Accueil > ECONOMIE > Le marché pétrolier est en surproduction, selon l’Algérie

Le marché pétrolier est en surproduction, selon l’Algérie

dimanche 30 janvier 2005, par Hassiba

Le marché pétrolier est en surproduction mais des incertitudes persistent pour le deuxième trimestre, dont la demande chinoise et la production irakienne, a estimé vendredi dernier le ministre algérien du Pétrole Chakib Khelil, à deux jours d’une réunion de l’OPEP.

« La situation est très bonne. Nous avons une surproduction d’au moins un million » de barils par jour (mbj), a-t-il déclaré à des journalistes à son arrivée à Vienne. « Nous avons des niveaux de stocks supérieurs à la moyenne de l’an dernier et, bien sûr, une spéculation importante qui conduit à des prix du brut plus élevés », a-t-il souligné. Mais il est resté silencieux sur ce que sera la décision de l’OPEP, alors que plusieurs autres ministres de cette organisation se sont déjà prononcés en faveur d’un maintien du plafond actuel de production du cartel, fixé à 27 mbj. Le ministre algérien s’est contenté de faire part de ses inquiétudes pour l’évolution des prix et l’approvisionnement pétrolier au deuxième trimestre. « Il y a deux problèmes auxquels nous n’avons pas de réponses : la demande de la Chine durant le deuxième trimestre et la production de l’Irak au deuxième trimestre après les élections », a souligné M. Khelil. « Quand on aura des réponses à ces deux questions, on pourra dire si on va avoir des prix très, très élevés ou non », a-t-il ajouté. Selon lui, « la demande de la Chine pourrait être aussi forte que l’an dernier, et la production de l’Irak pourrait diminuer énormément. Si ces deux situations se combinent, on pourrait avoir des prix très élevés puisqu’il n’y a pas de surplus de capacités [de production] sur le marché ». L’OPEP veut une stabilité des prix, et non une forte volatilité des cours comme cela a été le cas lors des dernières semaines, a-t-il encore assuré.

Par ailleurs, le ministre algérien a estimé que les prix élevés du pétrole, qui dépassent les 47 dollars le baril à New York, n’avaient pas d’effet sur l’économie mondiale. « Vous savez bien qu’ils n’ont pas d’impact, que ce soit sur la croissance ou l’inflation », a-t-il déclaré. « La preuve est là : la croissance de la Chine est bien plus rapide qu’on le pensait, celle des Etats-Unis est bien meilleure, et les prix du pétrole en Europe ne sont pas aussi élevés puisque ces pays tirent avantage de la surévaluation de l’euro par rapport au dollar », a-t-il expliqué. Cette analyse de Chakib Khelil est conforté par celle du ministre saoudien du pétrole, Ali Al Nouaïmi, qui a affirmé que l’économie mondiale s’est développée de manière si vigoureuse que les fluctuations des cours du pétrole ont « peu d’effet » sur elle. Interrogé par des journalistes sur le risque de voir l’économie mondiale handicapée par des cours du baril à 50 dollars, il a répondu : « L’économie mondiale a crû tellement que de petites fluctuations du pétrole n’ont pas tant d’effet. » Il a toutefois refusé de se prononcer sur un niveau optimum pour les cours du pétrole, qui ont atteint cette semaine un niveau proche des 50 dollars le baril à New York, ainsi que sur l’issue de la réunion d’aujourd’hui. Plusieurs ministres des autres pays membres se sont déjà prononcés en faveur d’un maintien de ce niveau. Cette réunion coïncide avec les élections générales en Irak, membre fondateur de l’OPEP, et qui n’avait pu obtenir de report de la réunion. « L’Irak ne subit pas d’impact de la décision de l’OPEP », a relevé le ministre saoudien pour expliquer cette décision. L’Irak demeure exclu pour le moment du système de quotas de production de l’OPEP. « Pratiquement tous les économistes pourraient vous dire que la croissance va durer », a dit M. Al Nouaïmi. « C’est pour cela que nous faisons ce que nous faisons », a-t-il ajouté en allusion à la décision de l’Arabie saoudite d’augmenter sa capacité de production au cours des années à venir. Cette capacité, actuellement estimée à 11 millions de barils par jour (mbj), devrait atteindre 11,8 mbj en 2007, a-t-il dit. En ce qui concerne l’Europe, il a relevé que, grâce à l’euro fort, « les Européens n’ont rien senti directement de la hausse du pétrole ».

La fourchette pourrait passer à 32-35 dollars
D’un autre côté, le ministre koweïtien de l’Energie cheikh Ahmad Fahd Al Sabah a déclaré que « presque tous les membres » de l’OPEP sont d’accord pour maintenir les quotas actuels de production. « Je commence à croire que presque tous les membres soutiendront l’idée de s’en tenir à la même production », a-t-il dit à des journalistes. Interrogé sur l’identité des ministres qui s’opposeraient à un maintien du plafond de production, fixé actuellement à 27 millions de barils par jour, le ministre a répondu : « Pour le moment, personne. » Le ministre, qui est également le président en exercice du cartel, estime que le marché « paraît plus stable » depuis que les cours du brut ont chuté de près de deux dollars le baril vendredi. Mais il a appelé à la prudence avant le deuxième trimestre, lorsque la demande chutera en raison d’un réchauffement des températures dans l’hémisphère nord. Toutefois, interrogé sur la possibilité que l’OPEP réduise sa production lors de sa réunion prévue le 16 mars en Iran, il a répondu : « Il est trop tôt pour le dire. » En outre, le Koweït estime que la future fourchette des prix de l’OPEP doit se situer entre 32 et 35 dollars le baril et non plus entre 22-28 dollars. C’est dans ce contexte que les cours du pétrole brut ont reculé vendredi sur le marché à terme de New York, revenant vers le niveau de 47 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude », pour livraison en mars, a cédé 1,69 dollar à 47,15 dollars. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord a cédé 1,49 dollar à 44,95 dollars sur l’échéance de mars.

Par Amine Echikr, La Tribune