressé par 14 wilayas seulement, fait état de 46 647 consultations en psychiatrie d’urgence, 54 914 en psychiatrie externe et 12 051 consultations en psychologie. Le même bilan, établi dans 34 wilayas durant l’année 2003, fait ressortir 30 958 consultations en psychiatrie d’urgence, 211 448 consultations en psychiatrie externe et 90 663 consultations en psychologie. Pour le premier semestre 2004, dans 21 wilayas, il a été enregistré 96 348 examens en psychiatrie d’urgence, 82 859 en psychiatrie externe et 185 405 en psychologie. En tout, 364 612 personnes ont subi une consultation pour un problème de santé mentale. Ce qui démontre une hausse considérable des consultations pour troubles mentaux durant les dernières années.
Pour les rédacteurs de ce rapport, cette évolution est liée à plusieurs facteurs, « notamment à une meilleure déclaration des activités concernées et à une forte demande du citoyen (...),à la mise en place de 188 centres intermédiaires de santé mentale »... A titre de comparaison, en l’an 2000, il a été enregistré au niveau de dix structures hospitalières psychiatriques, 15 404 admissions représentant 126 431 consultations spécialisées et 16 849 consultations d’urgence.
En 2001, il a été constaté 16 397 admissions représentant 116 967 consultations spécialisées et 12 682 consultations d’urgence. En 2002, il a été enregistré 15 354 admissions avec 136 718 consultations spécialisées et 12 700 d’urgence. Ce qui prouve encore une fois la forte prévalence des consultations psychiatriques. Dans un autre chapitre, lié notamment aux séquelles de la violence, le rapport a rappelé qu’en 2002 le ministère de la Santé, en collaboration avec l’Unicef, a mené une enquête sur la prévalence du psychotraumatisme chez 12 000 enfants scolarisés, dont l’âge est compris entre 12 et 18 ans, et répartis sur 10 wilayas touchées par le terrorisme.
Les résultats ont montré que Chlef est la première wilaya où le taux d’enfants traumatisés est le plus élevé avec 29,23%, suivie de Médéa, 26,03%, Saïda, 21,57%, Alger, 18,34 %, Jijel, 17,26%, Blida, 16,64%, Tizi Ouzou et Constantine, 9,40% et Tlemcen, 9,24%. Ces chiffres ont poussé les enquêteurs à recommander le renforcement du dispositif de prise en charge des victimes de violence, qui doit être, selon eux, intersectoriel et pluridisciplinaire.
Autre chapitre : les résultats d’une enquête sur la prévalence des maladies mentales chroniques, réalisée en 2002, ont mis en exergue l’« ampleur » de ce problème. Selon cette étude, ils sont 155 000 personnes, soit 0,5% de la population algérienne, à souffrir de maladies mentales chroniques et 62 000 épileptiques, soit 0,2% des Algériens. La catégorie des personnes âgées de moins de 40 ans est la plus touchée par les maladies mentales et l’épilepsie avec un taux de 1,9% pour la première et 0,8% pour la seconde.
Les auteurs de ce rapport ont insisté sur « la réduction de l’incidence de prévalence de certains troubles mentaux et neurologiques comme la dépression, l’arriération mentale, la toxicomanie, l’épilepsie et les troubles psycho-sociaux » qui, selon eux, sont liés aux « événements traumatisants ». Il s’agit pour eux de mettre en place une organisation de soins « plus adaptée, plus efficace et moins coûteuse possible avec une législation effective en harmonie avec ces soins, de renforcer la prévention, de mettre en place des mécanismes de réhabilitation, d’élaborer des programmes de communication pour l’éducation sanitaire des citoyens à la non-exclusion du malade mental ».
Les spécialistes ont conclu que les maladies psychiatriques en Algérie touchent les Algériens de plus de 30 ans, et beaucoup plus les hommes que les femmes. Par ailleurs, le rapport a indiqué que la population algérienne gardera sa caractéristique liée à la jeunesse dans la mesure où la frange des enfants âgés de moins de 15 ans, qui constituait 36% de la population en 1998, passera à 26% en 2010 pour atteindre 24% en 2020. En 2010, les moins de 5 ans représenteront 10% de la population. Les problèmes de santé seront dominés par les accidents domestiques et la circulation. Leurs conséquences : un certain nombre de maladies chroniques telles que le diabète-insulino-dépendant, l’insuffisance respiratoire et certains états touchant à la santé mentale, tels que les suicides et les toxicomanies.
Par Salima Tlemçani, El Watan