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L’Otan cherche à intervenir au Darfour

vendredi 29 avril 2005, par nassim

L’Union africaine sollicite une aide de l’OTAN au sujet de la crise au Darfour. Une occasion historique pour l’organisation d’apporter son soutien au continent noir.

La crise humanitaire au

Réfugiés du Darfour, Soudan.

Darfour pourrait offrir à l’Otan une occasion historique d’intervenir en Afrique. Le secrétaire général de l’alliance, Jaap de Hoop Scheffer, a reçu mercredi une lettre du président de l’Union africaine, Alpha Oumar Kadaré, sollicitant « un appui logistique des Etats membres de l’Otan aux efforts de l’UA au Darfour ». Malgré une certaine réticence côté français, les ambassadeurs des vingt-six pays alliés ont accepté d’entamer des « consultations » sur le sujet. Le président de l’Union africaine est attendu le 17 mai au siège de l’Alliance à Bruxelles. « Il ne s’agit pas de déployer des troupes au Soudan mais d’apporter un soutien logistique ou une aide à la plani fication des opérations », explique-t-on à l’Otan. Ce que le Soudan a accepté hier, si cette aide se limite à un aspect purement technique et logistique.

Avec 2 200 soldats déployés sur le terrain, l’Union africaine ne parvient pas à faire face à la guerre civile et au drame humanitaire. D’après ses estimations, il lui faudrait 10 000 hommes pour rétablir l’ordre. Une montée en puissance qui nécessiterait un appui extérieur. Mais lequel ? Celui de l’Union européenne ou celui de l’Otan ? Une nouvelle fois, les deux organisations sont mises en concurrence.

Autour du drame au Darfour, les intérêts stratégiques des Français se heurtent à ceux des Américains, de plus en plus présents en Afrique, surtout depuis les attentats du 11 Septembre. Washington pousse une intervention de l’Otan au Soudan. Robert Zoellick a été le premier à évoquer cette hypothèse, suivi par Condoleezza Rice, la semaine dernière à Vilnius. « S’il devait y avoir une requête de l’Union africaine en ce sens, j’espère que l’Otan y répondra favorablement », avait déclaré le chef de la diplomatie américaine. « L’Otan ne doit pas être le gendarme du monde », avait répliqué Michel Barnier.

Malgré l’urgence, la France préfère accorder la priorité à l’Union européenne pour régler la crise. « L’Union européenne peut et doit faire davantage », estime le ministre français.

L’attitude de méfiance de Paris face à l’Otan suscite les sarcasmes de certains de ses partenaires européens. « Le moindre intérêt de l’Otan pour l’Afrique est vécu comme une offense par les Français, comme une violation de leur chasse gardée », déplore un diplomate.

L’Union européenne a déployé une mission d’observation à Addis Abeba auprès de l’Union africaine. Les Vingt-Cinq ont également débloqué 125 millions d’euros d’aide humanitaire. Les Etats-Unis sont également très actifs, et participent avec la France et d’autres pays européens à une aide logistique sur le terrain. « Les Etats-Unis ne peuvent-ils pas travailler avec l’Union européenne sans passer par l’Otan ? » interroge un diplomate français.

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a demandé aux Américains et aux Européens de s’entendre et d’agir de concert avec efficacité, indifférent à la querelle entre l’Otan et l’Union européenne.

Par Alexandrine Bouilhet, lefigaro.fr