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Anarchie en Ouzbékistan

vendredi 13 mai 2005, par nassim

Une dizaine de personnes sont mortes suite aux violents accrochages vendredi à Andijan, dans l’est de l’Ouzbékistan, entre les rebelles armés et les forces de sécurité.

Neuf morts suite aux graves accrochages à Andijan, ville de l’est de l’Ouzbékistan.

Neuf personnes au moins ont été tuées et 39 autres blessées lors d’accrochages vendredi à Andijan, dans l’est de l’Ouzbékistan, où des rebelles ont fait sortir des comparses de prison et pris le contrôle d’un bâtiment officiel en retenant dix policiers en otages. Quelque 2.000 manifestants se sont massés dans le centre-ville et aucune présence policière n’était visible dans les rues. Ces affrontements, les plus graves dans cette ex-république soviétique depuis des attentats perpétrés l’an dernier à Tachkent, la capitale, frappent une zone très peuplée, la vallée de la Ferghana, située tout près du Kirghizistan et comptant parmi les régions musulmanes les plus instables d’Asie centrale.

Des dizaines de soldats se sont déployés dans la ville à bord de jeeps et de camions, mais il restait difficile de savoir qui contrôlait vraiment les lieux. Plusieurs édifices étaient en flammes dans le centre d’Andijan et le principal bâtiment administratif était occupé par les rebelles. Ils retenaient en otages dix policiers aux mains liées à l’intérieur du bâtiment, dont le sol était jonché de morceaux de verre.

Le ministère des Affaires étrangères a démenti que des locaux officiels soient occupés. Il a fait état de neuf personnes tuées et de 39 autres blessées dans l’attaque d’un poste de police et d’une unité militaire par des « criminels armés », ajoutant que des négociations étaient en cours avec les rebelles.

Des tirs d’armes automatiques retentissaient par intermittence dans la ville, où des autobus et des camions barraient des rues desservant le centre.

A Tachkent, des gardes postés devant l’ambassade d’Israël ont abattu un homme qui se comportait de manière suspecte et qui ne s’était pas arrêté comme on le lui ordonnait, a annoncé le ministère israélien des Affaires étrangères. Radio Israël a parlé à son sujet d’une tentative d’attentat suicide et, selon des policiers cités sur le site internet israélien YNet, l’homme portait une ceinture d’explosifs. En juillet dernier, des kamikazes présumés avaient pris pour cibles les ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne en Ouzbékistan ainsi que les locaux du parquet général, tuant trois personnes. Ces actions coordonnées avaient eu lieu quatre jours après la comparution en justice de quinze partisans présumés du réseau Al Qaeda.

Pays agricole de 26 millions d’habitants, l’Ouzbékistan a été critiqué par des groupes de défense des droits de l’homme pour avoir emprisonné un grand nombre de musulmans. Les rebelles d’Andijan, dont certains s’étaient évadés de la prison où ils étaient détenus au cours d’un procès d’extrémistes religieux, ont exigé une médiation de la Russie pour éviter de nouvelles effusions de sang.

« On a atteint la limite. Nos parents ont commencé à disparaître », a déclaré à Reuters un dirigeant rebelle à l’intérieur du bâtiment administratif d’Andijan. Il n’a pas indiqué son identité mais a dit qu’on l’avait sorti de prison. « Nous avons trop souffert, les gens sont poussés au désespoir, cela doit cesser », a-t-il dit. Ce chef rebelle a réclamé un cessez-le-feu et la libération du théologien musulman Akram Iouldachev, en demandant au président russe Vladimir Poutine d’assumer une médiation.

Andijan avait été le théâtre, mardi et mercredi, de manifestations organisées par des centaines de personnes réclamant la remise en liberté de 23 musulmans accusés d’extrémisme religieux.

Le président ouzbek Islam Karimov, au pouvoir depuis l’époque soviétique, a justifié sa politique de fermeté par la volonté de combattre l’islam militant. Il est parti vendredi pour Andijan, rapportent des agences de presse russes.

Source : reuters.fr