Maroc : l’évangélisation en question

La réponse de Ahmed Taoufik, devant la chambre des Conseillers est, cette fois, catégorique. "Aucun étranger n’a déclaré à l’administration marocaine qu’il était venu pratiquer l’évangélisation ", a-t-il affirmé. Une déclaration sensée, par ailleurs, mettre un terme à une polémique qui n’en finit pas sur l’activisme des évangélistes au Maroc. Les chiffres annoncés par les politiques sont, pour le moins, alarmistes et évoquent une déferlante de quelques milliers d’évangélistes, en particulier américains, qui pratiqueraient leur mission au vu et au su de tout le monde. Le gouvernement qui avait, au départ adopté une attitude prudente face à un sujet très délicat, n’en a pas moins mené l’enquête, pour aboutir à l’affirmation - dans un document confidentiel - de l’existence de 800 missionnaires dans le pays.

Les députés istiqlaliens n’en démordent pas. Ils continuent de manifester leur inquiétude face à ce qu’ils désignent comme étant "une véritable offensive de l’évangélisme au Maroc". Ils ont dénoncé, d’abord à demis mots puis de manière claire, le manque de vigilance des autorités. C’est sur ce point précis que semble répondre aujourd’hui le ministre des Habous et des Affaires islamiques. "Les activités des étrangers établis au Maroc sont connues ", a précisé le ministre.

Et d’ajouter que "les religieux chrétiens reconnus par l’Etat sont ceux qui travaillent dans des églises de différentes confessions pour l’encadrement de leurs frères chrétiens établis ou de passage au Maroc". La référence est ainsi faite aux représentations des églises officiellement reconnues.

Ahmed Taoufik a souligné que les prêtres et évêques, hommes et femmes, "font partie de ceux qui ont des principes et des valeurs morales et qui ont su, des décennies durant, apprécier à leur juste valeur la tolérance et l’ouverture des Marocains. La visite du pape Jean Paul II au Maroc en est la preuve ".

Il a signalé que si des éléments perturbateurs venaient à nuire à ce climat de sagesse, Chrétiens et Musulmans sont capables de conserver leurs relations d’amitié par la pondération garantie par la force de loi.

Il a, par ailleurs, fait observer que les missionnaires sont actuellement en mesure de transcender le contact direct en mettant à contribution les chaînes de télévision, les sites Internet, etc.

"Les pauvres de ce pays ne sauraient abandonner leur confession en raison du besoin ", a-t-il dit, considérant que les actions caritatives initiées, de manière limitée, par les Chrétiens, ne portent pas nécessairement atteinte à la religion musulmane dans la mesure où ces initiatives de bienfaisance sont ancrées dans les pratiques de l Eglise.

Des explications qui ne semblent pas satisfaire les militants istiqlaliens. Ces derniers pensent que si le ministère des Habous et des Affaires islamique adopte une vision nouvelle dans sa politique en allant au plus près des populations démunies et en lui apportant son soutien il pourrait contrecarrer l’action des missionnaires.

Source : lematin.ma