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Le Sida avance insidieusement à Annaba

mercredi 23 juin 2004, par Hassiba

Dans une première enquête effectuée par l’association Anis de lutte contre le Sida à Annaba, sur une population de 1 800 femmes enceintes, il s’avère que le taux de prévalence de cette maladie est de 0,2% alors que la valeur nationale pour cette même catégorie de population est de 0,1%.

Même si cette investigation n’a été effectuée qu’à titre “indicatif”, selon le Pr Laouar, président de l’association précitée et médecin-chef à l’hôpital Dorban, cela veut dire que Annaba est bien placée pour être un foyer actif de propagation du virus mortel. Par sa situation géographique d’abord, mais aussi par l’insuffisance des moyens mis en place pour lutter contre le sida (comme partout dans le pays).
Le centre de référence ne peut assurer que le dépistage des personnes qui se présentent au CHU d’elles-mêmes pour un prélèvement sanguin (2 629 depuis 1990, dont 68 étaient séropositives, un chiffre très aléatoire) ainsi que la prise en charge thérapeutique en milieu hospitalier ou en ambulatoire.

Toutes les autres missions du centre de référence stipulées pourtant par l’arrêté n° 23 du 8/9/2001 portant création de ces centres (Oran, Alger, Sétif, Constantine, Annaba et Tamanrasset), comme le suivi psychologique et social du malade, la mise en place des moyens diagnostiques, la formation du personnel dans les domaines clinique, biologique et psycho-social, ainsi que la diffusion et l’actualisation de l’information et des connaissances, dans ce domaine, ne sont pas assurés.

Sujet tabou au CHU, le nombre de malades hospitalisés sont tous “en phase terminale de la maladie”. Car beaucoup de séropositifs, une fois le diagnostic connu, ne reviennent plus au service infectieux de l’hôpital Dorban, et le Pr Laouar déclare que l’un des objectifs primordiaux de l’association Anis est de les retrouver à travers des enquêtes, pour leur inculquer toutes les mesures de prévention à prendre pour limiter la contamination.
“Mais après quoi ?” “Avant, nous constations la contamination de la population de Annaba par les porteurs du sida en provenance du sud (pays sub-sahariens) et les émigrés nord-méditerranéens, mais aujourd’hui, la contamination est locale, le virus avance insidieusement, nous ne pouvons pas lui barrer la route, mais juste limiter sa propagation par la prévention et l’information”. Cette situation que les spécialistes ne peuvent cerner mais dont ils pressentent l’ampleur de plus en plus menaçante, a poussé l’association Anis à multiplier ses actions d’information en direction des différentes couches socioprofessionnelles, notamment les personnels soignants, les étudiants, profitant même de certaines occasions pour toucher un auditoire le plus diversifié et nombreux possible, comme lors de la journée des femmes le 8 mars dernier, où les militants de l’association se sont présentés en plein meeting en offrant des roses et des rubans rouges, l’emblème de lutte contre le sida, et saisissant l’opportunité pour faire un petit speech sur la prévention de cette maladie mortelle.

Cinq professionnels de cette association menés toujours par le Pr Laouar reviennent d’une formation à Paris sur “la prise en charge de l’infection par le VIH” qui s’est déroulée du 31 mars au 2 mai, assurée par l’association française Migration-santé, encadrée par d’éminents spécialistes et chercheurs comme le Dr K. Chemlal, responsable du programme sida au ministère français de la Santé. Les médecins d’Anis ont pu, à cette occasion, travailler sur le terrain avec des associations françaises très nombreuses dans la lutte contre le sida et effectuer des rencontres avec les structures d’information, comme le Crips (d’Île de France et l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation de la santé). Une solide formation que les intéressés comptent mettre en application à Annaba à terme.

Les premiers pas d’une opération d’envergure sont faits dans le domaine de la lutte contre le sida par la prévention notamment qui va protéger des milliers de personnes en leur apprenant les gestes à faire pour se prémunir, mais aussi, par l’accompagnement des malades et des séropositifs. “Tout un programme qu’Anis ne pourra réaliser, malgré toute sa détermination, qu’avec l’aide de sponsors, et de la société général”.

Par Hafiza M., Liberté