Accueil > ALGERIE > Installation d’antennes relais GSM ou BTS en Algérie
Installation d’antennes relais GSM ou BTS en Algérie
mercredi 25 août 2004, par
Elle fleurissent sur les terrasses des bâtiments et des maisons individuelle. Certaines d’entre-elles occupent le haut des constructions publiques. Les antennes relais GSM (ou BTS) foisonnent en ce temps de concurrence téléphonique.
Mobilis, Djezzy et aujourd’hui Nedjma sont parvenus à installer, ces deux dernières années, des milliers de BTS à travers le territoire national, en particulier dans les grandes villes.
A Alger par exemple, 600 BTS se côtoient, non sans provoquer la colère de certains riverains, même si l’engouement pour le téléphone portable plaide pour sa popularité. Entre la décision d’implanter une antenne et sa mise en service, beaucoup de temps s’écoule.
Tout d’abord, l’opérateur, qui compte installer un réseau dans une ville (par exemple), doit impérativement planifier la portée et la couverture de ses BTS, en respectant une règle simple : le moins d’antennes possible pour couvrir le maximum d’espace. Pour cela, carte à la main, le responsable de la supervision du réseau doit lutter contre les deux ennemis de l’opérateur : les zones d’ombres, qu’aucune antenne ne couvre, et les chevauchements, car plus il y a de distance entre deux BTS et moins il faut en installer, d’où une économie substantielle pour l’opérateur. Avec ces espaces déterminés sur carte géographique, les superviseurs communiquent les coordonnées GPS des points à occuper aux agents d’acquisition de sites. Ces derniers doivent trouver, dans une zone de quelques mètres carrés, l’endroit idoine pour commencer le démarchage des fameux propriétaires de terrasses.
Les critères sont simples : hauteur et absence d’obstacles. Sur un terrain plat, la hauteur minimale d’une BTS du sol doit impérativement dépasser les 16 à 18 mètres. C’est ce qui explique la surélévation des antennes sur les terrasses des maisons individuelles qui ne sont pas suffisamment hautes. Si cette hauteur doit être dépassée, les installateurs changent de techniques et optent, à partir de 20 mètres, pour les pylônes à haubans, beaucoup moins esthétiques.
Les ingénieurs, chargés de l’acquisition de site, se retrouvent face à deux écueils : vaincre les appréhensions du propriétaire et négocier la location de sa terrasse. Pour ce qui est de rassurer leurs cibles, les démarcheurs sont passés maîtres en la matière. « La science n’a pas démontré que les antennes relais causaient des dégâts sur la santé. Ni votre télé ni vos autres appareils électriques ne seront affectés par les ondes des BTS », affirment les installateurs. Pour mieux convaincre, et en plus d’un loyer, l’opérateur promet de sécuriser l’électricité de l’habitation en y installant une prise de terre, un paratonnerre, de repeindre la maison et même, dans le cas des logements collectifs, de réparer l’ascenceur.
Certains opérateurs offrent un téléphone et une puce aux syndiqués d’immeubles ou aux propriétaires de terrasses. Côté argent, les loyers différent et vont de 10 000 à 100 000 DA par mois. L’irruption de Nedjma dans le paysage téléphonique à fait grimper les loyers des terrasses. L’entente faite, un contrat notarié de location est établi. Ce document stipulera qu’en plus de l’assiette en elle même, le propriétaire doit assurer, la sécurité des installations et le libre accès aux équipes de dépannage à toute heure de la journée et de la nuit. Ensuite, l’installation de la BTS ne prend que quelques jours. Un « shelter » (petite chambre en préfabriqué), contenant un climatiseur, des batteries et un ordinateur en plus des équipements de transmission, accompagnent l’antenne, ce qui représente un surpoids de plus d’une demi-tonne pour la terrasse.
Pour ce qui est des biens de l’Etat, aucune loi n’interdit à leurs gestionnaires de permettre, contre rémunération allant dans les caisses de la structure, à des opérateurs d’installer des BTS. Le ministère de l’Education a, dès 2001, signifié aux directions de wilayas, de s’opposer à l’installation d’équipements de transmission au dessus des lycées et des CEM et ce par mesure de précaution. Les écoles primaires, qui sont gérées par les APC, ne sont pas soumises à cette interdiction, il dépend donc des maires d’autoriser ou pas l’installation de BTS sur les têtes des petits écoliers. D’un point de vue juridique, mis à part les pylônes, qui sont soumis à un permis de construire et à une autorisation, aucune loi ne peut empêcher le propriétaire d’un terrain ou d’une terrasse d’y installer une antenne.
