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Mourad Issiakhen : Un hymne à l’amour

mercredi 7 juillet 2004, par Hassiba

Chanter sa bien-aimée, son amour impossible ou perdu, s’impose comme un thème cardinal des amateurs aussitôt qu’ils décident de se lancer dans l’aventure artistique. Et le jeune Mourad Issiakhen ne fait évidemment pas l’exception ; il confirme plutôt la règle.

Celle qui veut qu’on fasse partager ses sentiments à son public - la jeunesse notamment - avant d’enchaîner sur des thèmes tirés des aléas de la vie. Mais pour un coup d’essai, Mourad Issiakhen a sans doute réussi - toute proportion gardée - un coup de maître. Son tube intitulé L’oiseau migrateur édité chez “Voix des artistes”, s’arrache chez les disquaires de la Kabylie, notamment chez lui à Larbâa Nath Irathen. Le répertoire, composé de six chansons, est un véritable hymne à l’amour.
Un amour perdu, si génialement chanté par le grand Matoub Lounès, mais aussi par l’envoûtant Hacène Ahrès qui passe pour être le chantre de Tayri en Kabylie.
Mourad semble s’être inspiré beaucoup de ces deux artistes aussi bien dans la musicalité de son tube mais aussi dans le ton des textes. Dans Azerzor (l’étourneau), Zine Arkak (la beauté raffinée), Issoufjidyi Tlam (la tristesse m’a rendu sauvage) ou, encore, Tharguithe (le rêve) et Ayithvir (ô pigeon), l’amour éperdu se conjugue à tous les temps et à tous les tons.

Mourad Issiakhen éructe presque son dégoût, sa solitude et sa tristesse de voir sa bien-aimée lui filer entre les doigts. Il décrit avec doigté sa beauté dans Azine Arkak comme l’a si bien fait le grand El-Hasnaoui dans l’émouvante El-Hanina, reprise avec virtuosité par le regretté Kamal Messaoudi. Le jeune Issiakhen, qui a dédié l’intégralité de son premier album à celle qui hante son esprit, chante avec un fort relent d’amertume la perte de sa promise qu’il voit uniquement dans ses rêves. Et pour exorciser ce profond chagrin, l’artiste “envoie” Ayithvir (le pigeon) pour supplier sa bien-aimée à revenir à de meilleurs sentiments.
D’où, d’ailleurs, son choix judicieux d’intituler son album L’Oiseau migrateur, qui est son unique moyen d’entretenir, ne serait-ce que psychologiquement, le lien fort avec son âme sœur, qui s’éloigne comme un mirage dans le désert.

Ces lamentations d’un amoureux, si bien interprétées par Mourad Issiakhen, épousent parfaitement les ennuis sentimentaux de notre jeunesse qui s’accroche désespérément à l’amour, seule raison de vivre pour une génération quasiment sacrifiée. “J’ai fait cet album pour transmettre mes pensées, mes sentiments et ressentiments aux jeunes de mon entourage”, dit à juste titre Mourad. Ce n’est d’ailleurs pas fortuit que le tube de Mourad fasse fureur dans les fêtes qu’il anime dans la région de Larbâa Nath Irathen et même ailleurs.
Et comme une cerise sur le gâteau, l’artiste en herbe reprend avec brio la musique de l’un des grands succès de feu Matoub Lounès A tlaâbedh Yissi A melqaf pour composer Yal Thasgua (chaque côté).
Dans cette chanson, Issiakhen noie son chagrin en mettant en garde sa bien-aimée sur les regrets qui la guettent. En tout état de cause, ce jeune chanteur, qui s’en sort déjà fort bien dans les fêtes, promet beaucoup et l’avenir lui semble être un concentré de Hacène Ahrès et Rabah Lani, et, dans une certaine mesure, Matoub Lounès qu’il admire par-dessus tout. Bon vent l’artiste !

Par Hassan Moali, Liberté