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Ali Benflis à propos du président-candidat Bouteflika

lundi 29 mars 2004, par Hassiba

Aussi bien à Tébessa, à Souk-Ahras qu’à El-Tarf, où il a animé hier des meetings électoraux, Ali Benflis n’a pas manqué de marteler le désaveu des Algériens au candidat Bouteflika.

Lui qui a laissé en suspens les problèmes de la population tout au long des cinq années de son mandat : “Celui (Bouteflika) qui a eu tous les moyens de l’État à sa disposition, de nombreux soutiens politiques, un peuple patient (jusqu’à un certain point) et qui a eu la chance de diriger le pays mais n’a pas saisi cette chance en laissant l’Algérie et les Algériens dans la désolation, la pauvreté, la misère et la chômage et qui vient aujourd’hui nous dire qu’il veut encore rester président, fait de faux calculs”, dira Benflis sous un tonnerre d’applaudissements au complexe sportif Larbi-Tébessi de Tébessa dans une salle archicomble.

Accusant Abdelaziz Bouteflika d’avoir ruiné l’Algérie par la dilapidation et le détournement de l’argent public, le secrétaire général du FLN révélera que pour les besoins de sa campagne électorale, le Président-candidat “a volé l’argent de la Sonatrach et l’a mis dans des 404 bâchées pour payer les gens qui le soutiennent”.

Le président Bouteflika qui veut “rester indéfiniment président” a pour projet pour l’Algérie “un régime dictatorial qui ne reconnaît aucune souveraineté ni légitimité au peuple”, expliquera le patron du FLN. Considérant que le Président-candidat a une vision uniciste des choses, en ce sens qu’il est “le seul à tout savoir et qu’il est tout à la fois : le Président, le gouvernement, le Parlement, le juge, le ministre, la télévision”, l’orateur martèlera devant une assistance toute acquise à son discours scandant “Benflis président” que Bouteflika est “un stalinien et un fasciste qui a une conception archaïque du monde”.

Au moment où la tendance mondiale est partout orientée vers “la liberté, la souveraineté populaire, la modernité, les droits de l’Homme, la démocratie, la libre expression du peuple, que ce soit en Géorgie, en France, en Allemagne, aux USA où en Italie, le Président-candidat, emprisonné dans les années soixante-dix, veut nous entraîner en arrière”, regrettera fortement le candidat du FLN. Sur ce même registre, l’orateur relèvera que Bouteflika est un homme “haineux qui a la haine du FLN et du peuple”.

En parlant du FLN, il en veut pour preuve le mépris présidentiel à son encontre, ses tentatives de casse de ce parti parce qu’il a refusé “de devenir son comité de soutien” expliquera Benflis avant de citer l’exemple de la Kabylie comme preuve de la “haine” de Bouteflika aux Algériens. “Lorsque le Président-candidat est parti en Kabylie, il a dit aux Kabyles vous êtes des nains”, lancera Benflis sur un ton de désolation avant de marteler : “Ya lil âar (quelle honte) ! Tu (Bouteflika) est là pour servir les citoyens ou bien pour les insulter ?”.

Et d’affirmer sur un ton ferme : “Moi, je respecte profondément l’ensemble des citoyens de mon pays d’est en ouest, du nord au sud, car je suis issu des profondeurs même de ce peuple.” À Souk-Ahras et à El-Tarf où Ali Benflis a été accueilli triomphalement et présenté par ses soutiens comme le prochain président de la République, il a interrogé son public sur ce qui empêche l’Algérie de devenir un pays comme les pays développés à l’image de la France, l’Italie, l’Espagne et de l’Allemagne. De son avis, ce qui manque à l’Algérie c’est “d’avoir un bon président”.

Comment ? “L’Algérie, expliquera-t-il, ne sortira de la crise et de la tourmente que si elle se dote d’un Président véritablement élu par la population et de laquelle il tirera la légitimité”. Ce qui ne peut avoir lieu qu’avec une élection libre, transparente et crédible, précise-t-il tout en soulignant que “cela déplaît au Président-candidat qui veut frauder et bourrer les urnes pour être réélu et gouverner le peuple algérien de force”. Sur ce registre, il expliquera que lors d’un de ses meetings, en exhortant les responsables au niveau de l’administration à ne pas céder aux pressions de “ceux qui ont l’habitude de détourner la volonté populaire, un responsable qui se trouve être un spécialiste de la fraude leur a dit que celui qui bouge on va lui envoyer la police”. “Mais qui est la police ?”, interroge Benflis avant de marteler sur un ton ferme : “La police ce sont nos enfants, nos filles, nos garcons et nos proches.

Ils souffrent comme nous de la hogra, même eux en ont marre des pressions et veulent tout aussi que nous le changement vers la démocratie et la liberté.” Pour Ali Benflis, “les policiers méritent d’être respectés, d’avoir pleinement leur droits, d’habiter dans des logements décents et d’avoir un syndicat pour défendre leurs intérêts”. Sur sa lancée, le patron du FLN exhortera les policiers, les gendarmes, les agents de sécurité à “ne pas céder aux pressions et à ne pas permettre la fraude électorale”.

“Vous êtes des enfants du peuple, respectez les voix des citoyens, n’aidez pas les fraudeurs”. Benflis qui aura écho du désir du changement auprès de ses publics demandera aux citoyens de l’aider à opérer ce changement “en votant massivement le 8 avril pour le changement et en surveillant les urnes.

Nadia Mellal, Liberté