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Emprunt « Grand Public » d’Air Algérie

mercredi 8 décembre 2004, par Hassiba

Alors qu’elle devait se terminer le 2 décembre dernier, l’opération emprunts obligataires d’Air Algérie a été prolongée jusqu’au 9 de ce mois.

Des sources proches du pavillon national expliquent que ce délai constitue un « geste » envers les particuliers qui n’ont pas eu le temps de faire leur souscription. Elles ajoutent que le calendrier, marqué par le mois de Ramadhan, n’a pas été propice pour une opération de ce genre. D’autres sources avancent un argument opposé. Elles soutiennent que la décision d’allonger le délai de souscription « ne constitue pas un bon indicateur ». Un euphémisme pour dire que les objectifs fixés par le pavillon national de transport aérien n’ont pas été atteints.

Pourquoi, alors, un résultat aussi mitigé ? Là-dessus, les avis divergent également. Les plus cinglants déclarent tout de go que « le public ne se bouscule pas ». Ils mettent en cause l’image d’Air Algérie, « pas facilement vendable, même quand il s’agit d’emprunts obligataires blindés de garanties ». « Sonatrach, ajoutent-ils, a bouclé son opération en quinze jours ». Un point de vue contraire au discours de M. Tayeb Benouis qui avait déclaré, au moment du lancement de l’opération, qu’il n’avait pas de souci à se faire parce que « les Algériens aiment et apprécient leur compagnie ». Contraire également au discours de M. Hachemi Sayagh, le patron de Strategica, le cabinet-conseil qui a conçu et préparé l’opération. Lui aussi a parié sur l’engouement populaire et exprimé sa confiance dans les ressources importantes mobilisées. Et dans la campagne médiatique et publicitaire « grand public » qu’Air Algérie a financée.

Quant aux avis les plus indulgents, ils mettent en avant les conditions du lancement de l’emprunt. Ils sont persuadés que le choix de le faire durant le mois de Ramadhan n’était pas le bon. Plus sérieusement, ils évoquent le côté « première » de l’opération. Ils évoquent « le manque de maturation » pour l’emprunt obligataire destiné aux particuliers, « l’absence de culture » et le « manque d’habitude » du public algérien pour ce type d’opération. Pourquoi pas. Sauf que l’investissement consenti par la compagnie nationale (budget d’expertise, de publicité, etc.) est très important, même si la discrétion sur cet aspect est restée de rigueur.

Autre question : est-ce que l’opération destinée en second temps et « par appel restreint » aux banques et aux institutions financières va permettre de lever aisément la totalité des fonds prévus ? Et qui sont de l’ordre de 13,31 milliards de dinars (157 millions d’euros) pour servir au financement d’un cinquième Airbus 330-200 et de trois Boeing 337-800 livrables au 3e trimestre 2005 ? « Sans doute oui », répondent bon nombre d’experts, qui rappellent le succès des précédentes émissions d’emprunt obligataire lancées par Air Algérie. Toujours est-il que le montant des titres devant être vendus au grand public a été, rappelle-t-on, estimé à 10 milliards de dinars. La seconde tranche destinée aux banques publiques et privées est évaluée à 14 milliards de dinars. La BNA devrait, en tant que banque accompagnatrice de l’opération, faire un point incessamment sur l’opération « grand public ».

Par Kader Hannachi, Le Quotidien d’Oran