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Les ambitions à objectif à long terme des Espagnols

samedi 4 décembre 2004, par Hassiba

Le groupe Sonatrach s’allie au consortium ibérique Repsol - Gas Natural sur le projet gazier Gassi Touil.

Il y est lié par un contrat de partage de production signé mercredi 2 décembre à la résidence El Mithak, à Alger. Gassi Touil, mis en compétition à travers un avis d’appel d’offres international, est un projet de taille, nécessitant la mobilisation de près de 3,5 milliards de dollars d’investissement. Il est étalé sur trente ans, avec une période de développement de cinquante ans. Les termes du contrat prévoient de forer cinquante-deux puits de développement, d’en reprendre seize existants, de construire des installations de surface pour le traitement de vingt-deux millions de mètres cubes par jour de gaz brut, de mettre en place de nouvelles capacités de transport de 6,5 milliards de mètres cubes par an de gaz de vente. Et de construire, enfin, une nouvelle usine de liquéfaction d’une capacité nominale de quatre millions de tonnes par an. Ce gros contrat, les Espagnols l’ont décroché à l’issue de l’ouverture publique des plis des compagnies ayant soumissionné pour ce projet, organisée le 17 novembre dernier à l’hôtel Sheraton.

On s’en souvient, le consortium ibérique a fait mieux que ses concurrents que furent Total, Anadarko et BP dans cette compétition. Par ce projet, Repsol et Gas Natural s’attachent à consolider leur position sur le marché national des hydrocarbures qu’elles connaissent bien. Leurs présidents respectifs ont remonté le temps lors de la cérémonie de signature du contrat, mercredi dernier, pour parler coopération avec la compagnie nationale des hydrocarbures.

Le patron de Gas Natural a rappelé ainsi que les relations avec Sonatrach datent de 1970 (signature du premier accord gazier). Les deux présidents ibériques ont promis un partenariat intensifié et étendu avec Sonatrach. Aux intentions et faits des deux compagnies venait se joindre une déclaration faite par l’ambassadeur d’Espagne à Alger, présent à la cérémonie de signature de ce contrat. Le diplomate espagnol, dans un français à l’accent ibérique, a dit que le projet d’aujourd’hui est un projet à caractère politique indéniable. Il est, a-t-il ajouté, de nature à renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. Le ministre de l’Energie et des Mines était également de la cérémonie. Chakib Khelil est revenu sur la complexité du projet Gassi Touil : il a fallu un travail colossal, accompli non sans succès, et par les cadres de Sonatrach et par ceux du ministère de l’Energie, pour mettre ce projet dans la législation actuelle du secteur des hydrocarbures, a-t-il dit en substance. Le président-directeur général de Sonatrach, Mohamed Meziane, s’est, pour sa part, dit réjoui de ce projet important et a affirmé la disponibilité du groupe dont il a la charge de travailler davantage sur le partenariat avec les entreprises espagnoles. Mohamed Meziane a noté aussi que « ce que nous venons de concrétiser aujourd’hui permet de poser un nouveau jalon dans notre coopération dans le domaine des hydrocarbures dont les entreprises ibériques manifestent de l’intérêt ».

Le projet Gassi Touil, c’est également, a-t-il ajouté, une action de grande importance. Elle confirme, a-t-il encore déclaré, la position de l’Algérie comme l’un des premiers fournisseurs de gaz de l’Espagne. L’Algérie en est un partenaire traditionnelle de logue date. Les exportations gazières de Sonatrach à destination de ce pays ont atteint ces dernières années dix milliards de mètres cubes par an dont près de 40% de GNL. A la faveur de la libéralisation du marché espagnol de l’énergie, la société nationale des hydrocarbures projette de prendre des participations dans des entreprises ibériques ou autres. En association avec Sonelgaz, elle veut également y exporter de l’énergie électrique.

En dehors des hydrocarbures, les Espagnols marquent une présence timide sur le marché national. Ils se font devancer par les Français et les Italiens, entre autres. Outre l’énergie, les secteurs de prédilection des Espagnols sont les services, l’hydraulique... Les Espagnols participent chaque année à la Foire internationale d’Alger. Que ce soit dans les hydrocarbures ou dans les créneaux classiques, les sociétés ibériques travaillent au long terme. Elles se savent concurrencées par d’autres. Et par seulement sur l’énergie.

Par Youcef Salami, La Tribune