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Philip Merril (Exim-Bank) : "Nous comptons investir encore plus en Algérie"
samedi 24 juillet 2004, par
Pour sa première visite en Algérie, le président de la banque Américaine Exim-Bank, Philip Merrill, est plutôt très satisfait. Une satisfaction qu’attestent ses propos tenus lors de la conférence de presse qu’il a animée jeudi dernier au siège de l’Ambassade des Etats-Unis à Alger.
Qu’avez-vous obtenu et offert à l’issue de votre visite en Algérie ?
L’objectif de ma visite n’était pas d’offrir ou d’obtenir quelque chose, mais il s’agit beaucoup plus de s’enquérir des opportunités d’investissement qui s’offrent à nous dans plusieurs secteurs d’activités. L’objectif pour nous était aussi de mieux connaître nos clients algériens. L’Algérie est un pays qui a d’énormes potentialités, ce que d’ailleurs je trouve évident. En plus du secteur des hydrocarbures (pétrole et gaz), il existe plusieurs opportunités d’investissement dans le dessalement d’eau de mer, les autoroutes et l’énergie entre autres. D’autres secteurs de moindre importance nous intéressent aussi.
Quel regard portez-vous sur le marché algérien ?
Le marché algérien est très attrayant pour les investisseurs et les exportateurs américains. L’Exim-Bank a déjà consenti 1,5 milliard de dollars en Algérie, ce qui est un montant relativement important. Nous comptons investir encore plus en Algérie.
Quelle appréciation faites-vous des réformes économiques en Algérie ?
Je suis resté ici seulement 4 jours. Je ne peux pas vous répondre à ce sujet. Je ne suis pas, d’autant plus, un expert d’Algérie. Cependant, j’ai le sentiment que beaucoup reste à faire dans les domaines de l’éducation, du logement et du secteur bancaire. Et c’est à l’Algérie de résoudre et de prendre en charge toutes ces questions-là. Nous, nous investissons actuellement beaucoup plus dans les infrastructures lourdes.
En dehors des hydrocarbures, quels sont plus exactement les secteurs qui vous intéressent le plus ?
Les chemins de fer, les centrales électriques, le dessalement d’eau de mer, Air Algérie et les télécommunications. Nous accordons également un intérêt particulier au développement du secteur privé. Plus ce secteur sera actif et développé, plus il y aura d’investissements américains en Algérie, notamment dans la petite et moyenne entreprises (PME), l’agriculture, les équipements les machines industrielles... J’ajouterais aussi que quel que soit le secteur que l’Algérie décide de développer, nous serons là pour apporter notre appui.
L’Algérie s’apprête à adhérer à l’OMC et à la zone de libre-échange euroméditerranéenne. Comment l’Exim-Bank perçoit-elle cette adhésion ?
Il y a eu un très grand appui à l’Algérie dans le cadre de son accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pas nécessairement de la part de l’Exim-Bank mais des Etats-Unis. Près de 2 millions de dollars ont été apportés à l’Algérie afin qu’elle puisse prendre les arrangements nécessaires à son accession. Sur le plan des relations politiques, nous souhaitons vivement que l’Algérie accède à l’OMC. S’agissant de la zone de libre-change euro-méditerranéenne, l’Algérie, de par sa proximité avec l’espace européen, doit adhérer à cette zone.
Peut-on réellement parler de concurrence entre les Etats-Unis et la France pour le marché algérien ?
Il est de l’intérêt de l’Algérie à ce qu’elle fasse des affaires avec les deux. Si concurrence il y a, cela serait également très bénéfique pour l’Algérie qui doit tirer profit de tout cela. Si toutefois, au plan politique, des désaccords peuvent avoir lieu entre les Etats-Unis et la France sur des questions régionales, au plan économique et celui des affaires, nous collaborons ensemble dans le cadre de l’Exim-Bank, nous participons d’ailleurs dans des cofinancements. Nous sommes ravis de coopérer avec la France pour aider l’Algérie à bien utiliser ses recettes pétrolières et promouvoir l’émergence d’une classe moyenne et d’une économie de marché prospère.
Souhaitez-vous établir une zone de libre-échange avec l’Algérie ?
Je n’ai pas de réponses à cette question. Nous souhaitons, cependant, réduire au minimum les obstacles au commerce. D’ailleurs, cela est, en grande partie, l’un des objectifs visés par l’OMC qui veut établir plusieurs zones de libre-échange. C’est la raison pour laquelle nous avons intérêt à voir l’Algérie adhérer à l’OMC.
Quels sont les nouveaux projets d’investissement en Algérie auxquels vous avez garanti les financements ?
Il n’y a pas de nouveaux projets en tant que tels. Mais nous avons remarquablement fait avancer plusieurs projets qui sont en voie d’être réalisés, notamment dans le secteur des hydrocarbures.
Peut-on connaître les montants consentis pour la finalisation de ces projets ?
C’est autour de 1 milliard de dollars répartis sur différents secteurs. Ce montant est appelé à augmenter progressivement. C’est un montant qui vient s’ajouter au 1,5 milliard déjà consenti par l’Exim-Bank. En contrepartie des garanties que nous offrons, nous exigeons deux conditions essentielles : d’être raisonnablement assurés du remboursement des crédits accordés, autrement dit de la solvabilité du pays à respecter ses engagements, et d’avoir l’assurance que nous pouvons faire des transactions avec le privé algérien, intervenir, par exemple, là où les banques locales ne le peuvent pas.
Quand est-ce que le Open Sky sera-t-il signé et que représente-t-il pour vous ?
Je ne le sais pas mais probablement dans un temps relativement court. L’Algérie et les Etats-Unis semblent être désireux de compléter rapidement cet accord. Les USA ont signé, de leur côté, des accords similaires avec un très grand nombre de pays, et je dirais que je ne connais pas d’obstacles à cela. La signature de cet accord permettra d’accroître le volume d’échanges entre les deux pays. Les compagnies aériennes des deux pays peuvent transporter des milliers de voyageurs en survolant les espaces aériens de chacun.
Justement, y a-t-il un projet d’une ligne aérienne directe Alger-Washington ?
Il faut poser cette question aux compagnies aériennes.
La sécurité est généralement l’argument qui revient le plus dans l’établissement ou non des lignes aériennes entre les pays. Est-ce le cas pour l’Algérie et les Etats-Unis ?
Non. Tous les pays présentent actuellement des risques d’ordre sécuritaire. Seulement, chaque pays doit satisfaire toutes les normes de sécurité. Les compagnies aériennes doivent le faire aussi.
Par Salah Slimani, El Watan