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L’argent des candidats à la présidentielle

mardi 6 avril 2004, par Hassiba

Dans une course effrénée à la présidentielle, les six candidats qui ont eu à sillonner les multiples régions de notre immense pays ont dû engloutir des sommes importantes.

Dix-neuf jours de pérégrinations entre les villes du pays pour aller porter la parole du candidat, couvrir le pays d’affiches, confectionner et répandre la diffusion des programmes des six compétiteurs à la magistrature suprême, tout cela a un coût.

Peut-on ainsi connaître leurs budgets de campagne respectifs, eux qui ont misé tout au long de ces derniers jours sur une compétition acharnée ? L’argent n’est-il pas toujours le nerf de la guerre ? L’Etat a alloué 15 millions de dinars à chacun des candidats. Ce montant qui est une sorte de prime à leur investissement dans la quête des voix n’a pour ainsi dire pas été suffisant pour couvrir tous les besoins de campagne.

Les six ont dû selon toute vraisemblance mettre le double de ce montant, le triple, voire beaucoup plus même pour certains d’entre eux afin de se donner « un pouvoir d’achat » électoral à même de mener bataille sur tous les fronts pour conquérir un électorat. Cet instrument est d’autant plus important qu’il est susceptible d’influer lourdement sur la manière dont le candidat pourrait mener campagne. Mais quel est justement le budget mis par chacun d’eux ? « Nous avons fait une évaluation, sans excès ni restriction, de 8 à 10 milliards de centimes pour mener une bonne campagne », selon Ferdjallah, directeur de campagne du candidat Saïd Sadi.

Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Car aucun directeur de campagne de chacun des candidats à l’élection présidentielle n’a daigné nous fournir ne serait-ce qu’une idée sur la manne financière qu’ils ont mobilisée. Un secret ? Peut-être. Pour Ferdjallah, les moyens mis au profit du candidat Sadi « sont loin du compte ». Les représentants de Djaballah et Rebaïne, respectivement Abd El Ghaffour et Koumas, affirment pour leur part n’avoir pas « dépassé le plafond des 15 millions de
dinars » (un milliard et demi de centimes) que l’Etat leur a accordés. Par contre, si Ferdjallah considère que « tous (les candidats, ndlr) ont dépassé le plafond d’un milliard et demi », Sellal, directeur de campagne de Bouteflika, lui, estime que ce montant correspond « à 30 % du budget » de la campagne de Bouteflika, alors que Sallat, directeur de campagne de Benflis, a affirmé n’avoir pas effectué encore une « évaluation ».

Une quantité énorme d’affiches ont tapissé les murs du pays. Djaballah a, selon Abd El Ghaffour, consommé « une somme de 500 millions de centimes pour la confection d’affiches et 150 millions de centimes pour la campagne publicitaire ». Rebaïne, d’après son directeur de campagne, qui n’a pas mis d’argent dans la campagne publicitaire, a consacré une petite enveloppe pour la confection de « 150 000 affiches » et quelques dépliants. Pour lui, « l’argent n’est pas le nerf de la bataille ». On peut dire en somme que tous les candidats n’ont pas mis les mêmes moyens financiers dans cette compétition à la magistrature suprême.

Si par ailleurs d’aucuns reconnaissent l’importance de l’argent en la matière, il n’en demeure pas moins qu’ils tiennent tous à relativiser cette question. Les représentants des candidats susnommés, à l’exception de ceux de Rebaïne et Djaballah (et de Louiza Hanoune que nous n’avions pu joindre), reconnaissent avoir reçu des soutiens de la part de leurs militants et sympathisants. Un tabou cependant, il est inutile d’attendre qu’il soit mis un nom sur les hommes d’affaires qui auront contribuer au financement de leur campagne. Des milliards ont ainsi circulé dans ce « marché électoral » où sont mobilisés moyens de transports, hôtels et autres services.

Les candidats ont pris en charge une moyenne de 40 à 50 personnes, dont des journalistes, les accompagnant dans leurs déplacements. Mais, selon tous ceux que nous avons pu contacter, il est encore tôt pour donner une comptabilité sur les dépenses électorales des candidats.

M.B, El Watan