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Liban : Karamé démissionne

jeudi 14 avril 2005, par nassim

En plein 30e anniversaire du début de la guerre civile au Liban (1975-90), le premier ministre désigné Omar Karamé a renoncé mercredi à former un gouvernement.

L’opposition a accusé le pouvoir pro-syrien de vouloir torpiller les prochaines législatives.

La décision de M. Karamé rend

Liban : Karamé démissionne.

de plus en plus improbable la tenue des législatives dans les délais constitutionnels, soit avant le 31 mai, comme l’exigent l’opposition et la communauté internationale. Le gouvernement doit en effet convoquer les électeurs aux urnes au moins un mois avant le scrutin, soit d’ici une quinzaine de jours. « Nous sommes une fois de plus dans l’impasse », a déclaré M. Karamé tout en estimant, contre les apparences, qu’ »il est encore temps » d’organiser des élections avant l’échéance constitutionnelle. Il a dit avoir pris cette décision en raison des « divergences qui sont apparues » dans le camp pro-syrien.

Vide politique

Le vide politique actuel - le gouvernement Karamé I expédiait les affaires courantes en attendant la formation du gouvernement Karamé II - pourrait donc déboucher sur une aggravation de la crise déclenchée à la mi-février par l’assassinat du prédécesseur de Karamé, Rafic Hariri.

Ce meurtre avait fait descendre dans la rue l’opposition à la Syrie et au gouvernement pro-syrien. Il avait provoqué la première démission de M. Karamé, aussitôt reconduit à son poste par le Parlement et le président Emile Lahoud, eux aussi favorables à Damas.

Selon une source officielle, le chef de l’Etat a accepté la démission de M. Karamé. Il va entamer vendredi des consultations parlementaires pour permettre aux députés de désigner un autre premier ministre.

« Fuite en avant »

L’opposition anti-syrienne, qu’elle soit chrétienne, druze ou sunnite, accuse toutefois les autorités en place de chercher à différer le scrutin en prolongeant artificiellement la crise. Si des élections ne peuvent être organisées, le Parlement, dominé par les pro-syriens, est en effet habilité à prolonger la législature de plusieurs mois.

Le principal chef de l’opposition, le druze Walid Joumblatt, a qualifié la décision de M. Karamé de « fuite en avant qui ne sert à rien ». Il s’exprimait lors d’une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg, où une délégation de l’opposition effectue une visite.

Avant la démission de M. Karamé, l’opposition avait menacé de redescendre dans les rues « pour forcer le premier ministre sortant à s’effacer devant un autre, qui formera un gouvernement ». Le député Marwane Hamadé a averti qu’un report des élections provoquerait une « grève générale » dans le pays et de « nouvelles manifestations ».

Pression française

Le ministre français des affaires étrangères Michel Barnier a réaffirmé la nécessité d’organiser ces élections « au mois de mai, en temps prévu », à condition qu’elles soient précédées d’un retrait militaire syrien total avant le 30 avril.

La population a quant à elle participé massivement mercredi aux cérémonies de commémoration du 30e anniversaire de la guerre du Liban, lancées dimanche sous le slogan « plus jamais la guerre ».

Des marches pour la paix et des concerts étaient au programme, ainsi que des manifestations sportives sur la place des Martyrs dans le centre de Beyrouth, devenue place de la Liberté depuis l’assassinat de Rafic Hariri.

Source : tsr.ch