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Massacre à Charm el Cheikh

samedi 23 juillet 2005, par Rédaction

La station balnéaire de Charm el Cheikh en Egypte, a été le théatre d’une vague d’attentats terroristes sans précédent. Le bilan est lourd : Plus de 80 personnes ont été tuées et plusieurs centaines de blessés.

Un sauveteur traverse les débris de l’hôtel Ghazala Gardens à Charm el Cheikh en Egypte.

Les attentats de Charm el Cheikh, les plus meurtriers en Egypte depuis 1981, ont été revendiqués sur internet par un groupe se réclamant du réseau Al Qaïda qui les a présentés comme une vengeance contre "les crimes commis contre les musulmans". Un haut responsable des autorités égyptiennes à Charm el Cheikh a fait état de 83 morts. Trente-cinq personnes blessées ont été évacuées vers des hôpitaux du Caire, dont 23 qui se trouveraient dans un état critique.

La plupart des victimes sont égyptiennes, mais le ministère égyptien du Tourisme a fait état de sept étrangers tués, dont un Tchèque et un Italien.

Une vingtaine d’autres figurent au nombre des blessés, parmi lesquels neuf Italiens, cinq Saoudiens, trois Britanniques, un Russe, un Ukrainien ou encore un Arabe israélien, a dit Hala el-Khatib, un porte-parole du ministère. A Londres, le Foreign office a toutefois fait état de huit Britanniques blessés.

Des touristes européens sous le choc ont évoqué des scènes d’hystérie collective et de panique peu après les explosions.

Moustafa Afifi, gouverneur de la province du Sud-Sinaï, a fait état de deux attentats à la voiture piégée et d’une troisième déflagration, peut-être causée par une bombe placée dans une valise.

L’un des attentats s’est produit devant l’hôtel Ghazala Gardens de Naama Bay, site très prisé des touristes européens et des amateurs de plongée, où se trouvent la plupart des grands hôtels, à six kilomètres de Charm el Cheikh. Des victimes se trouveraient encore sous les décombres.

Une voiture a forcé l’entrée du complexe hôtelier pour venir exploser devant le bâtiment, a ajouté le gouverneur. La façade de l’hôtel s’est effondrée.

LIEN AVEC LES ATTENTATS D’OCTOBRE

Le communiqué de revendication des attentats, qui n’a pas été diffusé sur les sites traditionnellement utilisés par Al Qaïda, est signé des Brigades Abdoullah al Azzam de l’Organisation Al Qaïda au pays du Levant et en Egypte.

Le ministre égyptien de l’Intérieur, Habib el Adli, estime qu’il est trop tôt pour dire si Al Qaïda est impliqué, mais selon lui on ne peut exclure la possibilité d’un lien entre ces opérations et les attentats du 7 octobre 2004 sur les bords de la mer Rouge, dans lesquels 34 personnes avaient péri.

Les autorités égyptiennes les avaient attribués à un Palestinien dirigeant un groupe apparemment indépendant.

Le mois dernier, Israël a renforcé ses avertissements quant aux risques d’attentats. De sources proches de la sécurité, on a indiqué qu’au moins une voiture qui a explosé portait des plaques d’immatriculation prouvant qu’elle avait franchi la frontière avec Israël à Taba.

Il s’agit des plus graves attentats en Egypte depuis les affrontements d’Assiout, en 1981, au cours desquels une centaine de personnes avaient péri après que des activistes islamistes eurent envahi un QG des services de sécurité.

UN HOMME AVEC UN GRAND SAC

Ahmed Moustafa, serveur dans un café proche du lieu du premier attentat, a parlé d’une énorme boule de feu qui a parcouru un parking à l’extérieur d’un centre commercial de Charm el Cheikh. Il était 1h15 du matin (22h15 GMT vendredi).

L’explosion a ravagé de nombreuses voitures, dont ne subsistait plus que l’armature métallique, et endommagé de nombreux bâtiments alentours.

Les autorités ont affirmé que qu’une voiture piégée avait explosé. Mais selon une femme témoin des événements, un homme portant un grand sac de voyage s’est immiscé dans la foule et a crié en arabe égyptien : "J’ai une bombe."

Certains sont partis, mais beaucoup ont cru qu’il blaguait, a-t-elle ajouté. Deux minutes plus tard, l’explosion a retenti là où il avait posé son sac.

"J’ai vu une voiture voler en l’air, des gens courir", a dit par téléphone Yehya Mohamed, un restaurateur. "Je crois que je ne pourrai jamais l’oublier. C’est un revers terrible pour le tourisme."

Selon un responsable des services de secours qui a requis l’anonymat, de nombreux ouvriers égyptiens qui se trouvaient dans un café du vieux souk de Charm el Cheikh, comptent parmi les blessés. Dix-sept des victimes ont été brûlées au point que leur identification est impossible.

Deux autres déflagrations successives provenant de Naama Bay ont été entendues ensuite dans un rayon de 10 km.

La première s’est produite à l’hôtel Ghazala Gardens et la deuxième visait une station de taxi, selon des témoins. Les attentats ont eu lieu à une heure où de nombreux touristes se trouvaient dans les cafés et les bars.

Charlie Ives, un agent de la police londonienne en vacances après avoir vécu les attentats de Londres, le 7 juillet, raconte avoir fui une première explosion avec sa femme pour se trouver quatre minutes plus tard sur le site d’une deuxième.

"Toute la zone a été instantanément couverte de débris. Une énorme boule de fumée s’est formée, c’était l’hystérie", a-t-il expliqué devant les caméras de la BBC.

Le président égyptien Hosni Moubarak a interrompu ses vacances sur la côte méditerranéenne pour se rendre sur les lieux de l’attentat, ont annoncé des responsables égyptiens.

Par Reuters