Accueil > INTERNATIONAL > Les ambitions démocratiques de Vladimir Poutine

Les ambitions démocratiques de Vladimir Poutine

lundi 25 avril 2005, par Hassiba

La Russie doit se développer à son rythme en tant qu’« Etat libre et démocratique », a déclaré aujourd’hui le président russe Vladimir Poutine, qui a proposé par ailleurs une amnistie pour les capitaux accumulés par les citoyens en-dehors des circuits légaux.

« J’estime que notre principale tâche politique et

Vladimir Poutine.

idéologique est le développement de la Russie en tant qu’Etat libre et démocratique », a assuré le président russe dans son adresse à la nation, transmise en direct par les deux chaînes publiques. « Dans la Russie d’aujourd’hui, les valeurs de démocratie ne sont pas inférieures aux aspirations à des succès économiques », a-t-il ajouté, s’adressant aux deux chambres de l’Assemblée nationale réunies au Kremlin. Reprenant brièvement un thème très présent dans sa pensée, il a souligné que les progrès de la démocratie en Russie n’allaient pas être dictés de l’extérieur. « Il faut préserver nos valeurs, ne pas perdre nos acquis et trouver notre voie propre vers la démocratie », a-t-il dit.

Le président Poutine a consacré une partie de son intervention, lue à un rythme rapide pendant 47 minutes, à l’évocation des causes des difficultés que la Russie continue à connaître.

A commencer par la chute de l’URSS qualifiée de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle dernier » et le rôle joué par les oligarques, les milliardaires enrichis grâce aux privatisations controversées des années 1990.

Le plus connu d’entre eux, Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, attend son verdict mercredi.

Il s’en est aussi pris à une bureaucratie « inefficace et corrompue », sans oublier la « menace encore forte » du terrorisme qui porte « des coups très douloureux ».

Il n’a pas manqué toutefois d’y ajouter quelques accents optimistes. Ainsi, si les fonctionnaires « se présentent encore souvent comme une caste fermée et manifestement hautaine qui comprend le service public comme une espèce d’affaire commerciale », ils ne devraient pas moins voir leurs revenus réels multipliés par 1,5 en l’espace de trois ans.

Une augmentation d’autant plus justifiée que, dans le public, « 12 sur 18 catégories de la grille des salaires se trouvent au-dessous du minimum vital ».

De même, M. Poutine a suggéré qu’il faudrait supprimer les impôts sur les donations et les héritages. Une mesure, a-t-il dit, qui bénéficiera plus aux modestes propriétaires « d’une maisonnette en bois » qu’à ceux des « fortunes de plusieurs milliards (...) cachées de toutes façons quelque part dans les zones offshore ».

Mais il n’a pas oublié ces derniers, invités à participer au développement de l’économie nationale en y réinjectant leur argent, tous comme les investisseurs étrangers.

Pour le faire, les citoyens doivent pouvoir faire une déclaration simplifiée avec deux conditions : « le paiement d’un taux d’impôt de 13% sur ces sommes et leur transfert dans des banques russes », a précisé le président russe. Le taux de 13% est celui de l’impôt sur le revenu en Russie.

« Il s’agit de facto des conditions d’une amnistie », a confirmé peu après le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.

Théoriquement, cette mesure pourrait bénéficier précisément aux oligarques. Mais le ton adopté par le président Poutine à leur égard n’avait rien de tolérant.

« Les oligarques, possédant une concentration illimitée de moyens d’information, les ont utilisés dans leurs propres intérêts corporatifs », a déclaré le président russe, sous le mandat duquel une mise au pas des médias, des chaînes nationales de télévision notamment, a été opérée.

« Ceux qui pensaient que la jeune démocratie russe n’était pas le prolongement de l’Etat russe, mais l’agonie du système soviétique, se sont trompés », a-t-il ajouté, dans une allusion visant, semble-t-il, deux ex-magnats des médias, Boris Berezovski et Vladimir Goussinski, aujourd’hui en exil.

Source : AFP