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OPEP : L’Algérie soutient la suspension des quotas

jeudi 3 juin 2004, par Hassiba

Alors que les prix du pétrole restent fermes malgré un léger repli constaté hier en fin d’après-midi, l’OPEP s’apprête à tenir une réunion extraordinaire aujourd’hui à Beyrouth.

La réunion, dont la tenue avait été décidée le 10 février dernier à Alger, doit statuer sur la proposition saoudienne d’augmenter le plafond de production de 2,5 mbj et de le porter de 23,5 mbj à 26 afin de calmer le marché et espérer faire baisser les prix. Mais cette réunion survient au moment où la menace terroriste en Arabie Saoudite se précise avec les trois attaques terroristes que le secteur pétrolier a subies samedi dernier. Cette donnée n’arrange pas les affaires de l’organisation qui espérait, à travers la réunion d’aujourd’hui, lancer un signal fort au marché au moment où des niveaux records avaient été enregistrés à New York comme à Londres.

En cherchant un consensus pour relever son plafond de production et même si l’augmentation ne fera pas baisser les prix, l’OPEP peut toujours se prévaloir d’avoir rempli son contrat vis-à-vis des pays consommateurs. L’autre hypothèse est celle d’une suspension des quotas que l’OPEP pourrait décider. Cette solution était apparue à Amsterdam le 22 mai dernier lors de la tenue du Forum international de l’énergie qui avait regroupé pays producteurs et pays consommateurs.

L’Algérie serait favorable à cette solution si l’on en croit M. Chakib Khelil, qui a déclaré hier à son arrivée à Beyrouth : « Je soutiens l’abandon des quotas pour une période de temps. » Cette suspension des quotas permettrait aux pays membres de produire tout ce qu’ils peuvent. Et c’est ce qu’ils font dans la pratique puisque le dépassement des quotas est estimé officiellement à 2,3 mbj. Cette suspension des quotas pourrait régler le problème de l’allocation officielle des quotas au sein de l’OPEP, et particulièrement de l’Algérie, dès que l’organisation décidera de revenir à un nouveau contrôle de la production. Selon une étude menée par l’ancien ministre de l’Energie et président de Nalcora, M. Nordine Aït Laoussine, l’Algérie dispose du quota le plus faible au sein de l’OPEP sur la base du rapport quota-capacité.

L’Algérie aurait un taux de 63 % contre 115 % pour l’Indonésie, 93 % pour l’Iran, 87 % pour l’Irak, 90 % pour la Libye, 81 % pour le Nigeria, 79 % pour le Qatar, 84 % pour l’Arabie Saoudite, 89 % pour les Emirats arabes unis et 94 % pour le Venezuela. L’Algérie dispose actuellement d’un quota officiel de 750 000 b/j (depuis le 1er avril), alors qu’elle produit réellement 1 250 000 b/j pour des capacités de 1,3 mbj. Mais l’idée d’une suspension des quotas ne semble pas avoir fait son chemin puisque des pays comme le Koweït ou le Qatar s’y opposent, et plusieurs analystes doutent de la possibilité d’une telle décision. La tendance va vers une augmentation du plafond de production avec un consensus à la clé. Pour son président, le ministre indonésien du Pétrole, Purnomo Yuggiantoro, l’OPEP produit déjà actuellement à 88 % de ses capacités, et sa production serait de 28 mbj (Irak compris). Elle pourrait la porter à 100% si cela s’avérait nécessaire, selon lui.

Mais l’Arabie Saoudite, qui a déjà pris des engagements de mettre plus de pétrole sur le marché, a relativisé l’impact de la décision que s’apprête à prendre aujourd’hui l’OPEP. « Les prix d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec les fondamentaux du marché pétrolier », a indiqué hier le ministre saoudien du Pétrole, Ali El Nouaïmi. « Les prix sont déterminés par les marchés et sont affectés par plusieurs facteurs qui sont, pour la plupart, hors du contrôle de l’OPEP », a-t-il précisé en ajoutant qu’« une production en hausse ne résoudra pas nécessairement le problème ».

Hier, à Londres, vers 16 h GMT, le brent était coté à 38,38 dollars le baril alors qu’à 17 h GMT le brent valait 41,15 dollars à New York.

Par L.S., El Watan