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Immigration clandestine : Milices en Arizona

mardi 26 avril 2005, par Hassiba

Pour stopper l’entrée massive de clandestins mexicains via l’Arizona, des Américains, organisés en patrouilles, surveillent la frontière.

Depuis le 1er avril, des citoyens américains jouent les douaniers sur la frontière mexicaine. « Nous avons décidé de faire le boulot que George Bush ne veut pas faire », explique Jim Gilchrist, organisateur du Minuteman Project, ainsi baptisé en référence aux patriotes insurgés contre les Anglais en 1773. Excédé par l’inaction du gouvernement face à l’ « invasion des clandestins », ce comptable à la retraite, vétéran de la guerre du Vietnam, a décidé de lancer une grande opération de surveillance civile pendant tout le mois d’avril, sur une portion de frontière aux confins de l’Arizona où passent plus de la moitié des 1,1 million d’immigrés entrant illégalement chaque année aux Etats-Unis.

Rameutés par Internet, près de 200 volontaires venus de tout le pays ont répondu à l’appel. Armés de jumelles et d’appareils de vision nocturne, ils se relaient nuit et jour pour détecter les intrus et les dénoncer aux autorités. « Nous ne sommes pas racistes, affirme Gilchrist, il y a parmi nous des gens de toutes religions et d’anciens immigrés. Il ne s’agit pas d’agresser les clandestins mais simplement d’aider les gardes-frontière à faire leur boulot. » La tension ne cesse de monter aux Etats-Unis autour du sujet de l’immigration depuis que George W. Bush, en avril 2004, a réaffirmé sa volonté d’adopter en la matière une politique « rationnelle et de bon sens » : il a demandé au Congrès d’approuver un programme destiné à faciliter l’obtention de visas pour les étrangers disposant d’un contrat d’embauche et à régulariser une partie des 10 millions de clandestins travaillant aux Etats-Unis.

Des débordements sont à craindre

L’initiative a hérissé les conservateurs, qui estiment que les frontières sont devenues des passoires. En novembre 2004, des élus républicains s’opposant à la ligne de leur président ont réussi à faire voter une loi contestée, la « proposition 200 », qui supprime les aides publiques et sociales aux sans-papiers. Cristallisant ce malaise grandissant, l’opération Minuteman a bénéficié d’une attention médiatique sans précédent. Les associations de défense des libertés publiques comme l’American Civil Liberties Union (Aclu) ont dépêché à leur tour des observateurs pour surveiller les miliciens. Le président Mexicain, Vicente Fox, a officiellement dénoncé une « chasse à l’homme ». Les gardes-frontière prennent eux aussi leurs distances avec les volontaires qui prétendent leur prêter main-forte, en les accusant de perturber leur travail et de piétiner les capteurs électroniques disposés le long de la frontière pour détecter les intrus.

Le premier dérapage s’est produit le 8 avril : trois miliciens ont capturé un Mexicain et l’ont forcé à endosser un tee-shirt marqué de l’ inscription suivante : « J’ai voulu traverser, mais tout ce que j’ai gagné c’est ce tee-shirt minable ». Les organisateurs du Minuteman Project risquent d’être débordés par leurs militants les plus radicaux. Casey Nethercott, chef d’un groupe d’extrême droite, Arizona Guard, a promis de déployer le long de la frontière, le 4 juillet prochain, jour de la fête nationale, des vigiles armés de mitraillettes et de fusils d’assaut.

Par Gilbert Charles, lexpress.fr