Les opérateurs doivent par contre respecter leur cahier de charges, et déclarer à l’agence nationale des fréquences toute installation d’antenne et toute diffusion de fréquence radio sur le territoire national.
L’utilité de ces antennes
La BTS représente l’infrastructure de base de l’opérateur. La téléphonie mobile sans antennes relais serait comme le chemin de fer sans rail. Les BTS transmettent les appels émis ou reçus dans la zone qu’elle couvre. Cette couverture dépend de multiples facteurs, dont : l’absence d’obstacles, l’éloignement entre deux BTS et leur sollicitation. De plus de 20 kilomètres de rayon, sur les routes et en rase-campagne, la portée du « champs » tombe à une centaine, voir quelques mètres en zone urbaine. Il faut le savoir, les BTS gèrent en moyenne de 50 à 100 appels simultanés. Dans les zones fortement peuplées, il faut parfois doubler, voire tripler le nombre d’antennes. Il est donc nécessaire d’installer de nouvelles antennes et de faire évoluer celles existantes. En Algérie, deux types de relais sont utilisés : les BTS, classiques qu’on voit sur nos terrasses et la micro-BTS, qui viennent en appoint pour couvrir les petites zones (dites blanches) non-couvertes par ses aînés.
Implantés en milieu urbain, les relais sont-ils dangereux pour la santé ?
Officiellement, et si l’on croit les réglementations internationales, il n’y aurait pas de danger à vivre à proximité des stations de base (ou antennes relais). Un grand nombre d’études scientifiques le dit avec un recul nécessaire car elles ont démarré il y a plusieurs dizaines d’années, avec l’apparition des premières antennes pour la radiodiffusion, la télévision ou les radars. Plus de 400 rapports et études sur l’exposition aux ondes, dites radio, ont été publiés. Ils s’appuient notamment sur l’observation des populations vivant à proximité d’émetteurs radio ou TV. Ces émetteurs utilisent des ondes de même nature que celles de la téléphonie mobile mais, en moyenne, 1000 fois plus puissantes.
Les avis des experts scientifiques sont convergents : les niveaux de puissance des antennes de téléphonie mobile sont trop faibles pour présenter un risque pour la santé des personnes vivant dans leur voisinage. Pourtant, dans certains pays européens, des voix s’élèvent pour dénoncer des failles dans les études et estiment que les antennes relais sont au moins responsables d’un réchauffement des pourtours de l’installation émettrice.
En gros, selon l’endroit où on se trouve, le rayonnement est plus ou moins important, mais reste tout de même « encaissable » par le corps humain, sauf dans les cas d’exposition réellement prolongée. Un exemple : l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSE), chargée par le gouvernement français du dossier santé et mobiles, ne nie pas les troubles ressentis par les personnes vivant près des antennes migraines, insomnies..., mais les qualifient de psychosomatiques, provoquées par la peur de l’inconnu. « Faux ! », rétorquent d’autres scientifiques souvent proches des associations opposées aux stations relais. Ces antennes pourraient entraîner des lésions beaucoup plus graves : épilepsie, maladie d’Alzeimer, voire même des cancers. Des scientifiques dénoncent l’apport financier des opérateurs à ces études mettant en cause par la même leur indépendance.
Ce qui est certain, c’est que l’émission d’ondes nocives par les BTS, représente moins de 1% de celles émises par les antennes FM et HF. Celles-là mêmes n’atteignent jamais les deux tiers de la dose critique admise. Les président de l’association des médecins algériens avait déclaré, il y a trois mois, lors d’un débat radiophonique, qu’aucun cas de maladie grave ou bénigne n’avait été enregistré en Algérie depuis l’avènement de la téléphonie mobile (NMT puis GSM). Finalement, rien n’indique avec précision le danger que peut représenter les antennes relais pour la santé de nos concitoyens.
Par Akram Kharief, El Watan