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Les officiers du roi du Maroc

mardi 12 septembre 2006, par Samir

Le roi Mohamed VI du Maroc et la corruption que pratique les quelques puissants généraux de l’armée marocaine sont au coeur du livre "Les officiers de sa majesté", de Mahjoub Tobji, un ancien militaire.

Le livre qui fait trembler le Maroc.

Lors de sa carrière, Mahjoub Tobji a servi aussi comme aide de camp du roi Hassan II et côtoyé les puissants généraux qu’ont été Oufkir et Dlimi ou qu’est toujours Housni Benslimane, le patron de la gendarmerie. Il connaît bien les intrigues de la cour qui lui ont valu d’être emprisonné avant de fuir et de revenir dans son pays après une étonnante rencontre avec le roi en décembre 1985 à Paris. Il a échappé à des tentatives de liquidation.

À son retour au Maroc, il n’aura plus jamais de fonction jusqu’à sa retraite en 2003 avec les galons de commandant. Ses désillusions ont produit les Officiers de Sa Majesté, un livre qui donne un éclairage inédit sur le royaume où le roi n’est finalement qu’une potiche agitée par des généraux incompétents et surtout corrompus. Le défunt Hassan II n’est d’ailleurs pas étranger à cette boulimie. Après avoir survécu à une deuxième tentative de coup d’État, il a conseillé à ses galonnés de ne pas faire de politique mais des affaires. Message entendu. Mais moins futé que le laisse croire sa réputation, le roi s’est en réalité retrouvé piégé. C’est le coup d’État permanent réussi par Dlimi dans les années 1970 et perpétué par Benslimane depuis les années 80.

La proximité des îles Canaries a permis aux uns de s’adonner à tous les trafics et d’amasser des fortunes colossales. Et si la guerre perdure, c’est bien pour perpétuer ces trafics. Car, au front, point de bravoure. “De tout temps, le Polisario est resté maître de la manœuvre, choisissant le lieu et l’heure pour attaquer à sa guise, tandis que nous nous contentions de réagir”, écrit l’officier. Quand le Polisario fait plus de 2000 prisonniers, il n’en perd que quelques-uns. Au tapis, les soldats marocains se comptent par milliers. Pendant ce temps, “le roi du Maroc se trouvait dans le noir le plus complet et ne savait que ce qu’on voulait bien lui dire”. Que faire ? Les hauts gradés ont recours aux “méthodes basse police” consistant à tenter d’acheter les Sahraouis.

En retour, que de l’aversion. “Au Sahara, nous avons payé chèrement les dérapages et dérives de la plupart des responsables militaires dont le premier souci était l’appât du gain. Ils ont consacré toute leur ingéniosité, tout leur savoir à amasser des fortunes en trafiquant avec les îles Canaries, en rognant sur tout ce qu’ils pouvaient”. Même après la construction du “mur de défense”, le Polisario a pu détruire ou forcer presque aussi souvent qu’il le voulait des portions de cette ligne de défense. Dire que le Maroc a gagné la guerre est “inexact”, juge le commandant Tobji. Cinquante ans après l’indépendance du royaume, le constat est terrible : “Une armée en décomposition, plus affairiste que jamais, dont les chefs s’enrichissent de manière outrancière et dont une partie de la troupe se drogue, n’est plus en mesure d’accomplir sa mission première, à savoir assurer la défense de la patrie”.

Synthèse de Samir, algerie-dz.com
D’après Liberté