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La Tunisie libère 116 prisonniers algériens

mardi 5 avril 2005, par nassim

La Tunisie cherche à renforcer ses relations bilatérales avec l’Algérie. En signe de « consolidation des relations algéro-tunisiennes », le président Zine El-Abidine Ben Ali a décidé de faire bénéficier 116 prisonniers algériens détenus en Tunisie, du régime de la libération conditionnelle.

Cette mesure de grâce présidentielle est intervenue, le 17 mars dernier, à l’occasion du 49e anniversaire de l’indépendance de la Tunisie. L’initiative tunisienne traduit également, selon une source officielle, citée hier par l’APS, « la volonté des dirigeants des deux pays de développer davantage ces relations et de consacrer les valeurs de fraternité et de solidarité entre les deux peuples frères ».

Les prisonniers algériens détenus en Tunisie remplissaient les conditions légales d’une libération conditionnelle. La majorité d’entre eux ont été arrêtés, avons-nous appris, pour différents délits commis en territoire tunisien, tels que « le vol à la tire, le non-paiement des factures d’hôtels, des bagarres ou encore dans le cadre de l’immigration clandestine ». Certains étaient des harragas qui ont choisi le passage par la Tunisie comme voie d’entrée à l’Europe. Aucune information n’a été cependant communiquée par les autorités des deux pays quant à leur situation réelle et aux motifs de leur emprisonnement en Tunisie. Ce n’est pas exactement un contentieux, ni un sujet tabou, le dossier des prisonniers algériens détenus en Tunisie fait partie des discussions de la commission mixte algéro-tunisienne.

La mesure de grâce fait partie des prérogatives présidentielles du chef de l’Etat tunisien. Elle n’étonne pas outre mesure. D’autant qu’elle intervient dans un climat de très grande amitié entre l’Algérie et la Tunisie. L’excellence des relations algéro-tunisiennes s’est vérifiée à l’occasion des incidents de Sfax et des malheurs des supporters algériens en terre tunisienne. Rappelons-nous qu’à cette époque-là, les autorités algériennes n’avaient pas fait grief à la Tunisie. Par cette mesure de libération conditionnelle, les autorités tunisiennes semblent vouloir aplanir les difficultés et redonner une autre image à leur pays auprès des Algériens que celle gardée après les événements de Sfax. La décision du président Ben Ali intervient également dans un contexte de rapprochement global maghrébin marqué par le « dégel » entre le Maroc et l’Algérie ainsi que par la réémergence d’un discours rassembleur vantant les vertus d’un processus d’intégration régionale, celui de l’Union du Maghreb Arabe.

Néanmoins, cette mesure de grâce ne concerne pas uniquement des prisonniers algériens. Un « certain nombre de détenus » ont bénéficié, à la faveur de la même occasion, d’une mesure de grâce accordée par Zine El-Abidine Ben Ali, après un entretien avec les ministres tunisiens de l’Intérieur, de la Justice et des droits de l’Homme, selon l’agence de presse tunisienne TAP. L’agence officielle tunisienne ne précise pas le nombre de détenus graciés, ni leur identité. Cette mesure porte sur une réduction de peine pour certains d’entre eux et sur l’annulation du reliquat de la peine pour d’autres. Elle fait état d’une mesure de liberté conditionnelle accordée à plusieurs autres détenus « remplissant les conditions légales », d’une commutation de trois peines capitales en réclusion à perpétuité.

Par Samar Smati, quotidien-oran.com