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George Bush fête à Washington le triomphe du projet conservateur

jeudi 20 janvier 2005, par Hassiba

Investi, jeudi 20 janvier, pour un second mandat à la présidence des Etats-Unis, il souhaite utiliser son "capital politique" pour réformer en profondeur la société américaine et poursuivre une politique étrangère "pour ceux qui, partout, aiment la liberté".

Jeudi 20 janvier 2005, la dynastie Bush entrera dans l’histoire comme l’une des familles ayant le plus marqué la vie politique américaine. George W. Bush, fils du président George H. W. Bush et petit-fils du sénateur Prescott S. Bush, prêtera serment pour un second mandat de président des Etats-Unis.

Il n’y a pas de charisme ou de style Bush que les autres hommes politiques envient ou imitent. Le clan est loin d’exercer la même fascination sur les Américains et les producteurs d’Hollywood que les Kennedy. La popularité de M. Bush au début de son second mandat est la plus faible depuis que les sondages existent pour un président réélu.

Mais les faits sont là. A la fin de l’année 2008, un Bush aura occupé la Maison Blanche pendant 12 des 20 précédentes années. En dépit des chutes de neige et d’un froid polaire à Washington, et d’une polémique sur le coût sans précédent - 40 millions de dollars - des festivités, les Bush et les républicains ont bien l’intention de fêter leur réussite.

Les célébrations, dont la tonalité est plutôt martiale, ont commencé, mardi, par une soirée dédiée aux jeunes militaires engagés -"un salut à ceux qui servent"- en présence de George et Laura Bush. "Une investiture présidentielle est un témoignage du pouvoir de la démocratie, un symbole de notre confiance dans la volonté populaire et un signe d’espoir pour ceux qui partout aiment la liberté", a déclaré le président américain.

Mercredi, la famille Bush au complet, frigorifiée, comme la foule, a assisté, en début de soirée, à un concert "célébrant la liberté" dans le jardin de la Maison Blanche. George Bush a assuré qu’"aucune nuit n’est trop froide pour célébrer la liberté". Il a rendu à nouveau hommage aux militaires "qui préservent la liberté et la force de notre pays". Le spectacle s’est conclu par un feux d’artifice.

10 000 MUSICIENS

Le couple présidentiel a fait ensuite une apparition dans trois dîners aux chandelles pour remercier ses partisans. De nombreuses soirées étaient organisées dans les grands hôtels de la ville et le seront encore, jeudi, par les républicains de différents Etats avec des thèmes comme "smoking et bottes de cow-boy". Les convives étaient essentiellement des dirigeants d’entreprises et des particuliers ayant contribué à financer les célébrations et, bien sûr, les membres du parti du président.

Il y a aura plus de solennité lors de la cérémonie d’investiture. Après avoir prêté serment à midi, une main posée sur la bible, sous la dictée du président de la Cour suprême William Rehnquist, George Bush prononcera un discours d’un peu plus d’un quart d’heure consacré à la promotion de la démocratie et de la liberté. Il évoquera aussi sans doute ses projets de réforme de la société américaine. Ensuite, une parade de plus de 10 000 musiciens venus de 50 Etats défilera dans les rues de Washington, décorées de drapeaux et de rubans tricolores, devant une foule estimée initialement à un demi million de personnes, avant de terminer à la Maison Blanche. Mais si la température reste autour de moins 10 degrés ou s’il neige à nouveau, il y aura sans doute beaucoup moins de monde.

La journée se terminera par des feux d’artifice et pas moins de neuf bals officiels dont le plus prestigieux, le "bal du commandant en chef", réunira 2 000 personnes dans une ambiance digne d’Autant en emporte le vent. Ce sera l’occasion, pour tout ce que le pays compte de personnalités républicaines, vêtues de smokings et robes de soirée, de tenter d’apercevoir le président et son épouse.

Jeudi, il n’y aura pas seulement, dans les rues de Washington, des partisans de George Bush et des membres des forces de l’ordre. Dans une ville qui a voté à une écrasante majorité pour John Kerry, les opposants à la politique républicaine et à la guerre en Irak ont l’intention de montrer qu’ils existent toujours. Plusieurs rassemblements sont prévus et il y aura même quelques "bals alternatifs"sur un mode humoristique. Plusieurs organisations dénonceront aussi les millions de dollars dépensés pour les festivités.

En dépit de ces critiques, M. Bush bénéficiera sans doute d’un moment de grâce jusqu’à son discours sur l’état de l’Union, le 2 février. Ensuite, sa tâche s’annonce plus délicate. Un sondage publié mercredi par le New York Times et CBS montre les sentiments partagés que nourrit l’opinion américaine à l’endroit de M. Bush et de sa politique.

C’est notamment le cas à propos de la réforme du système de retraites, que le chef de l’exécutif veut transformer. Une majorité d’Américains (51 %) pensent qu’il faut réformer ce système en profondeur et 24 % sont pour le rebâtir complètement ; 70 % croient que M. Bush réussira à le réformer. Cependant, 50 % pensent que la principale mesure préconisée par M. Bush - permettre de placer une partie des cotisations dans des fonds privés - est une mauvaise idée, contre 45 % d’avis contraire.

Concernant l’Irak, l’opinion est nettement plus sceptique. 75 % estiment que le président américain n’a pas de plan clair pour quitter l’Irak et qu’à la fin de son second mandat, il y demeurera un "nombre significatif" de soldats américains. Cela n’empêche pas 58 % des Américains de se dire optimistes, d’une manière générale, au début de ce second mandat.

Par Eric Leser, lemonde.fr