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Le G7 fait pression sur Pékin sur les taux de change

lundi 18 avril 2005, par Hassiba

Conviés, comme lors des précédentes réunions du G7, à partager une partie des réflexions des pays riches, le ministre chinois des finances, Jin Renqing, et le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, ont décliné, cette fois-ci, l’invitation. Cette absence n’a pas suffi pour éviter à la Chine d’apparaître en filigrane dans toutes les discussions.

La flambée des prix du pétrole, considérée par les grands argentiers du G7 et du FMI, réunis samedi 16 et dimanche 17 avril à Washington, comme "un frein à la croissance", est pour partie due au formidable appétit énergétique de la Chine. Les déséquilibres croissants qu’ils ont dénoncés entre les parties du monde ­ accumulation de déficits aux Etats-Unis et surplus de réserves de changes en Asie ­ désignent directement Pékin.

Hôtes de la réunion, les Américains n’ont eu qu’une idée en tête : centrer la discussion sur la politique monétaire chinoise. Un mouvement protectionniste est en train de prendre forme au Congrès américain, où des parlementaires défendent une loi imposant une taxe de 21 % sur les produits chinois tant que Pékin n’aura pas assoupli son taux de change.

Les industriels américains affirment que le yuan, qui a une parité fixe avec le dollar, est sous-évalué de 40 %, ce qui donne un avantage compétitif aux exportateurs chinois. Le déficit américain vis-à-vis de la Chine est de 162 milliards de dollars. Cette peur pour l’emploi industriel aux Etats-Unis mais aussi en Europe est symbolisée par la déferlante des produits textiles chinois depuis la levée, au début de l’année, des quotas internationaux en vigueur depuis près de quarante ans.

A la veille du G7, M. Bush avait admis que les Etats-Unis "pressent" la Chine de "laisser flotter sa monnaie" de manière à pouvoir "commercer de façon libre et loyale avec elle". Le secrétaire américain au Trésor, John Snow, a repris ce discours lors d’entretiens bilatéraux. "La Chine a clairement dit qu’elle évoluerait vers un système de changes flexible et fondé sur le marché, a-t-il insisté. Elle est maintenant prête, et il faut avancer."

Malgré l’appui du directeur général du FMI, Rodrigo Rato, qui a estimé, samedi, qu’il existait "de fortes justifications" pour "un resserrement monétaire" en Chine, le communiqué publié à l’issue du G7 se contente de rappeler "qu’une volatilité excessive et des mouvements désordonnés des taux de changes ne sont pas souhaitables". "Nous insistons, disent les ministres, sur le fait qu’une plus grande flexibilité dans les taux de change est souhaitable pour les principaux pays ou les zones économiques où elle manque." Le ministre de l’économie, Thierry Breton, a estimé devant la presse "qu’il n’était pas dans l’intérêt de la Chine de garder une monnaie sous-évaluée".

A la veille du G7 de Washington, l’Union européenne avait, elle aussi, durci le ton vis-à-vis de Pékin en jugeant "absolument nécessaire" une "appréciation ordonnée" des monnaies asiatiques. Les Européens souffrent d’autant plus que la glissade du dollar, déjà préjudiciable à leurs économies, a été accompagnée par celle du yuan, en raison justement de ce lien fixe. Le ministre britannique des finances, Gordon Brown, a reconnu que toute décision sur cette question revenait aux autorités chinoises.

Par Babette Stern, lemonde.fr