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Dena Bey brille dans l’Ahaggar

mardi 3 mai 2005, par Stanislas

Le jeune chanteur a déjà enregistré deux albums, Tazoudi n’Ahaggar (2003) et Tin Rouine (2004), chez Sahara Muse. Le style de Dena Bey est une fusion jazz avec le rythme tindi originel caractérisant la musique targuie, une rencontre entre culture locale et cultures universelles qui tranche avec ce qu’on entend habituellement dans la région.

Dena Bey, un nom à retenir. C’est le nom de la nouvelle étoile qui, née dans l’Ahaggar, monte doucement mais sûrement pour briller sur la scène culturelle nationale. Né en 1980 à Tamanrasset, ce jeune targui s’est taillé, en l’espace de quelques années, une place d’honneur sur la scène locale et promet, s’il est bien encadré, d’en faire autant sur d’autres scènes. Sa voix et son style de jeu et d’interprétation ont fait de Dena Bey la star du coin dont tout le monde parle. Son nom a vite fait le tour de la ville. Ce qui lui vaudra d’être sollicité pour l’animation des fêtes.

Avec des textes, en targui évidemment, et une musique, en world, il accroche comme il n’a pas su le faire dans les études où il s’est arrêté au niveau d’enseignement primaire. Pendant que ses copains s’échinaient à pénétrer le secret du calcul et de l’écriture, Bey travaillait au décryptage des gammes et des accords. Quand ses copains bûchaient, lui, il grattait la guitare. Et quand il se sentira assez fort et sûr de lui, Bey fera ses premiers pas dans la carrière de chanteur en constituant, en 1996, son groupe. Il s’appellera Ithrane n’Ahaggar (les étoiles de l’Ahaggar en targui). Le bouche-à-oreille ne tardera pas à produire son effet. Le groupe fera son baptême de la scène avec les fêtes familiales qu’il anime. Après trois ans de « scènes », Bey est fin prêt pour passer au degré supérieur, le studio. La radio de l’Ahaggar, qui est toujours à l’affût de nouveautés et qui fait de la promotion des jeunes talents locaux une de ses priorités, lui ouvre son studio pour l’enregistrement, en 1999, de Dounia, sa première chanson. Celle-ci ne passera pas inaperçue.

Le style de Dena Bey est une fusion jazz avec le rythme tindi originel caractérisant la musique targuie. Le titre Jazzouareg (composition de jazz et touareg) est un exemple de cette rencontre entre culture locale et cultures universelles qui tranche avec ce qu’on entend habituellement dans la région. Quant aux textes, en targui, dont certains sont écrits et mis en musique par Dena Bey, ils sont l’expression d’un quotidien avec ses réalités, ses rêves, ses problèmes et ses beautés. Le succès de Bey, jusque-là conjoncturel, sera concrétisé grâce à l’intervention de Salim El Amri, technicien en son de la radio Ahaggar qui a fondé récemment sa propre boîte de production et d’édition musicale, Sahara Muse, dont la vocation est justement la recherche et la promotion de jeunes chanteurs locaux.

Bey sera ainsi pris en charge par le jeune Salim qui est tout aussi populaire que son protégé et enregistrera, en 2003, chez Sahara Muse, Tazoudi n’Ahaggar (du fond de l’Ahaggar), son premier album sous forme de CD-ROM. Ce premier produit, porté par le succès du chanteur et la popularité de son producteur, sera bien accueilli par la jeunesse locale. Ce qui encouragera Bey et Salim à rééditer l’année d’après l’exploit avec un second titre, Tin Rouine (déserts). Comme le premier, ce dernier album sera aussi une réussite. Un tel succès ne pouvait que doper le jeune Dena Bey qui, voulant transformer l’essai, se décidera à boucler la boucle avec l’enregistrement d’un vidéo-clip. Avec deux albums et un succès appréciable, les responsables de la maison de la Culture de la ville de Tamanrasset ne seront pas difficiles à convaincre pour accorder à Bey aide et assistance en mettant à sa disposition les moyens audiovisuels qu’ils ont.

Et ils le feront.Mais, si Dena Bey, avec deux albums et un vidéo-clip, a de quoi être fier, il ne considère pas pour autant ces réalisations comme une fin en soi. Le jeune chanteur veut, en effet, aller plus loin en projetant entre autres de chanter sur d’autres registres, kabyle et chaoui, par exemple, en profitant de l’expérience d’autres chanteurs avec lesquels il se propose de chanter en duo. En attendant la concrétisation de ces projets, Bey a plus urgent à faire : promouvoir son produit. Or, c’est déjà là un challenge comme le soutient Salim El Amri en nous expliquant que Sahara Muse qui s’est équipée d’un studio mobile pour aller à la rencontre des jeunes artistes, a cependant toutes les difficultés du monde pour diffuser et distribuer par la suite ses produits. N’est-ce pas là un créneau dont il faudrait s’occuper si on veut promouvoir, à l’échelle nationale comme internationale, notre culture pour lui permettre d’aller à la rencontre d’autres cultures au lieu de rester confinée jusqu’à devenir une simple expression folklorique que toute culture pourra phagocyter ?

Par Hassan Gherab, latribune-online.com