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La vidéo de la décapitation de Nick Berg frappe les Etats-Unis

vendredi 14 mai 2004, par nassim

La violence des images diffusées par les terroristes qui ont décapité Nick Berg n’entame pas la volonté des Etats-Unis de poursuivre sa « mission » en Irak.

« Nous croyions avoir vu le pire en Irak, mais non... » Le visage fermé, Dan Rather, présentateur vedette de CBS, prévient les téléspectateurs. Mardi soir, toutes les télévisions américaines ont diffusé les mêmes images. Celles, reprises d’un site islamiste, de cinq hommes cagoulés, debout devant un homme agenouillé.

L’otage dit s’appeler Nick Berg, originaire de Philadelphie. L’un des bourreaux lit un texte qui appelle les musulmans à s’élever contre les « dégradations sataniques » infligées par les Américains aux détenus irakiens de la prison d’Abou Gharib. Nick Berg est jeté à terre, un coutelas est brandi. CBS et les autres chaînes américaines arrêtent là leur diffusion. Dan Rather et ses confrères précisent que le jeune Américain a ensuite été décapité par le commando, qui a brandi la tête face à la caméra. Déjà bouleversés par les photos de tortures de détenus irakiens qui font la une des journaux depuis deux semaines, les Américains se sont retrouvés face à une nouvelle « vidéo de l’horreur ». Mardi soir, le Département d’Etat a confirmé que le cadavre décapité de Nick Berg avait été retrouvé samedi près de Bagdad.

Al-Qaeda. Résident de West Chester (Pennsylvanie), où il tenait un commerce d’électronique, Berg était, selon sa famille, parti à la fin de l’année dernière en Irak à recherche de contrats dans les télécommunications. Il avait disparu depuis la mi-avril. Selon le site Muntada Al-Ansar, qui a diffusé la vidéo sanglante, c’est le Jordanien Abou Moussad al-Zarqaoui, proche d’Oussama Ben Laden et considéré comme le chef d’Al-Qaeda en Irak, qui aurait lui-même procédé à la décapitation. Hier, toutefois, les experts du renseignement précisaient qu’il était « quasi impossible » d’authentifier Al-Zarqaoui (lire en page 6).

Alors que les médias diffusaient en boucle des reportages depuis la ville natale de Nick Berg, l’indignation et le choc étaient perceptibles à Washington. La Maison Blanche a souligné aussitôt que ce meurtre filmé « montrait la véritable nature des ennemis de la démocratie ». « Nous ne céderons pas devant les terroristes et nous mènerons à bien notre mission en Irak », a précisé Scott McClellan, le porte-parole de George W. Bush, qui a présenté en personne ses condoléances à la famille du jeune homme.

Craintes. De nombreux élus ont fait part de leurs craintes que cet assassinat ne soit que le premier d’une série d’actes de vengeance contre les membres de la coalition, après les révélations sur les sévices commis à Abou Gharib. Alors que l’administration et le Congrès s’interrogent sur la publication de nouvelles photos de ces sévices (lire p. 4), le sénateur (républicain) Wayne Allard a estimé que « cette affaire montre que les photos d’Abou Gharib n’auraient jamais dû être rendues publiques. Elles ont exacerbé les antagonismes ».

La mort de Nick Berg semble surtout avoir renforcé le malaise d’une opinion publique qu’inquiète la situation en Irak. La Maison Blanche doit de surcroît faire face à une autre source d’embarras. La famille de Nick Berg - un juif dont tout le monde a noté que son exécution rappelait celle de Daniel Pearl, le journaliste du Wall Street Journal, en 2002 - a en effet confirmé qu’elle avait porté plainte contre le gouvernement. Selon son père, le jeune homme comptait rentrer d’Irak fin mars, avant d’être arrêté « sans raison » par la police irakienne, puis d’être détenu deux semaines, durant lesquelles il a reçu plusieurs visites d’officiers du FBI. « Si mon fils était revenu comme prévu, il n’aurait jamais été tué. Il a été détenu de façon illégale », a accusé Michael Berg.

Source : www.liberation.fr