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Allemagne : Le Bundestag ratifie la constitution européenne

jeudi 12 mai 2005, par nassim

Après l’Autriche qui a ratifié le traité, le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, a plébiscité le texte de la constitution européenne. Le 27, ce sera autour de la chambre haute, le Bundesrat, de le ratifier.

Mission réussie pour Gerhard Schröder qui a convaincu le Bundestag de ratifier la constitution européenne.

Par 569 voix pour sur 594 suffrages exprimés, les députés allemands ont offert au traité établissant une constitution pour l’Union européenne un score bien au-delà de la majorité requise des deux tiers. Vingt-trois députés ont rejeté ce texte, et deux se sont abstenus. La seconde et dernière étape de la ratification ne devrait pas se heurter à plus de difficultés le 27 mai devant le Bundesrat, dont les membres se prononceront 48 heures seulement avant le référendum indécis organisé en France et cinq jours avant la consultation également des électeurs néerlandais. Lors du débat préalable, le chancelier fédéral Gerhard Schröder a du reste évoqué en creux le référendum français, en soulignant l’importance de l’attelage franco-allemand pour faire avancer l’Europe.

"Sans la réconciliation franco-allemande, l’intégration européenne n’aurait jamais été possible", a rappelé le chef du gouvernement allemand, venu le 26 avril dernier à Paris pour prêter main forte à Jacques Chirac et aux partisans du "oui".

"L’Allemagne est fidèle à sa tradition pro-européenne. Ce ’oui’ allemand incitera à un ’oui’ français à la fin du mois", a espéré pour sa part Martin Schulz, chef (allemand) du groupe socialiste au Parlement européen. A ce jour, sept pays ont ratifié le traité appelé à entrer en vigueur le 1er novembre 2006. La Lituanie, la Hongrie, la Slovénie, l’Italie, la Grèce et la Slovaquie avaient opté pour la voie parlementaire. Seule l’Espagne l’a adopté par référendum.

"UN TEXTE DE COMPROMIS HISTORIQUE"

Dans son discours au Bundestag, Gerhard Schröder a admis que ce texte était imparfait mais, a-t-il ajouté, il est aussi historique. "Il faut s’obliger à un usage restreint, raisonnable du mot ’historique’. Mais la constitution de l’Union européenne sur laquelle il nous faut nous prononcer aujourd’hui mérite cette noble qualification", a-t-il dit.

"C’est une oeuvre humaine. Bien sûr, elle ne comble pas tous les espoirs et ne dissipe pas toutes les craintes. Le texte de la constitution est un compromis très bon et équitable", ajoutait-il. A la vingtaine de députés conservateurs, essentiellement issues des rangs de l’Union chrétienne sociale bavaroise (CSU), il a adressé une mise en garde contre les attitudes "mesquines" et les a invités à "prendre un peu de recul" pour mesurer sa signification soixante ans après la Deuxième Guerre mondiale.

D’après un sondage de l’institut Forsa publié mercredi, 50% des Allemands disent soutenir le traité constitutionnel, qui vise à faciliter le fonctionnement des institutions dans une Union élargie, contre 17% qui le rejetteraient s’il leur avait été soumis à référendum - consultation que ne permet pas la Loi fondamentale de la république fédérale.

Mais l’image de l’administration de Bruxelles se dégrade en Allemagne. Les médias abondent d’articles sur des emplois perdus par des Allemands au profit de travailleurs bon marché venus de l’Est. Le gouvernement de Gerhard Schröder multiplie lui les accrochages avec Bruxelles, se faisant l’écho d’une opinion mécontente des dernières mesures adoptées par l’UE. Et pour 53% des Allemands, l’élargissement du 1er mai 2004 n’a pas été un succès, contre seulement 38% qui pensent l’inverse, selon un sondage TNS Infratest publié cette semaine dans l’hebdomadaire Der Spiegel.

"Si nous supprimons les perspectives d’intégration européenne, alors les problèmes, les conflits et la barbarie nous menaceront", assurait récemment le ministre allemand des Affaires étrangères, Josckha Fischer, pour lequel l’éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990 en constitue une preuve évidente.

Source : reuters.fr