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Les ambitions du roi du Maroc

jeudi 3 novembre 2005, par Rédaction

La diplomatie agressive du Maroc à l’égard de l’Algérie a pris des proportions indécentes avec l’affaire des clandestins africains refoulés par le Maroc vers l’Algérie.

Le roi du Maroc se veut ferme au sujet du Sahara Occidental.

L’affaire des clandestins africains, tirés comme des lapins sur les grillages de Ceuta et Melilla, et traités comme des animaux par l’armée marocaine en les laissant sans eau et sans nourriture avec la seule « consigne » de se diriger « tout droit vers l’Algérie », a donné un aperçu de toute l’étendue des tensions encore vivaces. Il en est de même des fuites orchestrées par les proches du roi du Maroc qui alimentent la presse marocaine d’informations relatives à la « défection » de l’ancien chef de cabinet de la présidence algérienne, Larbi Belkheir, dont la venue à Rabat ne s’est pas encore concrétisée.

Les calculs du palais royal sont clairs en termes de politique étrangère. Depuis le sommet bancal de mars 2005 à Alger entre Bouteflika et Mohammed VI, les conseillers du roi, dont l’incontournable Al Himma, le Karl Rove du roi du Maroc, semblent décidés à exploiter toute opportunité qui pourrait mettre dans l’embarras le pouvoir algérien. Emballés par l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika, du fait de ses liens particuliers avec Oujda, les Marocains ont sous-estimé, au départ, la capacité du président algérien à isoler le Maroc sur la scène internationale pour répondre aux atermoiements du roi marocain, franchement indécis à modifier sa politique hégémonique au Sahara-Occidental. Que ce soit à l’UA, à la Ligue arabe, avec l’UE ou vis-à-vis de l’Espagne et des Etats-Unis, la maîtrise diplomatique de Bouteflika a fait passer Mohammed VI pour un novice en politique.

Durant l’été dernier, la diplomatie marocaine s’est ainsi lancée dans une opération maladroite qui consiste à organiser des manifestations de protestations autour des ambassades algériennes en Europe et en Amérique. Rabat a mobilisé tous ces réseaux d’agents de la DGED et des consulats marocains pour rameuter les associations d’immigrés marocains pour s’en prendre aux représentations diplomatiques algériennes.

Mohammed VI a décidé de reprendre la main en se lançant dans une campagne de charme en direction des Etats-Unis, décrypté à Rabat, comme le soutien agissant du président Bouteflika. Le recul des thèses marocaines à l’ONU, dû à la vigilance pragmatique du représentant algérien à New York, Baâli, a également donné l’idée aux Marocains de se repositionner vis-à-vis de Washington, constatant que l’alignement diplomatique sur la politique onusienne de la France n’a pas abouti à des résultats probants.

Ces paramètres font en sorte que Rabat n’est pas disposé à lâcher la question du leadership maghrébin, point de discorde de la construction maghrébine. Tout en sachant la quasi-sacralité de la défense du peuple sahraoui face à la colonisation marocaine, dénoncée comme telle par Bouteflika lui-même, Rabat n’en démord pas. L’essentiel est de couper toute possibilité de renforcement de la présence algérienne sur la scène internationale. Premier ciblé, évidemment, le président Bouteflika qui, à travers son lobbying efficace, notamment dans le domaine militaire comme avec l’OTAN et le Pentagone, risque de marginaliser définitivement le rôle régional du Maroc.

Synthèse de Rayane
D’après le Quotidien d’Oran