Charnier, exécutions et attentats déchirent l’Irak

« Ces corps ont été enterrés dans un cimetière situé à 3 km à l’ouest de Soueïra, après que les services de police eurent pris des photos des victimes », a précisé un policier irakien. La zone où les corps auraient été découverts se situe à une trentaine de kilomètres de Madaïen où, en début de semaine, certaines informations avaient fait état d’une prise d’otages d’habitants chiites par des rebelles sunnites.

Depuis une dizaine de jours, une vague de violence s’est abattue sur tout le territoire irakien où attentats, exécutions, voitures piégées et rumeurs de massacres se succèdent. Ainsi, mercredi matin, selon le ministère de l’Intérieur, 19 soldats irakiens auraient été exécutés par balles par des rebelles dans la ville de Haditha, au cœur de la province sunnite d’al-Anbar (260 km au nord-ouest de la capitale). « Ces soldats faisaient partie d’un groupe de vingt militaires qui se rendaient en bus dans leur base quand ils ont été interceptés », a déclaré le ministère. « Ils ont été emmenés dans un stade où ils ont été exécutés » et seul un soldat a pu sauver sa vie. L’information a été confirmée par le porte-parole d’un hôpital voisin, dont un médecin aurait pu voir les corps. Le secteur est régulièrement le théâtre d’affrontements entre les insurgés, les forces de sécurité irakiennes et les troupes américaines.

Trois attentats à la voiture-piégée ont également secoué Bagdad mercredi, faisant au moins deux morts et une quinzaine de blessés. La veille, une première attaque suicide contre un centre de recrutement de l’armée avait tué au moins 6 Irakiens et blessé 44 personnes avant qu’une voiture piégée ne tue 2 soldats américains, blessant 7 civils, en plein Bagdad. Le groupe du Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, chef du réseau terroriste Al-Qaeda en Irak, a revendiqué l’attentat contre le centre de recrutement dans un communiqué qui lui est attribué sur un site Internet islamiste. Au total, pas moins de cinq attentats à la voiture piégée ont frappé la capitale irakienne en 24 heures tandis que 4 soldats irakiens et un camionneur turc étaient tués dans différentes attaques au nord de Bagdad.

Cette recrudescence de la violence intervient alors que les tractations pour former un gouvernement trainent en longueur en raison de désaccords persistants entre les candidats aux différents portefeuilles. Près de deux semaines après la nomination du chiite Ibrahim Jaafari pour former le gouvernement issu des élections du 30 janvier, les négociations bloqueraient aussi sur la prétention du Premier ministre sortant, Iyad Allaoui, à obtenir un grand ministère et à caser ses fidèles à d’autres postes ministériels.

Source : liberation.fr