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Monaco : Un coffre-fort de plus de 45 milliards

vendredi 15 avril 2005, par nassim

"L’absence de déontologie bancaire rigoureuse, l’existence d’une législation qui garantit l’anonymat des transactions, un casino sans contrôle, une coopération administrative et judiciaire internationale défaillante font de Monaco un lieu propice au blanchiment des capitaux", accusait en 2002 le député PS Arnaud Arnaud Montebourg.

La veste et la cravate ne sont plus obligatoires pour pénétrer dans le

Monaco

célèbre casino de Monte-Carlo où se firent et défirent, jusqu’à il y a une dizaine d’années encore, tant de fortunes. Aujourd’hui c’est en jean et baskets que les clients de l’établissement viennent s’asseoir autour des roulettes, dans des salles où les croupiers sont parfois plus nombreux que les joueurs. Lorsqu’en 1949 le prince Rainier III accède au pouvoir : 45% des recettes de la Principauté de Monaco étaient issues des tables de jeux. Aujourd’hui, alors que son fils héréditaire, le prince Albert II, lui succède, les casinos représentent moins de 4% des recettes du petit Etat de 197 hectares.

Tout au long de ses cinq décades à la tête de la Principauté, Rainier s’est attaché à remodeler, diversifier et moderniser l’économie monégasque, tout en préservant ce paradis fiscal qui attire des fonds du monde entier.

Pour la carte postale, Monaco c’est le rite immuable du Grand Prix de F1 et de l’Open de tennis, des stars et des riches, la saga de la famille princière avec les frasques de Caroline et de Stéphanie... Mais derrière ce décor d’opérette se cachent des intérêts financiers considérables.

La Principauté de Monaco, qui ne jouit d’aucune ressource propre, a axé son développement sur trois secteurs : l’immobilier, les jeux, par l’intermédiaire de la fameuse SBM (Société des bains de mer), propriétaire du casino et d’hôtels de luxe, et, bien sûr, les placements d’argent.

Dans cet Etat où l’on ne dit pas PIB mais "chiffre d’affaires", un chiffre résume l’importance du trésor monégasque : au moins 45 milliards d’euros sont déposés dans les 65 banques de la Principauté, indique-t-on de sources concordantes. Autant de placements effectués en toute discrétion et sans risque puisque ce micro-Etat jouit d’un statut fiscal unique. Au fil des années, la Principauté est devenue la terre promise pour bon nombre de sociétés off-shore.

Monaco, qui dispose d’un régime fiscal permettant à ses citoyens et à certains résidents de ne pas payer d’impôt sur le revenu ni sur la fortune, est un lieu rêvé pour tous ceux qui veulent mettre à l’abri des regards indiscrets des fortunes colossales.

"L’absence de déontologie bancaire rigoureuse, l’existence d’une législation qui garantit l’anonymat des transactions, un casino sans contrôle, une coopération administrative et judiciaire internationale défaillante font de Monaco un lieu propice au blanchiment des capitaux", accusait en 2002 le député PS Arnaud Arnaud Montebourg.

Ce dernier avait repris deux ans plus tôt, lors d’une mission parlementaire d’information sur la délinquance financière et le blanchiment des capitaux en Europe, le flambeau de son collègue François d’Aubert dont un rapport dénonçait déjà en 1993 Monaco comme plaque tournante du blanchiment de l’argent.

Depuis cette mission parlementaire qui avait valu à la Principauté de se retrouver sur la "liste noire" des pays classés comme "paradis fiscaux non coopératifs" en matière de transparence fiscale, les autorités de la Principauté ont amélioré leur coopération, notamment après les attentats du 11 septembre 2001.

"Monaco a fait d’énormes progrès et s’est mis en conformité avec nos exigences", reconnaît dans un entretien à l’Associated Press Alain Damais, secrétaire exécutif du Gafi (Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux), branche de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Patrick Leclercq, ministre d’Etat de Monaco, avait qualifié, au lendemain de la mort de Rainier, d’"indignes" ces critiques sur le manque de transparence du système bancaire de la Principauté.

"L’économie monégasque, ce n’est pas le secteur bancaire uniquement, qui représente 20% de l’activité économique", s’était-il insurgé car "le commerce, notamment international, représente la plus grosse partie avec 40%".

Il a rappelé que la Principauté a été "retirée de la liste dite grise" du GAFI et qu’il y a "un travail pour tous les pays du monde qui se poursuit constamment pour renforcer un certain nombre de sécurités", travail "auquel Monaco participe au même titre que les autres pays du monde", avait-il conclu.

Economiquement, la Principauté est également généreuse pour les moins fortunés. La population active locale étant insuffisante en nombre, les entreprises ont dû recruter à l’extérieur du territoire la main-d’oeuvre nécessaire au développement de la Principauté.

Plus de 40.000 "frontaliers" des Alpes-Maritimes et d’Italie se rendent à Monaco pour y travailler, selon les chiffres du gouvernement monégasques en date du 31 décembre 2003. Les salaires y sont en moyenne 20% supérieurs à ceux de l’Hexagone.

En 2003, l’immobilier, les locations et services aux entreprises regroupaient le plus grand nombre des salariés du privé (24,87%), devant le commerce (11,62%), les hôtels et restaurants (7,65%), les services collectifs (7,28%), la construction (7,15%), les activités financières (6,98%), le secteur santé et action sociale (5,67%), les gens de maison (4,97%) et les transports et communications (4,93%). Par ailleurs, 3.759 personnes travaillaient pour le gouvernement et la mairie, dont 1.161 fonctionnaires de nationalité monégasque.

Au total, l’économie emploie environ 39.000 personnes pour une population résidente de plus de 30.000 habitants. L’activité économique de Monaco se traduit par un chiffre d’affaires (PIB) annuel d’environ 9 milliards d’euros.

Source : AP