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La filière liège, un marché de 30 millions de dollars
mercredi 16 février 2005, par
La filière liège en Algérie, c’est un marché de l’ordre de trente millions de dollars. Elle demeure cependant sous-exploitée, en proie à l’anarchie.
Cette situation, la direction des forêts veut la changer. Aussi a-t-elle organisé hier à l’hôtel Mercure une conférence pour discuter des voies et moyens à même d’y parvenir. C’est une suite à l’une des recommandations issues d’une réunion de travail animée en 2003 à Béjaïa portant sur l’organisation des activités d’exploitation, de transformation et de commercialisation du liège.
Dans une allocution qu’il a faite à l’ouverture de cette conférence, le directeur de la gestion du patrimoine forestier a indiqué que l’objectif que nous nous fixons est de moderniser, rentabiliser et accroître la production dans cette filière.C’est là, a-t-il ajouté, un moyen d’améliorer le revenu des populations riveraines de forêts de les maintenir dans la campagne et de freiner ainsi l’exode rural. Le directeur de la gestion du patrimoine forestier a par ailleurs avancé une somme de données pour situer l’évolution de la branche liège par rapport à la suberaie dans le monde. La production mondiale est concentrée dans les pays de la Méditerranée occidentale (81% la partie Europe et 19% en Afrique du Nord).
Aujourd’hui, la demande mondiale en liège est en augmentation, pendant que la production est en diminution. Qu’en est-il du patrimoine national ? Le patrimoine national forestier, ce sont environ 4,1 millions d’hectares. Les forêts de chêne-liège en occupent quatre cent quarante mille hectares, dont deux cent vingt-neuf mille de suberaies classées comme productives, ce qui place l’Algérie en troisième position après le Portugal et l’Espagne. Les chênes-lièges sont localisés principalement dans le tell oriental, qui offre des possibilités d’exploitation de liège estimées à 0,6 quintal par hectare et par an. Le directeur de la gestion du patrimoine forestier a noté qu’entre 1930 et 1984, la superficie des suberaies est passée de 440 000 hectares à 229 000 hectares, soit une régression de 46%.
La production, elle, ne s’est pas réellement améliorée. Elle tournait autour de cent vingt mille quintaux en 1990. Elle est estimée, ces dernières années, à quatre-vingt-dix mille. De plus, la suberaie algérienne est composée de plus de 60% de vieilles futaies, qui, relève le directeur du patrimoine forestier, par l’âge avancé des sujets de chêne-liège, accusant une régression en termes de production due à leur état physiologique, voient ses possibilités de production diminuer d’année en année. Sur la période 1964-1990, en ont été extraits 4,8 millions de quintaux de liège, soit l’équivalent de 43 millions de dollars. Le directeur du patrimoine forestier a avancé quelques pistes de travail en vue de repenser cette filière : actualisation des études d’aménagement sur l’ensemble des forêts productives, soit 229 000 hectares, réalisation des travaux d’amélioration de la coupe des arbres non productifs, après chaque récolte, régénération de vieux peuplements, soit 140 000 hectares...
La reconstruction du patrimoine forestier est inscrite dans le plan de reboisement adopté par le gouvernement. Il concerne une superficie à boiser évaluée à 1 245 000 hectares, dont 80 000 hectares en chêne-liège. Le ministre de l’Agriculture, dans un discours à l’occasion de cette conférence, a incité les opérateurs privés et publics à investir davantage dans cette filière. La conférence dont il s’agit a donné lieu à un large débat. Des industriels dans la filière, des économistes, présents à cette rencontre, ont soulevé une série de problèmes dont souffre la filière liège.
Par Youcef Salami, La Tribune