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Ali Benflis démissionne

mardi 20 avril 2004, par Hassiba

Ali Benflis ne s’est pas renié, hier, en remettant son mandat de secrétaire général du FLN au comité central (CC) du 7e congrès réuni en session extraordinaire au siège du parti à Alger.

Bien au contraire, il est resté fidèle à lui-même et a assumé pleinement son parcours de militant et de leader du parti depuis sa désignation à sa tête, le 20 septembre 2001, par ce même comité central devant lequel il a présenté, hier, le bilan de sa gestion.

Ali Benflis a indiqué que “c’est en militant” qu’il allait se retirer, “un militant fier d’avoir mené un combat juste, un militant serein car ayant sa conscience pour lui, un militant qui n’a pas accepté la soumission et le chantage (...)”. Soucieux, dit-il, de garantir au parti la stabilité et l’unité des rangs (...), “je décide en toute liberté et en toute conscience de remettre à l’autorité du comité central le mandat que vous m’avez confié le 20 septembre 2001”.

En prenant cette décision, ajoute-t-il, “j’espère contribuer à consacrer le principe de l’alternance au sein du parti en émettant le vœu qu’il puisse continuer son parcours historique sur la voie de la démocratie et du progrès”. Les membres applaudissent. “Je tiens, en ces circonstances particulières, à exprimer ma profonde reconnaissance à notre base militante, à vous tous qui avez prouvé que dans l’Algérie d’aujourd’hui, des femmes et des hommes sont prêts à se battre et à sacrifier leurs intérêts égoïstes pour faire triompher des principes, des convictions et des idéaux”, déclare-t-il en soulignant que “c’est cet engagement que je garderai gravé pour toujours dans mon esprit et qui ajoute à ma détermination à ne pas me dérober à mon devoir de militant”.
Un devoir qui, dit-il, lui dicte son attachement et son dévouement “jamais démentis” pour le pays et les “valeurs patriotiques et démocratiques”. Faisant le bilan de sa gestion au parti depuis septembre 2001, Ali Benflis a rappelé la double victoire du FLN aux élections locales et législatives. C’est dans cette même dynamique que s’est tenu le 8e congrès du FLN qui “nous a permis de nous consacrer ensemble à l’autonomie de décision du parti qui constitue une aspiration profonde de la base militante”, dira-t-il.

Ali Benflis croit dur comme fer que l’Histoire lui donnera raison d’avoir œuvré pour l’autonomie du FLN de toute tutelle ou chapelle politique. “Quand les passions s’apaiseront, l’Histoire retiendra l’apport qui a été celui de cette décision (...) qui visait à doter le FLN de tous les attributs d’un parti politique libre de toute tutelle.”
L’ex-Chef du gouvernement relève que sa démarche rénovatrice a “contrarié certains desseins”. “Le parti a, depuis lors, fait l’objet d’une vaste campagne de déstabilisation qui a eu recours à tous les moyens et à tous les procédés”, note-t-il avant d’arguer que “nos militants garderont en mémoire l’épisode de la justice de la nuit (...) ; nos militants se souviendront des attaques contre les locaux, du gel des avoirs, des intimidations et des pressions”. Et d’ajouter avec amertume : “triste sort pour le parti qui a libéré le pays !”. Évoquant l’élection présidentielle du 8 avril dernier, une compétition “à laquelle ont finalement manqué les conditions nécessaires à l’expression libre et souveraine de la volonté populaire”, Benflis dira qu’il assume “la responsabilité de ce constat”, mais n’en demande pas tant aux autres.
Car, dit-il, “je sais que faire partager un tel constat aujourd’hui peut occasionner à certains de la gêne”.

“Je me dois, par fidélité à mes convictions, de dire ma part de vérité, laissant à l’Histoire le soin d’apporter, en dernier ressort, son témoignage sur cette question”, a-t-il conclu.

Par Nadia Mellal, Liberté