Accueil > INTERNATIONAL > Partenariat entre l’Union Européenne et la Russie

Partenariat entre l’Union Européenne et la Russie

mardi 10 mai 2005, par nassim

Une nouvelle étape dans la coopération entre l’Union Européenne et la Russie vient d’être franchie avec la signature d’un traité de partenariat stratégique qui permettra une coopération bilatérale plus étroite dans de plusieurs domaines allant de l’économie à la sécurité.

Partenariat stratégique entre l’Union Européenne et la Russie.

L’accord, qui vise à dissiper le malaise consécutif à l’élargissement de l’UE vers l’Est, a été signé à Moscou par le président russe, Vladimir Poutine, et les représentants des Vingt-Cinq - le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, dont le pays tient les rênes de l’Union, et le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana. "Le processus de formation d’une grande Europe après la chute du mur de Berlin se poursuit. Nous voulons une Europe sans lignes de fracture", avait déclaré Vladimir Poutine à l’ouverture du sommet, organisé au Kremlin au lendemain des célébrations du 60e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Barroso exprimait pour sa part l’espoir que ce sommet donnerait "une nouvelle impulsion" aux relations entre la Russie et les Vingt-Cinq. L’accord, dont le texte intégral devait être rendu public dans la journée, ouvre quatre "espaces communs" (économie ; liberté, sécurité et justice ; sécurité extérieure ; recherche, éducation et sciences), selon un communiqué publié par le ministère russe des Affaires étrangères peu avant le sommet.

Les deux parties, qui ont achevé les négociations lundi soir, se sont également entendues pour poursuivre leurs négociations en vue d’un allégement des procédures d’obtention de visas, avec à terme l’objectif d’une suppression.

NOUVELLE DONNE GÉOGRAPHIQUE

L’objectif de l’accord est de traduire dans la réalité politique et économique la nouvelle donne géographique issue de l’élargissement historique de l’UE le 1er mai 2004. La Russie et le bloc européen partagent désormais une frontière est commune (en Estonie et en Lettonie) et l’enclave russe de Kaliningrad est englobée dans un autre Etat membre, la Pologne.

L’espace économique sera réalisé par la création d’un grand marché sans entraves aux échanges ou aux investissements. Il sera doté de règles du jeu transparentes et sera accompagné de coopérations spécifiques dans des domaines comme le transport, l’énergie et les activités spatiales.

L’UE est déjà le principal partenaire commercial de Moscou, absorbant la moitié des exportations russes et important de Russie le cinquième de ses besoins en pétrole et en gaz naturel.

L’espace de liberté, de sécurité et de justice doit quant à lui déboucher à terme sur un espace de libre circulation pour les personnes grâce à la suppression à terme des visas.

L’espace de sécurité extérieure doit permettre à l’Union d’entamer un dialogue sur les conflits larvés qui persistent en Europe - Transnistrie ou Ossétie du Sud -, ce qui constitue une concession de la partie russe, mais la Tchétchénie ne fait pas partie de la liste, au grand plaisir de Moscou.

Enfin, le quatrième "espace commun" vise à favoriser les échanges culturels et de chercheurs dans tous les domaines.

MÉFIANCE RÉCIPROQUE

Mais la conclusion de ce partenariat stratégique ne devrait pas dissiper totalement la méfiance réciproque entre Moscou et Bruxelles.

Depuis l’adhésion des pays de l’Est, dont les trois républiques baltes qui faisaient partie de l’URSS, plusieurs événements ont fait monter la tension.

La Lettonie et la Russie ont toujours des querelles territoriales et tous les pays qui furent des satellites de l’Union soviétique sont très sourcilleux dès que Moscou prend des décisions contraires à leurs intérêts. La Pologne a ainsi mal digéré que l’oléoduc qui doit relier la Russie à l’Allemagne passe par la mer Baltique, alors qu’elle espérait le voir transiter par son territoire.

La situation de la liberté de la presse est également un sujet d’inquiétude - exprimée mezzo voce - par l’UE.

La Russie soupçonne quant à elle les Européens de vouloir étendre leur aire d’influence, par exemple en Ukraine, où la "révolution orange" a été soutenue par l’UE - même si le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a concédé le mois dernier que l’UE avait un rôle clef à jouer dans le règlement des "conflits gelés" dans d’ex-républiques soviétiques.

Par Andrew Hurst, reuters.fr