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L’Opep hésitante à dix jours de sa prochaine réunion

Réduira, réduira pas ?

dimanche 21 mars 2004, par Hassiba

A dix jours de sa réunion du 31 mars à Vienne, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) hésite toujours entre une réduction de sa production de brut pour compenser la baisse saisonnière de la demande et un maintien de son offre pour profiter de cours au zénith.

Le 10 février à Alger, les 11 membres de l’Opep étaient convenus de respecter dans un premier temps leurs quotas de production fixés à 24,5 millions de barils par jour (mbj) avant de les abaisser à 23,5 mbj à partir du 1er avril.

En début de semaine, les Emirats arabes unis, l’Indonésie et l’Algérie, rejoints par le Koweït, avaient semblé vouloir remettre en cause cette décision pour, sans le dire, tirer avantage de cours au plus haut depuis 13 ans.
D’autres pays étaient apparus déterminés à l’appliquer, estimant que le marché est bien approvisionné et que la demande va chuter au deuxième trimestre, le Venezuela allant jusqu’à proposer un relèvement des prix. Le cartel, qui satisfait environ 35% de la demande mondiale, « n’a pas intérêt à un prix du baril trop élevé (qui) risque de provoquer une récession dans les pays développés et de faire s’effondrer les cours », estime René Defossez, économiste à la banque CDC-Ixis.

« La tendance des prix du pétrole restera haussière » parce que « la demande, tirée par la Chine, est supérieure à l’offre », croit au contraire Antoine Brunet, économiste chez HSBC-CCF. L’Opep a, de ce fait, « tout intérêt à produire le plus possible le plus cher possible », ajoute un analyste de la banque de courtage londonienne Dresdner-Kleinwort-Wasserstein. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a revu récemment à la hausse son estimation de la demande pétrolière chinoise en 2004, de 230 000 bj à 580 000 bj. D’ici à 2025, les besoins de la Chine devraient passer de 5,4 mbj, actuellement à 10,9 mbj, selon l’AIE. Mercredi, le prix du baril avait atteint 38,18 dollars à New York, son cours le plus élevé depuis le 16 octobre 1990, juste avant la guerre du Golfe. « L’inquiétude sur les approvisionnements combinée à la crainte de nouveaux attentats terroristes, après le carnage de Madrid et l’attentat suicide de mercredi à Bagdad, contribue à doper les cours », selon Vincent Gaudier, analyste à la banque Rothschild. Il note également qu’un blocus imposé par la Géorgie à la République autonome d’Adjarie désorganise les exportations de brut de la mer Caspienne à partir du terminal de Batoumi par lequel transitent annuellement neuf millions de tonnes de produits pétroliers azerbaïdjanais, kazakhs et turkmènes.

La situation au Venezuela, où l’opposition cherche à invalider avec un référendum le président Hugo Chavez, nourrit parallèlement la nervosité des opérateurs à Londres et New York. Seul membre latino-américain de l’Opep, le pays fournit environ 13,5% du pétrole importé aux Etats-Unis, soit 7,4% de leur consommation. A l’approche de la saison estivale, le marché est encore préoccupé par le niveau des stocks d’essence américains, à leur plus bas depuis la fin novembre 2003. « Dans ce contexte, la décision que prendra l’Opep le 31 mars sera cruciale », estime l’analyste de Dresdner-Kleinwort-Wasserstein. « S’ils appliquent la décision d’Alger alors que la demande excède l’offre, les cours risquent de passer au-dessus de 40 dollars le baril », prédit-il.

« Le marché est correctement approvisionné », répond une source proche du cartel à Vienne, ajoutant que la flambée des prix trouve son origine dans la « spéculation ». Dans son rapport mensuel publié vendredi, l’Opep affirme, en citant des « sources secondaires », que ses membres avaient produit 28,14 mbj en février, « sans changement par rapport à janvier ».

Le cartel estime la demande pétrolière mondiale 2004 à 79,75 mbj, en baisse de 0,08 mbj par rapport à ses estimations de janvier, et à 50,01 mbj la production anticipée 2004 des pays non membres.

La Nouvelle République