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Prestations de soins ou prestations de services ?(2e partie)
mardi 26 octobre 2004, par
L’arrivée des cliniques privées
Redéployer les personnels et entrevoir une libération progressive au profit de cliniques et cabinets de groupes privés qu’il faudrait aussi normaliser, car une clinique ou un cabinet privés doivent répondre à un certain nombre de critères non seulement en matière de structures, mais surtout en matière de personnels ; création d’une commission de conciliation au niveau de chaque établissement, qui aurait pour mission d’assister et d’orienter tout patient qui s’estimerait victime d’un préjudice ; fusion/partage d’activités entre cliniques privées et hôpitaux ; fermeture de certains centres jugés dangereux et onéreux et les mettre en vente au profit des professionnels, en collaboration avec les banques ; les centres hospitalo-universitaires doivent retenir une attention particulière car ils ont une triple vocation, de soins de qualité, d’enseignement et de recherche - malheureusement, les différentes politiques ont conduit à une véritable saignée des compétences et, à ce propos, nous nous devons de tirer la sonnette d’alarme, car dans une dizaine d’années nous serons contraints soit d’arrêter la formation, soit de faire appel une nouvelle fois à la coopération étrangère ; créer une académie de médecine de même qu’une université des sciences médicales avec trois écoles de médecine, de pharmacie et de chirurgie dentaire basées à Alger, Constantine et Oran.
Nous ne sommes plus en droit de faire du social en continuant à former des médecins dans des hôpitaux sans enseignants et sans moyens, posant ainsi un véritable problème de formation à deux vitesses, pour ne pas dire de deux collèges - la science ne se distribue pas, ne s’offre pas, elle s’acquière souvent après de très longs sacrifices et c’est justement ce genre d’agissements basés sur le régionalisme et l’équilibrisme qui ont conduit à la dévalorisation de nos diplômes, jusqu’à la confusion entre licence en droit et licence de taxi ou de café ; prendre en charge sérieusement les problèmes socioprofessionnels en créant un cadre adéquat, un profil de carrière respectable et une amélioration des conditions de travail ; revoir la rémunération des professionnels de la santé, plus particulièrement celle des hospitalo-universitaires afin d’assurer une meilleure qualité de formation ; revoir les critères de recrutement des directeurs d’établissements hospitaliers ; assainir la situation des centres hospitaliers en matière de gestion et de normalisation des effectifs ; créer des pôles de compétences à travers le territoire national ; rentabiliser et stabiliser les compétences, qu’elles soient du service public ou privé ; institutionnaliser la formation continue pour tous les personnels et en particulier ceux installés en privé. Répartition rationnelle des moyens qui ne peut être que proportionnelle à l’activité de l’équipe et à la qualité des soins prodigués, ce qui rétablirait toutes les disciplines dans leur droit et éviterait que tel ou tel autre se considère bon médecin et acquière tous les moyens, non parce qu’il est compétent mais parce qu’il est bien introduit.
Résoudre le problème de la phagocytose des CHU par les non-hospitalo-universitaires par un déroulement régulier des concours d’accès aux postes de praticiens hospitalo-universitaires (assistants et professeurs). Mise en concours des postes d’assistanat dont les titulaires n’ont pas évolué. Régler le problème de la chefferie de service qui, au lieu d’être un moyen de progression et d’émulation, s’est transformée en une fin en soit, entraînant autosuffisance et stagnation. Faudrait-il envisager une chefferie tournante et mettre en compétition le label hospitalo-universitaire qui doit dorénavant se mériter et non s’offrir.
Un label à revoir
Il existe beaucoup de services qui n’ont d’universitaire que le nom. Un service ou un centre hospitalo-universitaire qui ne répond pas à un certain nombre de critères universellement reconnus en matière de soins, de recherche et d’enseignement, doit obligatoirement perdre ce label et se représenter devant une commission avec un nouveau cahier des charges mettant en relief le type de prise en charge, les moyens techniques, la qualité de la formation et surtout la qualité de l’équipe. Il faut initier la création de nouvelles structures privées ou publiques d’assurances qui supprimeraient le monopole.
Les caisses de sécurité sociale ne doivent en aucune manière être gérées ni par un parti et encore moins par un syndicat quelle que soit sa légitimité. Les CNAS doivent impérativement procéder à la normalisation de leurs effectifs et assurer une gestion transparente des cotisations des assurés. Les caisses ne doivent plus jouer le rôle de prestataires de soins, elles doivent au contraire établir des conventions avec les hôpitaux, les cliniques ou les cabinets privés en vue d’une meilleure prise en charge de leurs assurés car les citoyens payent leurs cotisations dans le seul but d’être traités dignement en cas de maladie, avec les moyens que peut offrir la science à tout être humain.
Les CNAS ne doivent établir des conventions qu’avec les prestataires de soins de qualité selon un cahier des charges établi selon des règles universelles, ce qui créerait une certaine émulation et pousserait les professionnels de la santé à travailler dans n’importe quelle région du pays du moment qu’ils seront rémunérés en fonction de la qualité de leurs efforts. Les CNAS doivent céder leurs filiales de prestation de services tels les centres d’appareillage, de lunetterie, les pharmacies, les centres de soins qui, actuellement, ne font qu’accroître le déficit budgétaire. L’Etat qui était seul importateur de médicaments et de tous les produits consommables et appareillages, s’est déchargé au profit de personnes étrangères à la profession, confondant très souvent pénicilline et pomme de terre. Permettre aux laboratoires et aux capitaux étrangers d’investir directement en Algérie, sans passer par des intermédiaires. Construire, en association avec d’autres pays africains dans le cadre du NEPAD, ou autres, des usines pharmaceutiques et investir le marché continental. Envisager l’achat groupé de médicaments avec des pays africains ou autres.
Mettre sur pieds un laboratoire de contrôle de la qualité des médicaments et des produits de consommation, sous tutelle présidentielle car le ministère de la Santé ou celui du Commerce ne peuvent être à la fois juge et partie. Nous souhaitons que les pouvoirs publics convertissent le concept santé-droit du citoyen en concept santé-devoir de l’Etat, et l’inscrivent comme priorité nationale, par la mise en place d’une politique de santé cohérente qui garantirait la réhabilitation des compétences, l’équité devant l’accès aux soins à tous les niveaux, renforcerait la cohésion sociale et rendrait justice au peuple algérien et à sa culture légendaire où nul ne peut se sentir exclu parce qu’il est pauvre ou parce qu’il habite ce que beaucoup appellent l’intérieur du pays, qui représente en fait l’Algérie profonde. La nouvelle politique de santé à laquelle nous aspirons ne peut se concevoir que par l’instauration d’une évaluation objective à tous les niveaux de gestion ou de pratique médicale, une moralisation de la profession par la revalorisation des conseils de l’ordre.
L’Etat est condamné à remettre de l’ordre dans le secteur de la santé qui représente, aux yeux des peuples, un des droits fondamentaux et qui représentera un des enjeux stratégiques du XXIe siècle, car la santé doit avoir un prix en termes de mondialisation. Les pays riches continueront toujours à se frotter aux pauvres, tout en leur souhaitant la bonne santé, ne leur laissant que l’espoir d’une éventuelle intervention humanitaire, qui restera toujours une nouvelle forme humaine d’ingérence inhumaine. Frottez-vous aux pauvres, vous n’en serez que plus riches.
Hocine Benkadri, elwatan.com