Accueil > INTERNATIONAL > Le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem accusé de trahison

Le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem accusé de trahison

lundi 9 mai 2005, par Stanislas

ISRAËL : Irénéos 1er serait mêlé à la vente de deux hôtels dans la Vieille Ville à des « hommes d’affaires juifs »

La communauté grecque-orthodoxe en Terre sainte est en pleine ébullition. Irénéos 1er, le patriarche, a été destitué durant le week-end par la majorité des 17 membres du haut clergé réunis en synode. Une éviction sans précédent depuis plus d’un siècle. Après avoir évacué précipitamment le siège du patriarcat dans la Vieille Ville de Jérusalem, il est revenu sur place protégé par des dizaines de policiers israéliens. Ces proches dénoncent une « tentative de putsch ». Bref, la confusion règne au sein de cette église présente depuis le XVIe siècle à Jérusalem. Pour compliquer le tout, les gouvernements israélien, jordanien, grec ainsi que l’Autorité palestinienne estiment avoir voix au chapitre.

La crise a éclaté le mois dernier lorsque les médias israéliens ont affirmé, documents à l’appui, que le patriarche était mêlé à la vente secrète de deux hôtels près de la porte de Jaffa dans la Vieille Ville à des « hommes d’affaires juifs ». Aussitôt, une partie des quelque 25 000 Palestiniens de confession grecque-orthodoxe sont montés au créneau pour dénoncer cette « trahison ». Toute acquisition de biens immobiliers par des Israéliens dans les quartiers musulmans ou chrétiens s’inscrit pour les Palestiniens dans un projet de « judaïsation » de l’ensemble de la Vieille Ville conquise puis annexée à la suite de la guerre de juin 1967.

A chacune de ses sorties, le patriarche était accueilli ces dernières semaines par des manifestants le traitant de « vendu » et exigeant sa démission. La pression est telle qu’une partie du clergé a suivi le mouvement.

Pour sa part, Irénéos 1er plaide non coupable. Selon lui, la transaction, si elle a bien eu lieu, aurait été effectuée à son insu. Seule certitude en tout cas : aucun des protagonistes ne joue franc jeu. Les « activistes » palestiniens de la communauté veulent exploiter le scandale pour se débarrasser d’Irénéos 1er et surtout obtenir la nomination d’un patriarche d’origine palestinienne.

Du côté des politiques, les gouvernements israélien, jordanien et palestinien avancent avec une extrême prudence. « Nous n’intervenons pas dans les affaires des Églises, même si Israël a son mot à dire pour la nomination de leurs chefs », explique un proche d’Ariel Sharon. Soupçonné de sympathies propalestiniennes, Irénéos 1er avait ainsi dû patienter deux ans et demi après sa nomination pour que le gouvernement israélien veuille bien lui accorder son agrément.

A ces arrière-pensées, il faut aussi ajouter des considérations plus terre à terre. L’église grecque-orthodoxe est le plus gros propriétaire de biens immobiliers privés en Terre sainte. Elle détient par exemple un cinquième des bâtiments de la Vieille Ville, ainsi que les terrains sur lesquels se dressent la Knesset, la résidence du président et du premier ministre israélien, ainsi que la Grande Synagogue de Jérusalem sans compter de nombreux biens en Galilée et en Jordanie. De quoi réveiller les convoitises.

Par Marc Henri, figaro.fr

Portfolio