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Les dessous d’un deal boulangers - ministère du Commerce
La conjoncture politique ne tolère pas une "grève du pain."
jeudi 11 mars 2004, par
Les boulangers ne baisseront pas les rideaux. Rien d’anormal à première vue. Officiellement, les protagonistes, à savoir les boulangers à travers leur syndicat national, et le ministère du Commerce, sont arrivés à un accord.
Le hic est qu’à la lecture du communiqué, l’on constate que Noureddine Boukrouh n’offre rien de nouveau. Au bout de deux jours de négociations, il a, en tout et pour tout, réitéré les engagements déjà pris, il y a deux mois par la tutelle. Il a, comme l’avait déjà fait son directeur des activités commerciales, M. Yahiaoui, en janvier dernier, « rassuré » les boulangers que la farine sera disponible sur tout le territoire national au prix fixé par l’Etat depuis 1996.
Le ministre a, également, rappelé que le gouvernement a instruit l’Office algérien interprofessionnel de céréales (OAIC) d’approvisionner les minoteries en blé tendre au prix également arrêté par la loi.
Tout cela, les boulangers le savent, depuis des semaines et ceci ne les a pas empêché de décider d’une grève de trois jours à compter de samedi prochain. Le vent a, apparemment, changé de direction et les engagements de Boukrouh « ont séduit » subitement le comité national de cette corporation.
Mais, l’impact n’est pas le même chez « les troupes » de ce syndicat, qui ne partagent pas forcément le revirement leur direction. Une réaction que « comprend » le secrétaire général du comité national des boulangers et pâtissiers affiliés à l’UGCAA, M. Madjdoub Benabdesselam.
Pourquoi alors annuler la grève ? « Le ministre du Commerce a pris des engagements fermes et signés et des commissions ont été installées pour prendre en charge les revendications des boulangers », explique ce même responsable.
« Mieux » ! « Les nouvelles structures des prix feront objet d’un rapport qui sera fait avec les représentants du syndicat », ajoute le SG, qui, selon lui, est « un acquis » pour la corporation.
Pourtant, les boulangers avaient clairement signifié, lors de leur assemblée générale de samedi dernier, « qu’ils voulaient des mesures urgentes et qu’ils ne veulent plus attendre ». A cette remarque, M. Benabdesselam lâchera, « cela fait huit ans qu’on souffre de la situation. On peut bien attendre un mois ! ». Plus explicite, si besoin est, il ajoute que « la conjoncture ne se prête nullement pour une grève des boulangers ». Pourtant, il y a à peine quelques jours, ce même syndicat s’est déclaré « s’en f... » de toutes considérations politiques !
Mais, tout compte fait, « tout devra attendre l’après-8 avril prochain », pour reprendre les propos d’un boulanger de la capitale qui s’est déclaré « outré par la gestion du comité ».
Tout porte à croire que les pressions politiques exercées sur le syndicat ont convaincu cette corporation de ne pas envenimer davantage un climat social instable. A charge du département de Boukrouh et de l’OAIC de désamorcer, durant cette trêve, ce conflit latent en offrant effectivement du blé tendre aux minotiers
Ghania Amriout, Le Quotidien d’Oran